Maurice Lachâtre

Maurice Lachâtre
Maurice Lachâtre

Maurice Lachâtre est le nom de plume de Maurice de la Châtre, éditeur français, né le 14 octobre 1814 à Issoudun, commune de l'Indre, et mort le 9 mars 1900 à Paris.

Sommaire

Biographie

Fils du colonel Pierre Denis, baron de La Châtre, le jeune Maurice est élève au prytanée de La Flèche, puis à Saint-Cyr.

Vers l'âge de 20 ans, Lachâtre rejoint les rangs des saint-simoniens et décide alors de gagner l'Orient. Mais il doit s'arrêter dans le Var, en 1835. Il s'établit au Muy et travaille chez un menuisier, en même temps qu'il se livre à de la propagande saint-simonienne. Pour cette raison, il est arrêté par la police, non sans difficulté, et, le 11 avril 1835, le tribunal de Draguignan le condamne pour ouverture d'une école sans autorisation. Il travaille ensuite pour le libraire Robert Arnault.

Les débuts d'éditeur

Maurice Lachâtre s’installe professionnellement à Paris en 1839. Il mène tout d’abord deux activités : une activité de banquier — il fonde une banque des échanges — et une activité d'éditeur. Il y commence sa carrière en publiant les Crimes célèbres d’Alexandre Dumas. Il édite durant cette période, en 1840, Fourier et son système de Zoé de Gamond, et, en 1841, Organisation du travail de Louis Blanc (3e éd.), et les Fragments historiques de Louis-Napoléon Bonaparte. Durant la période 1841-1843, il est proche de Louis-Napoléon Bonaparte qui lui confie l’Analyse de la question des sucres.

Durant ces débuts d’éditeur, il rédige une Histoire des Papes, Mystères d'iniquités de la cour de Rome, qui paraît en dix tomes illustrés en 1842 et 1843 et qui va connaître plusieurs rééditions et traductions.

En 1846, Lachâtre acquiert le château d'Arbanats, en Gironde.

En 1848, il semble avoir joué un rôle actif à Paris. Il est délégué au Comité électoral démocratique, aux côtés de ses amis Louis Blanc et Félix Pyat.

En novembre 1849, l’éditeur met en vente les premières livraisons des Mystères du peuple d’Eugène Sue, utilisant pour ce faire un système de fidélisation par primes (la publication, interrompue à plusieurs reprises, va durer jusqu’en 1857). Il dirige le Dictionnaire universel, Panthéon historique, littéraire et encyclopédie illustrée de 1852 à 1856, et dont les deux forts volumes (tome 1[1], 1865, et tome 2[2], 1870), condensent la pensée progressiste du temps : fouriérisme, saint-simonisme, spiritisme, socialisme, homéopathie, réforme de l’orthographe, etc., y ont largement droit de cité.

À cette époque, Maurice Lachâtre est proche de Proudhon. En 1852, il divise son domaine d’Arbanats qui sert de point de départ d’une « commune-modèle », qui va regrouper une banque communale, une caisse mutuelle, deux écoles, un dispensaire.

De 1855 à 1857, il fait paraître une réduction de son dictionnaire, sous le titre de Dictionnaire français illustré.

Démêlés judiciaires

En 1857, 60 000 exemplaires des Mystères du peuple sont saisis chez l’éditeur. Le tribunal condamne Lachâtre à un an de prison, 6 000 francs d’amende et deux ans de contrainte par corps ; il ordonne la destruction des clichés, la saisie et la destruction de l’ouvrage. Le 14 juillet de l’année suivante, Lachâtre est à nouveau condamné comme auteur du Dictionnaire universel à 6 000 francs d’amende et cinq ans de prison. Tandis que l’ouvrage est saisi et détruit, il doit se réfugier à Barcelone. Une nouvelle condamnation le frappe, en 1859, pour le Dictionnaire français illustré.

En novembre 1864, Lachâtre revient à Paris, il collabore d'abord avec la Librairie internationale puis fonde les Docks de la librairie, où les livres et les journaux côtoient les articles de bijouterie et d’horlogerie. Dès mai 1865, il commence à faire paraître les livraisons de son Nouveau Dictionnaire universel. Allan Kardec, un de ses collaborateurs, lui fait de la publicité dans le milieu des spirites. Il développe son système de vente à domicile et d’abonnements en un réseau national avec correspondants à l’étranger. En décembre 1867, il s’associe au Figaro, puis commence à publier la Nouvelle Encyclopédie nationale, et prépare une version illustrée de l'Histoire de la Révolution française de Louis Blanc.

L'exil

Pendant le siège de 1870-1871, il collabore au journal Le Combat, fondé par Félix Pyat, puis au Vengeur. Après la chute de la Commune, il s’installe à Saint-Sébastien (Espagne) et commence l’édition de la traduction française du Capital de Karl Marx. Il se rend en Belgique, d'où il est expulsé et gagne alors la Suisse où il continue la publication du Manuel des confesseurs, ce qui lui vaut d’être condamné par contumace à Liège.

Retour à Paris

Gracié le 17 mai 1879, il revient à Paris, et publie en 1880 son Histoire de l'Inquisition, Capital et travail de Ferdinand Lassalle et 1848 de Victor Marouck. L’année suivante, il réédite son Nouveau Dictionnaire universel, précédé d’une lettre de Léon Cladel. Puis, il commence à collaborer avec Hector France, qui rédigera Les Mystères du monde, suite prévue par Eugène Sue aux Mystères du peuple.

Lachâtre se rapproche des anarchistes vers la fin de sa vie. Son tournant se concrétise par la publication, de 1894 à 1898, des trois tomes de son Dictionnaire-journal.

André Girard fut le secrétaire de rédaction du Dictionnaire La Châtre (1898-1907), ouvrage essentiellement posthume, puisque Maurice Lachâtre meurt en 1900.

Sources

Sur les autres projets Wikimedia :

  • François Gaudin, Maurice Lachâtre (1814-1900), portrait d'un éditeur et lexicographe socialiste, thèse de doctorat, 2 vol., 2004
  • François Gaudin (dir.), Le Monde perdu de Maurice Lachâtre (1814-1900), Paris, éd. Honoré Champion, 2006, 288 p.
  • Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, éditions de l'Atelier, cédérom

Notes et références

  1. Tome premier sur Gallica, site de la BNF.
  2. Tome second sur Gallica, site de la BNF.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Maurice Lachâtre de Wikipédia en français (auteurs)

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