- Martinez de Pasqually
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Martinès de Pasqually
Joachim Martinès de Pasqually (1727 ?-1774) était un thaumaturge, théosophe et mage d'origine incertaine. Fondateur de l'Ordre de Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers en 1761. Inspirateur de Louis-Claude de Saint-Martin et de Jean-Baptiste Willermoz, et donc de tout le courant ésotérique appelé martinisme.
Sommaire
Biographie
J. Martinès de Pasqually, personnage dont l'évolution spirituelle reste encore mal connue faute de documents, apparaît tout à coup vers 1754. Il commence alors une carrière de thaumaturge, surtout de théurge, et s'impose comme un théosophe considérable, un mage disposant de pouvoirs prodigieux.
On ignore aujourd'hui encore la date, le lieu de naissance et la nationalité exactes de Martinès. Certains affirment qu'il était juif sans cependant pouvoir l'établir de façon certaine[réf. nécessaire]. On a dit aussi qu'il était de nationalité portugaise, du fait qu'il est allé en 1772 recueillir un héritage à Saint-Domingue, et que Grainville, son fervent disciple, était originaire des Antilles. D'autres prétendent qu'il est né à Grenoble[réf. nécessaire]. On constate, en réalité, qu'on ne sait rien de certain de son origine. Ses activités avant 1760 sont, aussi, mal connues. Les historiens ne possèdent rien de réellement sûr. Sa piste est d'autant plus difficile à suivre qu'il a fait usage au cours de sa vie de plusieurs noms et signatures différents sur les documents officiels...
Durant vingt années de 1754 à 1774, année de sa mort, Martinès de Pasqually travailla sans arrêt à la construction de son Ordre des Chevaliers Maçons Élus Coëns de l'Univers. En 1754, il fonde le Chapitre des Juges Écossais à Montpellier ; en 1761, il s'affilie à la loge La Française à Bordeaux et y fonde un temple coën. Cette loge La Française devient en 1764, la Française Élue Écossaise, pour indiquer par ce nouveau nom qu'elle possède un Chapitre de grades supérieurs. Mais la direction de l'Obédience Maçonnique abolissant en 1766 toutes les constitutions relatives aux grades supérieurs aux trois premiers (apprenti, compagnon et maître), le Chapitre se trouve suspendu. C'est en cette même année 1766 que Martinès vint à Paris et fonda un temple coën avec Bacon de la Chevalerie, Jean-Baptiste Willermoz, Fauger d'Ignéacourt, le comte de Lusignan, Henri de Loos, de Grainville, etc.
En 1767, il établit son Tribunal Souverain qui devait régenter tout l'Ordre des Élus Coëns. La rencontre avec Louis-Claude der Saint-Martin en 1768 devait avoir une grande importance pour l'un comme pour l'autre. La personnalité et l'enseignement de Martinès de Pasqually firent sur Saint-Martin une impression profonde et durable. Réciproquement, Martinès fut lui-même influencé par Saint-Martin. Ce dernier quitte l'uniforme en 1771 et devient le secrétaire de Martinès, remplaçant dans cette tâche l’abbé Pierre Fournié. De cette époque date la mise au point des rituels ainsi que la rédaction du Traité sur la Réintégration des êtres, base doctrinale de la théosophie et de la théurgie martinésistes.
Cette doctrine, destinée à une élite réunie sous le nom d'élus « coëns » (prêtres élus), connaîtra une fortune singulière, mais les opérations théurgiques resteront réservées aux seuls initiés. Martines n'utilise guère la franc-maçonnerie qu'afin de greffer sur elle son système. Jusqu’en 1761, on le trouve à Montpellier, à Paris, à Lyon, à Bordeaux, à Marseille, à Avignon. En 1761, il construit son temple particulier à Avignon, où il réside jusqu’en 1766. À cette époque, l’Ordre des Elus Coëns se présente comme un système de hauts grades enté sur la maçonnerie bleue. La première étape comprend trois grades symboliques auxquels s’ajoute celui de maître parfait élu; puis viennent les grades coëns proprement dits : apprenti coën, compagnon coën, maître coën, grand architecte, chevalier d’Orient, commandeur d’Orient ; enfin, le dernier grade, consécration suprême, celui de réau-croix. En 1768, Jean-Baptiste Willermoz est ordonné réau-croix par Bacon de La Chevalerie. Louis-Claude de Saint-Martin, initié aux premiers grades vers 1765, devient commandeur d’Orient. Les années 1769 et 1770 voient les groupes coëns se multiplier très largement en France. En 1772, Saint-Martin est ordonné réau-croix.
