- Maurice Grimaud
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Maurice Grimaud, né le 11 novembre 1913 à Annonay (Ardèche) et mort à Paris le 16 juillet 2009, était un haut fonctionnaire français. Il fut notamment préfet de Police de Paris lors des événements de Mai 68.
Sommaire
Une carrière préfectorale
Maurice Grimaud est le petit-fils d'Antoine Grimaud, maire d'Annonay de 1904 à 1919. Il commence des études littéraires, obtient une licence de lettres, apprécie Gide, Proust, Giraudoux et Valéry, passe un été chez son ami Roger Martin du Gard[1]. Mais après son échec au concours d'entrée de l'École normale supérieure (qu'il regrettera toute sa vie)[2],[3], il intègre la fonction publique comme attaché à la résidence générale du Maroc, de 1936 à 1943, d'abord comme précepteur du fils du résident général de France, Charles Noguès, puis à partir de 1938 comme conseiller diplomatique[4]. Il travaille ensuite au commissariat à l´Intérieur à Alger, de 1943 à 1944, auprès du Gouvernement de Gaulle-Giraud. Entre 1935 et 1936, il milite au sein d'une petite formation de la gauche pacifiste, le Parti frontiste[5].
Il est ensuite directeur de cabinet de l´administrateur général français à Baden-Baden en Allemagne, de 1945 à 1947, conseiller de l´Organisation internationale des Réfugiés (OIR) à Genève, en 1948 et 1949, délégué général pour la France, en 1950 et 1951, et directeur de l´Information à la résidence générale de France au Maroc, de 1951 à 1954.
Revenu en France, il devient en janvier 1954 conseiller technique au cabinet de François Mitterrand, alors ministre de l´Intérieur. Quelques mois[4] plus tard il est nommé préfet des Landes, puis en 1957 préfet de la Savoie où il a un rôle prépondérant dans les cérémonies du Centenaire du Rattachement de la Savoie à la France, la création des premières intercommunalités et le développement de Courchevel. Il est ensuite nommé préfet de la Loire en 1961. Maurice Grimaud est ensuite nommé, en 1963, directeur général de la Sûreté nationale (alors qu'éclate l'affaire Ben Barka, qui cependant n'implique pas la police).
Préfet de police à Paris en mai 68
Du 27 décembre 1966 au 13 avril 1971 il est le préfet de police de Paris. À 54 ans, Maurice Grimaud succède à Maurice Papon à ce poste (où il souligne que le racisme est présent parmi les policiers[6]). Il fait tout pour éviter un bain de sang lors des manifestations de mai 1968 : « Frapper un manifestant tombé à terre c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière » (lettre aux forces de police du 29 mai 1968). Si plusieurs centaines de blessés sont recensés, aucun mort ne peut être relié aux événements.
Il refuse d'être présenté comme un héros ayant empêché le sang de couler[6] et souligne l'organisation de la police face à des situations d'émeutes. Maurice Grimaud reconnaissait que ses engagements de jeunesse à gauche l'avaient aidé à comprendre cette révolte. Par sa relation pragmatique avec le Premier ministre Georges Pompidou[1], le Gouvernement n'enclenche pas une spirale répressive.
Maurice Grimaud a raconté cette période troublée dans son livre En mai, fais ce qu'il te plaît, qui s'appuie sur l'agenda quotidien qu'il tenait[2]. Préfet de Police, il illustre le haut commis de l'État, fidèle aux valeurs républicaines et assurant la continuité de l'État, sans être au-devant de la scène. En octobre, il appuie la dissolution du groupe Occident.
Haut fonctionnaire
Il est nommé secrétaire général à la Direction générale de l'Aviation civile en 1971 (lancement du Concorde, du programme Airbus...), poste qu’il quittera en 1975 pour prendre la direction de la Régie Immobilière de la Ville de Paris[3].
Il revient à la haute fonction publique en mai 1981, en devenant le directeur de cabinet de Gaston Defferre, ministre d´État, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, où il prépare notamment la décentralisation. En juillet 1984, lorsque Pierre Joxe est nommé ministre de l'Intérieur, il suit Gaston Defferre au ministère d'État chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire jusqu'en 1986[7].
Son dernier poste sera celui de délégué général du médiateur de la République, de 1986 à 1992. Maurice Grimaud est passionné d'art contemporain[2], il a été reconnu pour son humanisme, son goût du dialogue et son rejet de tout sectarisme[1]. Il a passé sa retraite à Paris et Saint-André-de-Cruzières[8]
Distinctions et hommages
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Commandeur de l´Ordre national du Mérite
- Commandeur des Arts et des Lettres
- Médaille de l´Aéronautique
- Entrée en fonction en 2010, la soixantième promotion de commissaires de police issus de l'École nationale supérieure de la police porte le nom de Maurice Grimaud.
Œuvres
- En mai, fais ce qu'il te plaît, Stock, 1977
- La Police malade du pouvoir, Seuil, 1980
- Je ne suis pas né en mai 68. Souvenirs et carnets 1934-1992, Tallandier, 2007
Vidéos
- Entretien vidéo : Mai 68 vu par Maurice Grimaud. Réalisé dans le cadre de la sortie du hors-série spécial Mai 68 de Liaisons, le magazine de la préfecture de police.
- Interview exclusive accordée par Maurice Grimaud en avril 2008 à Liaisons, le magazine de la préfecture de police, dans le cadre de la sortie du hors-série Mai 68.
- Interview-rencontre de Daniel Cohn-Bendit avec le préfet Maurice Grimaud, donnée au Point, mai 2008.
Références
- Le Figaro, article d'Éric Roussel, édition du 13 mars 2008.
- Critique de son livre Je ne suis pas né en mai 68.
- Critique littéraire de Bruno Frappat, sur La Croix.com
- Les avatars du préfet Grimaud, article d'Emmanuel Hecht dans Les Échos du 4 décembre 2007.
- La vie des idées, fiche de lecture
- France Inter du 21 mars 2008, journal de 13h. Interview sur
- Site de la section socialiste d'Auterive
- Le Dauphiné libéré, L'Ardéchois Maurice Grimaud est mort, samedi 18 juillet 2009, page 30.
Liens externes
- Servir l’État en mai 1968, recension Mémoires de Grimaud de 2007 sur le site La vie des idées
Précédé par Maurice Grimaud Suivi par Maurice Papon Préfet de police de Paris 1966 à 1971 Jacques Lenoir Catégories :- Personnalité de l'Ardèche
- Personnalité du Parti frontiste
- Haut fonctionnaire français
- Préfet de police de Paris
- Événements de mai 1968
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Commandeur de l'ordre national du Mérite
- Commandeur des Arts et des Lettres
- Préfet de la Savoie
- Naissance en 1913
- Naissance à Annonay
- Décès en 2009
- Personnalité enterrée au cimetière du Père-Lachaise (division inconnue)
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