- Michel-Pierre Bourguignon d'Herbigny
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Michel d'Herbigny
Michel d'Herbigny (son nom complet étant Michel-Joseph Bourguignon d'Herbigny, né le 8 mai 1880 à Lille (France), et décédé le 24 décembre 1957 à Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône (France), est un jésuite français, théologien orientaliste et évêque catholique, missionnaire clandestin en Russie. Durant une dizaine d'années (1922-1932) il fut le conseiller principal du Saint-Siège pour les affaires russes.
Sommaire
Formation et début de carrière
Issu d'une large et prospère famille catholique, d'Herbigny fait ses études au collège jésuite de Lille. Il entre dans la Compagnie de Jésus le 4 octobre 1897 et après y avoir suivi le curriculum traditionnel de formation, il est ordonné prêtre le 7 août 1910 à Enghien (Belgique). A la fin de ses études de théologie il défend une thèse sur Un Newman russe: Vladimir Soloviev (1853-1900) qui est fort remarquée et est immédiatement publiée (1911). D’Herbigny fait connaître au monde catholique un grand philosophe russe jusqu’alors inconnu en Occident. L'Académie française lui décerne un prix. Ce livre détermine sa carrière au service des églises orientales.
Enseignement
Professeur à Enghien
D’Herbigny commence sa carrière comme professeur au théologat des jésuites français à Enghien en Belgique. Son traité De Ecclesia publié en 1920 ouvre une perspective œcuménique fort neuve à l’époque. Il reste à Enghien une dizaine d’années (1912-1921). Ce qui le ne l’empêche pas de se rendre en Europe de l’Est, et surtout Russie, durant l’été. Les impressions qu’il en ramène - pauvreté matérielle et incompétence du clergé - le pousse à tenter l’organisation d’un séminaire catholique russe à Enghien même. Quelques étudiants viennent de Russie (1912). Mais la première guerre mondiale fait échouer du projet - les russes sont expulsés de Belgique pas les forces allemandes d’occupation.
Recteur à Rome
En 1922, d’Herbigny est appelé à Rome pour y enseigner à l’université pontificale grégorienne. Lorsque l’institut pontifical oriental fondé en 1917 est officiellement confié par Pie XI à la Compagnie de Jésus (14 septembre 1922), d’Herbigny en est nommé le recteur. Il donne à cet institut qui avait de la peine à démarrer une impulsion considérable. Il lui donne une identité propre le détachant de la Grégorienne et du Biblique, et inaugurant l’importante revue d’études savantes, les Orientalia Christiana. En décembre 1924 il est conseiller à la Congrégation pour les Églises orientales, bien qu’il ait été assez critique sur la manière dont les affaires russes y étaient traitées. Il est également un très actif membre de la commission Pro Russia de Pie XI.
Evêque clandestin en Russie
D'Herbigny devient l'homme de confiance du pape Pie XI pour les questions orientales, et en particulier tout ce qui concerne la Russie. Son influence est grande, au point qu’il parvient à convaincre le pape du bien fondé de son plan pour sauver une Eglise catholique décapitée par la révolution Russe: y rétablir une hiérarchie catholique (clandestine) et former les futures prêtres russes en Occident. D'Herbigny va jouer un rôle personnel dans la rétablissement de la hiérarchie ecclésiastique. Le 29 mars 1926, il reçoit en secret la consécration épiscopale[1] à la nonciature à Berlin des mains du nonce, Mgr Eugenio Pacelli (futur pape Pie XII). Il se rend alors en URSS et y consacre clandestinement 4 évêques et administrateurs apostoliques[2]. La mission finit en désastre : tous les nouveaux évêques sont arrêtés. Il semble bien que l’affaire ait été éventée et que d’Herbigny ait été suivi par des agents soviétiques durant son voyage. Pour un temps d’Herbigny garde la confiance de Pie XI comme président de la commission pro Russia qu’il parvient à rendre indépendante de la Congrégation Orientale. Visiter la Russie n’étant plus possible il se tourne vers les autres églises orientales et visite les patriarcats du Proche-Orient (1927).
Disgrâce et éloignement de Rome
- En 1928, l’Institut pontifical Russe (le ‘Russicum’), est fondé par Pie XI. d’Herbigny y est pour quelque chose ; c’est son rêve de 1911 réalisé à Rome même. Mais les temps ont changé. D’Herbigny commet également des imprudences, et ses mésaventures en Russie commencent à être connues. Il démissionne en 1931 de l'Institut oriental, se rend en Belgique en 1933, officiellement pour des raisons de santé, mais il ne reviendra plus à Rome. En 1934 il quitte la commission Pro Russia probablement en conséquence de l'échec de la tentative de reconstitution d'une hiérarchie catholique en URSS.
- Jusqu’en 1937 d’Herbigny continue à voyager de par le monde, donnant de nombreuses conférences au ton très anti-communiste. En 1937 il est réduit au silence, sous interdit strict de parler et communiquer sinon avec ses confrères jésuites et sa famille. Renonçant - sur ordre - aux insignes de sa dignité épiscopale, il se retire ensuite à Mons (Gers) où il vivra encore une vingtaine d’années en simple religieux. Il meurt le 24 décembre 1957 à Aix-en-Provence où il est inhumé.
Œuvres principales
- Un Newsman russe: Vladimir Soloviev, Paris, 1911.
- L'anglicanisme et l'orthodoxie gréco-slave, Paris, 1922.
- La tyrannie soviétique et le malheur russe, Paris, 1923.
- Pâques 1926 en Russie, Paris, 1926.
Notes et références
- ↑ afin d'avoir lui-même la possibilité de consacrer des évêques
- ↑ Pie Eugène Joseph Neveu le 21 avril, Boleslas Sloskans et Aleksander Frison le 10 mai, Antonio Malecki le 13 août 1926.
Articles connexes
Sources
- Paul Lesourd - Entre Rome Et Moscou - Le Jésuite Clandestin Mgr. Michel D'herbigny - Ed. Lethielleux - 1976 ISBN 978-2249601071
Bibliographie
- Hansjakob Stehle - Eastern Politics of the Vatican - Ohio University Press - 1981
- Christopher Lawrence Zugger - The Forgotten: Catholics of the Soviet Empire from Lenin Through Stalin - Syracuse University Press - 2001
Liens externes
- [1] Fiche de Mgr d'Herbigny sur www.catholic-hierarchy.org
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