Martinès, parti la même année pour Saint-Domingue afin de toucher un héritage, devait y mourir en 1774. Par la suite, l'Ordre se désagrège. Dès 1776, les temples coëns de La Rochelle, de Marseille, de Libourne rentrent dans le giron de la Grande Loge de France. En 1777, le cérémonial n'est plus en usage, semble-t-il, que dans quelques cénacles comme Paris, Versailles, Eu. Enfin, en 1781, Sébastien Las Casas, troisième et dernier grand souverain des élus coëns (successeur de Caignet de Lester, décédé en 1778), ordonne la clôture des huit temples qui reconnaissent encore son autorité. Ni Caignet ni Las Casas n'ont joué un rôle bien important. Malgré cette clôture officielle, des élus coëns continuent à exercer la théurgie, à procéder à des ordinations. D'autre part, l’enseignement théosophique de Martinès n’est pas perdu pour autant ; au sein de la maçonnerie, il se répand encore longtemps après la mort de ce chef de file, grâce au système maçonnique institué par Willermoz peu après la mort de son maître.
Outre Willermoz et Saint-Martin, on connaît comme disciple de Martinès l'abbé Pierre Fournié. C’est vers 1768 que ce dernier rencontre le maître qui va bouleverser de fond en comble sa destinée et auprès duquel il exercera plusieurs mois les fonctions de « secrétaire ». Initié élu coën, le clerc tonsuré Fournié réside surtout à Bordeaux, où il sert d’intermédiaire entre différents membres de l’Ordre.
En 1776, Louis-Claude de Saint-Martin le dépeint comme un élu coën exceptionnellement favorisé en matière de manifestations surnaturelles; Fournié en décrira lui-même quelques-unes dans son ouvrage Ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous deviendrons (1802), en redoutant d’en dire trop. Au moment de la Révolution, Fournié émigre en Angleterre, où il restera jusqu’à sa mort; de là il correspond, de 1818 à 1821, avec le théosophe munichois Franz von Baader.
Selon les recherches de Georges C. et les éléments découverts par Friot et Michèle Nahon, à savoir un certificat de catholicité (publié cf. Bulletin de la Société Martines de Pasqually, Bordeaux) ainsi que les courriers de Martinès dans l'affaire du Guers, Martinès pas plus que son père ne pouvait être juif. La troisième raison est aussi qu'à l'époque, les juifs n'avaient pas encore le droit d'être francs-maçons. Ces notions infirment l'hypothèse fantaisiste de Robert Amadou qui écrivait que Martinès était « un métèque » juif espagnol (Louis-Claude de Saint-Martin et le martinisme, Paris, Éditions Le griffon d'or, 1946).
Quant à l'origine portugaise qu'un auteur soupçonne parce que Martinès se serait rendu à Saint-Domingue pour percevoir un leg, elle est caduque, car l'île de Saint Domingue qui effectivement fut sous la domination portugaise avait pour particularité d'être coupée en deux, une partie française et l'autre partie portugaise.
L'Ile de Saint Domingue (Hispaniola) ne fut jamais sous domination portugaise car les Frères de la Côte français puis les colons s'emparèrent du terrain abandonné progressivement par les Espagnols. Donc pour simplifier disons que la partie ouest était placée sous la souveraineté française et que les Espagnols étaient implantés à l'est.(Henri Bernard Catus 27 mai 2009)
L'endroit de séjour de Martinès, à savoir Léogane et Port au Prince, était français et occupé par le régiment de Foix qui fut la pépinière des élus coëns.
