- Zoé de Gamond
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Zoé Charlotte de Gamond, née à Bruxelles le 11 février 1806 et décédée le 28 février 1854, est une éducatrice et féministe belge qui a écrit sous le pseudonyme de Marie de G***.
Sommaire
Biographie
Zoé de Gamond est née dans une famille libérale aisée. Son père, Pierre-Joseph de Gamond, a été gouverneur de la province d'Anvers à l'époque du Royaume-Uni des Pays-Bas. Sa mère, Isabelle-Angélique de Lados, était d'origine noble et a tenu des salons politiques et philosophiques dans les années 1820 auxquels Zoé participe et qui l'amenèrent à avoir une vie active en politique, surtout après les événements révolutionnaires de 1830. Elle a été avocate et professeure à partir de 1830 dans le Royaume de Belgique.
Zoé est à l'origine partisane de Saint-Simon. John Bartier la décrit, ainsi que sa sœur Élise, comme « deux saint-simoniennes prêtresses » répandant la doctrine « avec zèle et succès »[1]. Cependant les théories d'émancipation sexuelle prônées par les saint-simoniens leur paraissent bien trop audacieuses, elles s'en détournent.
« Si les Saint-Simoniens ou plutôt les Enfantinistes ont abordé pleinement le sujet de la condition actuelle des femmes et se sont montrés justes et solides dans la partie critique de leurs théories, ils se sont montrés inhabiles et grossiers dans la partie créatrice et affirmative. Leurs principes n'ont abouti qu'à faire monter la rougeur au front des femmes, et à leur faire souhaiter que l'on ne s'occupât point de leur sort plutôt que de s'en occuper pour un tel scandale. »
— Marie de G*** (pour Zoé de Gamond), De la condition sociale des femmes au XIXe siècle[2]
Zoé de Gamond se rallie alors aux idées de l'utopiste socialiste Charles Fourier, auteur d'une doctrine utopique basée sur l'égalité des personnes. Au début des années 1830, elle soutient activement des exilés politiques italiens et polonais. Elle publie de nombreux articles dans le Recueil encyclopédique belge, dans la revue de littérature italienne L'Exilé ou encore dans L'Artiste, essentiellement comme critique artistique et littéraire. C'est à cette époque qu'elle rencontre le nationaliste polonais Jan Czyński avec qui elle entretiendra une tumultueuse et longue amitié. Elle a également écrit sur le féminisme au milieu des années 1830. Elle épouse le 18 mai 1835 l'artiste italien Jean-Baptiste Gatti (1800-1877).
À la fin des années 1830, le couple quitte Bruxelles pour Paris, elle écrit Fourier et son système, un ouvrage sur la philosophie de Fourier qui sera réédité cinq fois et aussi traduit en anglais. Elle retrouve Czyński à Paris avec qui elle écrit un roman consacré à l'émancipation rurale, Le Roi des paysans (Paris, 1838). Elle édite, toujours avec Czyński, la revue Le Nouveau Monde de 1839 à 1840.
Avec le soutien d'un riche fouriériste anglais, Arthur Young, elle achète en septembre 1841 un monastère en Bourgogne à Saint-Nicolas-lès-Cîteaux, l'abbaye de Cîteaux afin d'y établir un phalanstère qui fonctionnera jusqu'en 1846 et qui se révèlera être un désastre financier. Le phalanstère était conçu afin d'accueillir 600 personnes mais, au début de 1843, il n’en abritait tout au plus que 167.
Le couple de Gamond retourne à Bruxelles et y mène une vie de pauvreté relative.
Grâce à l'appui de Charles Rogier, Zoé de Gamond est nommée inspectrice des écoles maternelles, primaires et normales. C'est la première fois qu'une femme occupe ce poste. Elle a publié plusieurs manuels d'enseignement, ainsi qu'un ouvrage au sujet des asiles d'aliénés.
Elle est la mère de trois filles dont Isabelle Gatti de Gamond, avec qui elle a souvent été confondue.
Zoé de Gamond meurt en 1854, à l'âge de 48 ans, dans un relatif anonymat.
Bibliographie
Œuvres de Zoé de Gamond
- Fourier et son système, Paris : [s.n.], 1840
- Réalisation d'une commune sociétaire d'après la théorie de Charles Fourier, Paris : Capelle, 1840
- Le monde invisible, Bruxelles : [s.n.], 1846
- Paupérisme et association, Bruxelles : Méline, Cans et Co, 1846
- Manuel des salles d'asile et des écoles primaires, avec un questionnaire, d'après la méthode de Pestalozzi, Bruxelles : Deprez-Parent, 1851
Références
- Saint-Simoniens, Bruxelles, PAC, 1985, p.29 Naissance du socialisme en Belgique, les
- Revue Encyclopédique, décembre 1832, p.599
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