- Maître d'apprentissage
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Tutorat
Le tutorat est une relation formative entre un apprenant, le tuteur, et une personne (ou un petit groupe de personnes) en apprentissage. Il se distingue de l'enseignement classique impliquant professeurs et élèves par une formation individualisée et flexible. Le tuteur n'a pas forcément toutes les connaissances que doit maîtriser l'apprenant au terme de sa formation car son rôle n'est pas d'apporter des éléments de réponses aux problèmes posés mais de guider l'apprentissage.
Le tutorat s'applique dans des contextes différents dans lesquels le tuteur peut avoir différents statuts. Un tuteur en entreprise aura généralement un statut juridique soumis à une règlementation stricte (qui variera selon les pays) alors que le rôle de tuteur en école pourra être pris par n'importe quel enseignant ou même étudiant.
Dans le contexte des études, on peut définir le tutorat comme une forme d'aide individualisée qui vise à apporter en dehors du contexte de la classe, une aide personnalisée aux études. Outre cette définition large, il peut prendre de nombreux aspects, notamment selon
- qu'il s’adresse à un étudiant seul ou à un groupe d’étudiants
- que le tuteur est un professeur, ou un autre étudiant (dans ce deuxième cas, on parle de "tutorat par les pairs").
- de nombreuses variantes sont possibles, selon la nature du dispositif (temporalité, choix ou imposition du tuteur, nature de l'activité), la formation donnée aux tuteurs, les apprentissages visés (matières académiques, mais aussi amélioration de l'intégration dans l'institution ou développement personnel). Plutôt que de tutorat, on parle alors de coaching pédagogique
Sommaire
Approche historique du tutorat
Les pères du tutorat
- Si l’idée fondamentale du tutorat est présente dès l’antiquité avec Socrate et l’orientation de la pensée à travers des questions qui l’amènent à réfléchir, on doit surtout la notion de tutorat à Coménius. Celui-ci considérait l’éducation comme indissociable de la vie en société. Dans son œuvre « Grande Didactique », il traite du besoin pour l’élève d’enseigner à d’autres. Il y présente un modèle d’éducation où le maître est épaulé dans sa tâche par les meilleurs de ses élèves, lesquels répètent ses dires et apportent leur soutien aux autres enfants. Ce procédé permet non seulement de pallier les problèmes d’effectifs, les élèves étant relativement nombreux, mais aussi d’impliquer ces derniers, qui participent dès lors à leur propre éducation, ainsi que d’éviter la mise à l’écart des élèves en difficulté. Pour Coménius, la compréhension passe par la pratique. Il considère en effet que le système classique d’enseignement est insuffisant, et que seule la mise en application permet à l’enfant de passer du statut d’élève à celui de maître.
- C’est en 1798 que Pestalozzi projette en Suisse la construction de l’école de Stans, une école destinée à des orphelins de guerre et des enfants défavorisés. C’est pour faire face à un manque en matériel et de personnel encadrant qu’il y appliquera le modèle d’éducation qu’il développait dans son œuvre Léonard et Gertrude (publiée en trois parties de 1781 à 1787). Ce modèle, inspiré des idées de Coménius, repose sur un système d’entraide entre les élèves, sous forme de monitorat.
Le tutorat en France sous l'Ancien Régime
C’est sous l’Ancien Régime que l’on voit en France le tutorat être mis en pratique. On l’applique en effet dans les écoles accueillant des enfants défavorisés tant pour pallier des problèmes économiques que par pédagogie. On peut citer en particulier les Ecoles de Charité de Démia, l’Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes, fondé par Jean-Baptiste de La Salle, ou encore la Maison royale des Filles de Saint-Louis, fondée par Madame de Maintenon en 1686. Le rôle du tutorat y est primordial :
- Au niveau économique, il permet de réduire les frais relatifs au fonctionnement de l’école.
- Au niveau du personnel, il permet de :
- pallier le problème du manque de personnel
- répondre au manque d’enseignants qualifiés
- Au niveau de la scolarisation, il permet à des enfants défavorisés de recevoir une éducation à moindre coût.
- Au niveau pédagogique, il permet de :
- renforcer la discipline
- impliquer davantage les élèves dans leurs études
- valoriser l’apprentissage du fait du rôle actif de l’élève
- favoriser le mimétisme en faisant des meilleurs élèves des modèles pour les autres
Le tutorat à travers le monde
Le tutorat interculturel
Durant les années cinquante et soixante, les États-Unis sont confrontés à une immigration massive, composée principalement de Mexicains et de Portoricains. Ces populations forment alors des minorités ethniques. Parallèlement, une autre minorité ethnique, la population noire d’Amérique est enfin prise en considération et des politiques de déségrégation sont mises en place.
