Marouane Barghouti

Marouane Barghouti
Marouane Barghouti

Marouane Barghouti[1] (en arabe مروان البرغوتي) est un homme politique et un chef militaire palestinien né le 6 juin 1958 à Ramallah. Marouane Barghouti est incarcéré depuis 2002 dans une prison de haute-sécurité israélienne, condamné à 5 peines de prison à perpétuité.

Sommaire

Biographie

Marouane Barghouti est né dans le village de Kobar près de Ramallah, et s'engage dans le Fatah à l'âge de 15 ans. Il fait partie de la famille nombreuse des Barghouti, qui provient de Deir Ghassaneh et ne doit pas être confondu avec Mustafa Barghouti, un autre homme politique palestinien dont il est un lointain cousin. Il a six frères et sœurs, et son père est un immigré libanais. Son jeune frère Mugbel le décrit comme un "enfant désobéissant et rebelle" médiocre à l'école primaire Amir Hassan.

A l'âge de 15 ans, Barghouti rejoint le Fatah et est cofondateur du Mouvement des Jeunes du Fatah (Shabiba) en Cisjoradine. En 1976, alors qu'il a 18 ans, il est arrêté par Israël pour son engagement militant dans des groupes pro-palestiniens. Ainsi, il termina ses études secondaires en prison et y reçu son diplôme. Au cours de son incarcération il apprend l'hébreu qu'il parle ainsi couramment.

Il commence des études à l'université de Beir Zeit en 1983 mais n'obtient sa licence d'Histoire et de Sciences Politiques qu'en 1994 suite à son arrestation et son exil. En 1998 il obtient une maîtrise de Relations Internationales. Au début de ses études, il s'engagea dans les réseaux politiques étudiants par le biais du Fatah et fut à la tête du Conseil des Etudiants de son université. Le 21 octobre 1984, il se maria avec Fadwa Ibrahim, une autre étudiante de Beir Zeit. Elle possédait une maîtrise de droit et militait en faveur des droits des prisonniers palestiniens. Elle devint la principale actrice de la campagne de libération de son conjoint. Ils eurent une fille (Ruba en 1987) et trois garçons (Qassam en 1986, Sharaf en 1989 et Arab en 1991).


Première Intifada

Barghouti est un des principaux meneurs de la Première Intifada en 1987, et amène les palestiniens à un soulèvement de masse contre l'état d'Israël. Il est arrêté dès 1987 par l'armée israélienne et expulsé vers la Jordanie. Il ne peut revenir d'exil qu'après la signature des accords d'Oslo en 1994. Barghouti est élu au Conseil législatif de Palestine en 1996, il y défend la nécessité d'une paix avec Israël. Talentueux orateur et ayant fait ses preuves au combat, Barghouti grimpe dans l'appareil politique du Fatah et en devient secrétaire général pour la Cisjordanie. Cependant, il mène publiquement des campagnes contre la corruption au sein du Fatah et rentre parfois en conflit avec Yasser Arafat.

Les tensions entre Barghouti et Arafat augmentent pendant l'été 2000 : Barghouti accuse l'administration d'Arafat de corruption et blâme ses services de sécurité de violations des droits de l'Homme.


Seconde Intifada

Le 28 septembre 2000 la visite de Ariel Sharon sur l'esplanade des mosquées lance la seconde Intifada et la situation politique change. Barghouti, chef du Tanzim, la branche armée du Fatah, est devenu indispensable par sa capacité d'organisation et surtout très populaire chez les Palestiniens. Le Tanzim est vu comme une des forces majeures combattant les Forces de défense d'Israël. Barghouti a mené des manifestations vers des points de contrôle israéliens en Cisjordanie. Celles-ci eurent pour conséquence des émeutes contre les soldats israéliens. Il condamna le recours à la terreur pour expulser Israël de la Cisjordanie et de la bande de Gaza[2]. Quand on lui demanda quels civils étaient des cibles légitimes, il répondit : "Et alors que moi-même ainsi que le Fatah dont je suis membre, nous nous opposons fermement aux attaques et à la prise pour cible de civils à l'intérieur d'Israël, notre futur voisin, je me réserve le droit de me protéger, de résister à l'occupation de mon pays et de me battre pour ma liberté.". Il ajouta "Je suis encore en quête d'une coexistence pacifique entre les états égaux et indépendants que sont Israël et la Palestine, basée sur le retrait complet d'Israël des territoires occupés en 1967[3].

Arrestation et Procès

Son rôle dans la seconde Intifada en fait l'un des Palestiniens les plus recherchés par les forces de sécurité israéliennes. En 2001, il déjoue une tentative d'assassinat préparé par l'armée israélienne. Le 15 avril 2002, l'armée israélienne capture Barghouti à Ramallah ; il est inculpé par un tribunal civil pour meurtres et tentatives de meurtres dans une entreprise terroriste sous son commandement. Lui sont reprochées des actions des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, une milice assez largement considérée comme reliée au Fatah et au Tanzim[4],[5].