Le leg provenait sans doute de sa branche alliée, les Collas de Mauvignié, très riches colons français de l'île, originaires de Gornac près de Bordeaux. Martinès épousa la fille Collas Marguerite Angélique, fille d'Anselme Collas le 27 aout 1767 à Gornac. Il convient aussi de faire remarquer que le terme "coën", défini dans les écrits de Martinès, n'a strictement rien à voir avec le terme transformé "Cohen", utilisé encore fréquemment par des groupes martinistes.Cependant, si Martinès parlait très bien le français, il l'écrivait très mal. Son fils, selon un rapport de police, parlait très bien l'espagnol. L'hypothèse d'une origine espagnole doit donc être retenu. Les recherches faites à Grenoble par G.C. sur tous les répertoires d'état civil sur une très large période prouve que Martinès n'est pas inscrit à Grenoble. Mais il est possible que les enfants nés dans les corps militaires ne soient pas inscrits dans les registres paroissiaux. Grenoble conserve la trace d'un document indiquant que le Capitaine Pasqually y fut en garnison, mais il peut s'agir d'un homonyme, lors de la remontée des corps militaires venant d'Espagne et servant dans l'armée française.
De Grainville le plus fidèle des secrétaires de Martinès, Réaux-Croix est né le 21 juin 1728, dans l'isle de Bourbon (maintenant Île de la Réunion), originaire de Normandie (archives historiques de l'armée de terre Château de Vincennes Paris). Il termina sa carrière militaire en 1780 avec le rang de lieutenant-colonel.
Doctrine
La doctrine de Martinès, dont le caractère chrétien ne fait aucun doute, se présente comme la clef de toute cosmogonie eschatologique : Dieu, l'Unité primordiale, donna une volonté propre à des êtres « émanés » de lui, mais Lucifer, ayant voulu exercer lui-même la puissance créatrice, tomba victime de sa faute en entraînant certains esprits dans sa chute; il se trouva enfermé avec eux dans une matière destinée par Dieu à leur servir de prison. Puis la Divinité envoya l'Homme, androgyne au corps glorieux et doué de pouvoirs immenses, pour garder ces rebelles et travailler à leur résipiscence; c'est même à cette fin qu'il fut créé. Adam prévariqua à son tour et entraîna la matière dans sa chute; il s'y trouve maintenant enfermé; devenu physiquement mortel, il n’a plus qu’à essayer de sauver la matière et lui-même. Il peut y parvenir, avec l’aide du Christ, par la perfection intérieure, mais aussi par les opérations théurgiques qu'enseigne Martines aux hommes de désir qu’il estime dignes de recevoir son initiation : fondées sur un rituel minutieux, ces opérations permettent au disciple d’entrer en rapport avec des entités angéliques qui se manifestent dans la chambre théurgique sous forme de «passes» rapides, généralement lumineuses; ces dernières représentent des caractères ou hiéroglyphes, des signes des esprits invoqués par l’opérant, auquel les manifestations prouvent qu’il se trouve sur la bonne voie de la Réintégration.
Rituel
Voir Élu Coën.
Bibliographie
Ouvrage
- Martines de Pasqually, Traité sur la réintégration des êtres (d'après le manuscrit de Louis-Claude de Saint-Martin), Diffusion rosicrucienne, collection martiniste.
Études sur Martines de Pasqually
- Franz von Baader, Les Enseignements secrets de Martinès de Pasqually, précédé d'une Notice sur le martinézisme et le martinisme, Bibliothèque Chacornac, 1900 ; rééd. Robert Dumas, 1976 ; Editions Télétès, 2004.
- Gilles Le Pape, Les écritures magiques, Aux sources du Registre des 2400 noms d'anges et d'archanges de Martinès de Pasqually, Arché Edidit, 2006.
- G. Van Rijnberk, Un thaumaturge au XVIIIe s. : Martines de Pasqually. Sa vie, son oeuvre, son ordre, t. I, Paris, Alcan, 1935 ; t. II, Lyon, Derain-Raclet, 1938 [1]
- Jean-Marc Vivenza, Le Martinisme, l'enseignement secret des Maîtres, Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz, fondateur du Régime Écossais Rectifié, Le Mercure Dauphinois, 2006.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Biographie de Martines de Pasqually, par Jean-François Var.
Source
Cette biographie est une reproduction partielle de celle (en copyleft) du site [2]. Il n'existe pas de portrait authentifié de Martines de Pasqually. Un autre sceau de Martines est visible à l'adresse [3]
Catégorie : Martinisme
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