L’Europe aussi connaît à partir de ces années une forte immigration liée au développement économique caractéristique de cette période. Plusieurs pays d’Europe de l’Ouest accueillent des populations venant des pays méditerranéens sous-développés. Les enfants de ces populations sont amenés tout naturellement à être scolarisés dans leur pays d’accueil mais cela pose certains problèmes. D’abord, ils ne sont pas forcément bien acceptés. Ensuite, ils doivent apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture et une scolarité différentes de la leur. Ces enfants rencontrent souvent des difficultés.
Aux États-Unis comme en Europe, les enfants rencontrent les mêmes problèmes d’intégration d’autant plus que les professeurs ne savent souvent pas comment gérer ce genre de situation. C’est dans ce contexte qu’apparaît le tutorat interculturel. L’idée consiste à mettre ensemble des élèves de cultures différentes (culture d’accueil et culture étrangère ou deux cultures étrangères avec deux niveaux d’intégration) les uns (les tuteurs) chargés d’apporter aux autres (les tutorés) ce dont ils ont besoin.
Ainsi, plusieurs projets et initiatives font leur apparition. Des enfants noirs de Manhattan reçoivent des tuteurs étudiants de junior high school chargés de les aider dans leurs apprentissages, trois domaines étant concernés : les mathématiques, le vocabulaire et l’orthographe. Les enfants noirs de Boston bénéficient de cours en espagnol par des Portoricains et inversement, les enfants portoricains reçoivent des cours d’anglais. Les indiens Navajos reçoivent des cours d’anglais par des condisciples anglophones. En Grande-Bretagne, de jeunes ressortissants du Penjab sont initiés à l’anglais par des autochtones de l’agglomération londonienne. Toutes ces initiatives ont pour ambition de favoriser l’intégration des minorités ethniques et ainsi, de prévenir des crises sociales interethniques. Les tuteurs, ayant une plus grande marge de manœuvre que les enseignants (soumis à des règles et normes précises), sont mieux placés pour parvenir à ces fins.
Les fonctions du tuteur en Apprentissage par problèmes
En apprentissage par problèmes lors du travail en groupe, on peut résumer les fonctions du tuteur par l'acronyme mnémotechnique C.Q.F.D : Conduire, Questionner, Faciliter, Diagnostiquer[1] :
- Conduire : l'exploitation de la situation-problème suppose que le groupe passe par diverses étapes (1/ organiser le groupe et répartir les rôles 2/ prendre connaissance du document fourni 3/ comprendre et clarifier le problème 4/ Etablir une liste de questions à résoudre pour traiter le problème 5/ Préciser les objectifs d'apprentissage 6/ Etablir un plan d'action, avec un "qui fait quoi"). Le tuteur intervient pour valider que chaque étape est validée avant le passer à la suivante. Il rappelle les objectifs finaux.
- Questionner : le tuteur ne doit pas résoudre le problème à la place des étudiants. Poser des questions constitue son principal outil pour : 1/ connaitre le niveau de compréhension des étudiants, 2/ mettre en évidence les points de désaccord 3/ clarifier les points de blocage 4/ pousser à aller plus loin.
- Faciliter : interventions - verbales et non verbales - visant à créer un climat de travail positif dans les groupes : faire circuler la parole, encourager l'animateur dans son rôle, donner un feedback positif quand le groupe fonctionne bien.
- Diagnostiquer : observer avant d'intervenir sur les trois registres précédents pour comprendre la dynamique de groupe et les difficultés en cours et ajuster ensuite au mieux ses interventions.
Le Tutorat dans les études médicales et pharmaceutiques
Pour réaliser des études médicales, que ce soit des études de médecine, de chirurgie-dentaire, de sage-femme ou encore de kinésithérapie ou d'ergothérapie dans certaines villes, il est nécessaire de passer par la première année de médecine. Cette première année de médecine ou PCEM1 est conclue par un concours très sélectif. C'est seulement grâce à un classement en rang utile à cette épreuve que l'étudiant peut continuer d'étudier dans la voie qu'il aura choisit. Il en va de même pour les études de pharmacie.
Dans certaines villes[2], les étudiants des années supérieures organisent des tutorats pour venir en aide aux étudiants de première année dans la préparation de ces concours.
Formation à distance et tuteurs
Le Tutorat à distance se développe dans les dispositifs de FOAD prenant en compte les spécificités de ces environnements pédagogiques.
Notes et références
- ↑ Smidts, D., Braibant, J-M., Wouters, P., de Theux, M-N. Un outil audiovisuel pour former les tuteurs en pédagogie active. in Actes du 2ième colloque ENSIETA et ENST Bretagne, Brest, juin 2003
- ↑ Forum du Tutorat de la faculté de médecine de Bordeaux 2
- Alain Baudrit, Tutorat : richesses d'une méthode pédagogique, édition De Boeck, 2002
- Gérard Barnier, Tutorat dans l'enseignement et la formation, édition l'Harmattan, 2001
- Alain Avanthey Tuteurs en Entreprises, éditions "Le Manuscrit" 2007
- Marcel Lebrun Théories et méthodes pédagogiques pour enseigner et apprendre, Editions De Boeck, 2002
Voir aussi
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