Tout au long de son procès, Barghouti refuse de reconnaître la légitimité du tribunal israélien et, par conséquent, refuse de se défendre. A la place, l'accusé se sert de la tribune qui lui est offerte pour plaider sa cause politique. Barghouti dit soutenir les attaques armées contre l'occupation israélienne mais ne peut cautionner les attaques contre des civils sur le territoire d'Israël. Il est condamné le 20 mai 2004 pour cinq meurtres, y compris pour avoir autorisé et organisé l'attentat du Sea Food Market à Tel Aviv dans lequel 3 civils furent tués. Barghouti est aussi déclaré coupable d'une tentative de meurtre pour un attentat-suicide déjoué par les forces de sécurité israéliennes. Il affirme de son côté être innocent des chefs d'accusation portés contre lui. Il est acquitté de 21 chefs d'accusation de meurtre au cours de 33 attentats. Le 6 juin, Barghouti est condamné à cinq peines de réclusion à perpétuité pour les cinq meurtres et 40 ans d'emprisonnement pour tentative de meurtre.

Campagne de libération

Depuis l'arrestation de Barghouti, ses défenseurs mènent une campagne active en faveur de sa libération. Parmi eux, des importantes personnalités palestiniennes, des membres du Parlement Européen et le Bloc de la paix. Haaretz, quotidien israélien de gauche, a déclaré que Barghouti "est vu par certains comme un Nelson Mandela palestinien, l'homme qui pourrait galvaniser un mouvement national divisé et à la dérive, si seulement il était mis en liberté par Israël." [6]

Certains mettent en question la légalité de l'arrestation de Barghouti, pointant son immunité diplomatique en tant que membre du Parlement Palestinien et son arrestation en zone où Israel n'a pas de juridiction. Ils déclarent aussi que le déplacement d'un prisonniers d'une zone occupée vers le pays occupant viole la quatrième convention de Genève Un autre point de vue est de suggérer que la libération de Barghouti serait un excellent témoignage de bonne volonté dans le processus de paix. Ce point de vue a gagné en popularité au sein de la gauche israélienne après le plan de désengagement de la Bande de Gaza. D'autres encore insistent sur le fait que la libération de Barghouti pourrait servir à consolider le Fatah face aux progressions du Hamas[7].

A la suite de la réelection en 2006 de Barghouti au conseil législatif palestinien, un débat sur le destin de Barghouti surgit en Israël. Au cours de celui-ci, on peut voir le député Yossi Beilin, qui a occupé plusieurs postes de ministres en Israël, prendre parti en faveur d'une grâce présidentielle. Cependant, une majorité reste hostile à cette libération. Le ministre des affaires étrangères Silvan Shalom déclare ainsi "Nous ne devons pas oublier qu'il est un meurtrier de sang froid qui a été condamné par le tribunal à 5 réclusions à perpétuité. Il est hors de question de libérer un assassin qui a du sang sur les mains et a été dûment condamné par un tribunal."[8],[9],

Cependant quelques députés, comme le député Meir Sheetrit de Kadima, ont suggeré que Barghouti sera probablement libéré dans le cadres de futures négociations de paix, bien qu'ils n'aient pas précisé de dates. En janvier 2007, l'ancien premier ministre Shimon Peres a déclaré qu'il signerait une grâce présidentielle s'il était élu à la présidence. Cependant, bien que Peres ait été élu à la présidence le 13 juin 2007, cette déclaration est pour le moment restée sans suites.

En 2008, Marouane Barghouti était inclus dans la liste des 450 prisonniers dont le Hamas demande la libération en échange du soldat Gilad Shalit capturé en 2006.

Scission du Fatah

Le 14 décembre 2005, Barghouti a annoncé la création d'un nouveau parti politique, al-Moustaqbal ("l'Avenir"), principalement composé de la jeune garde du Fatah ayant critiqué la corruption du parti. Ce parti projette alors de présenter une liste aux élections législatives palestiniennes de 2006 et enregistre celle-ci en même temps que l'annonce de la scission. Cette liste incluait Mohammed Dahlan, Kadoura Fares, Samir Mashharawi et Jibril Rajoub[10],[11].

La scission a suivi le refus de Barghouti à Mahmoud Abbas, qui lui proposait d'être second sur la liste du Fatah derrière le premier ministre Ahmed Qoreï. Barghouti aurait en réalité été premier sur la liste[12], mais cela n'est apparu qu'après que le nouveau parti ait été enregistré.

Les réactions furent divisées : Certains accueillirent favorablement la nouvelle, arguant que le nouveau parti pourrait aider à réformer les problèmes du gouvernement palestinien. D'autres considèrèrent que cela profiterait au Hamas en divisant le vote Fatah. Les partisans de Barghouti s'en défendirent en disant qu'Al-Mustaqbal visait à la fois à conquérir les votes des déçus du Fatah et des modérés du Hamas qui ne votent pour le Hamas que par opposition à la corruption du Fatah. Certains observateurs ont aussi conjecturé qu'Al-Mustaqbal était principalement un instrument de chantage de la jeune garde du Fatah pour obtenir des meilleures places sur ses listes.

Finalement, Barghouti a été convaincu du fait que la création d'un nouveau parti serait irréaliste tant qu'il serait toujours en prison. Les deux listes furent réunifiées pour les élections législatives.

Réseau des villes et collectivités pour la libération de Marwan Barghouti

En mars 2008, la ville de Stains l'élève au rang de citoyen d'honneur de la ville et lance en mars 2009 le Réseau des villes et collectivités pour la libération de Marwan Barghouti[13]. Les villes d'Ivry-sur-Seine, Valenton, Gennevilliers, La Courneuve, Pierrefitte-sur-Seine, La Verrière, Vitry-sur-Seine en font aussi partie.


Activité politique depuis la prison

Fin 2004, Barghouti annonce depuis la prison son intention de se présenter aux élections législatives palestiniennes de 2006 suivant la mort du président Yasser Arafat. Le 26 novembre 2004, il apparait qu'il pourrait retirer sa candidature en réponse à la pression du Fatah en faveur de Mahmoud Abbas. Cependant, le 1er décembre, juste avant la date limite, sa femme l'enregistre comme candidat indépendant. Le 12 décembre, suite aux pressions du Fatah de se retirer en faveur de Mahmoud Abbas[14], il abandonne sa candidature et déclare qu'il le fait pour l'unité palestinienne. Le 11 mai 2006, les principaux prisonniers palestiniens ont publié le Document des prisonniers palestiniens, suite à une idée initiée par Barghouti et par les dirigeants du Hamas, du FPLP, du Jihad islamique palestinien et du FDLP. Ce document propose une base sur laquelle un gouvernement de coalition devrait être formé au sein du Conseil législatif de Palestine et est fruit de l'impasse qui suivit la victoire du Hamas aux élections législatives de 2006. Ce document appelle aussi à la négociation avec l'état d'Israël dans le cadre du processus de paix. Ce texte gagna rapidement en poularité et est maintenant considéré comme la pierre angulaire d'un futur gouvernement d'unité nationale. Selon le journal israélien Haaretz, bien que le Fatah ne soit pas représenté officiellement dans les négociations de février 2007 pour un gouvernement d'unité nationale, Barghouti a joué un rôle de médiateur entre le Fatah et le Hamas et a formulé le compromis atteint le 8 février 2007[15].

Citations

  • « Je ne suis pas un terroriste, mais pas non plus un pacifiste. Je suis simplement un gars normal de la rue palestinienne défendant la cause que tout autre oppressé défend : le droit de m'aider en l'absence de toute aide venant d'ailleurs ». (Tribune dans le Washington Post en 2002[16])
  • « Et alors que moi-même ainsi que le Fatah dont je suis membre, nous nous opposons fermement aux attaques et à la prise pour cible de civils à l'intérieur d'Israël, notre futur voisin, je me réserve le droit de me protéger, de résister à l'occupation de mon pays et de me battre pour ma liberté  » (Tribune dans le Washington Post en 2002[16])

Liens externes

Voir aussi

Note

  1. en français مروان se transcrit Marouane et en anglais Marwan.
  2. Profile: Marwan Barghouti, BBC News (November 26, 2009). Consulté le March 27, 2010.
  3. (Washington Post 2002 op-ed)
  4. Full indictment, Israel Ministry of Foreign Affairs
  5. Indictment appendix listing all charges
  6. By Reuters, « Marwan Barghouti: Peace talks with Israel have failed - Haaretz Daily Newspaper | Israel News », Haaretz.com. Consulté le 2010-07-09
  7. "The Blame Game – Forward.com"
  8. Barghouti´s Popularity Spurs Campaign to Free Him - Politics & Gov't - Israel News, Israel National News, 2006-01-25. Consulté le 2010-07-09
  9. Politics - Israelis may release jailed Fatah leader, The Daily Star, 2005-11-28. Consulté le 2010-07-09
  10. http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1134309581046&pagename=JPost/JPArticle/ShowFull
  11. http://dwb.newsobserver.com/24hour/world/story/2979990p-11657995c.html
  12. Fatah splits before key election, BBC News (December 15, 2005). Consulté le May 12, 2010.
  13. http://www.liberezbarghouti.com
  14. Barghouti withdrawal leaves Abbas with clear path to succeed Arafat
  15. article
  16. a et b (en) Want Security? End the Occupation, Washington Post, 16 janvier 2002

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marouane Barghouti de Wikipédia en français (auteurs)

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