- Marie Fortunée D'Este-Modène
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Marie Fortunée d'Este-Modène
Maria Fortunata d'Este ( en français Marie-Fortunée d'Este), princesse de Modène, par son mariage comtesse de la Marche (1759) puis princesse de Conti (1776), est née à Modène le 24 novembre 1731 et morte au couvent de la Visitation à Venise le 21 septembre 1803.
Fille de François III, duc de Modène et de la duchesse née Charlotte-Aglaé d'Orléans, elle est la petite-fille du feu régent, pieuse et bonne, mais dotée d'un visage disgracieux.
Sommaire
Un mariage d'inconvenance
Sa mère arrange son mariage avec un de ses cousins français, Louis François Joseph de Bourbon-Conti (1734-1816), comte de la Marche. Le contrat est signé à Milan le 3 janvier 1759 par l'ambassadeur de France à la cour de Turin, et le mariage est célébré par procuration à Milan le 7 février - son père a été nommé par l'impératrice gouverneur de Lombardie - et en personne à Nangis-en-Brie le 27 février. Le duc de Modène assure à sa fille une dot d'un million de livres. Le 5 mars, la princesse est présentée au roi, à la reine et à la famille royale par la princesse douairière de Conti.
Les deux époux ne tardent pas à se brouiller car le comte de la Marche, qui ne s'est marié que par obéissance filiale et n'a partagé la couche nuptiale que le temps de consommer son union, prétend imposer à sa femme la présence d'un fils naturel qu'il a eu en 1761 de Marie Anne Véronèse, dite Mlle Coraline, artiste du Théâtre-Italien. Le comte de la Marche a un second enfant naturel avec sa maîtresse en 1767. Ceci porte un coup fatal à son ménage : les deux époux se séparent à l'amiable à la fin de l'année 1775. La séparation est définitive le 12 juin 1777. Entre-temps le prince de Conti, est mort et "Leurs Altesses Sérénissimes le comte et la comtesse de la Marche" sont devenus "Leurs Altesses Sérénissimes le prince et la princesse de Conti" (1776).
Une vie de célibataire
La princesse, femme cultivée discrète et austère, se tient au courant des nouvelles de son temps mais vit retirée de la cour rebutée par la frivolité de l'entourage de la jeune reine, ne se présentant à Versailles que pour accomplir ses devoirs familiaux.
Nonobstant, elle entretient des relations affectueuses avec son beau-frère,le très pieux duc de Penthièvre ainsi qu'avec la fille et la belle-fille de celui-ci, Louise-Adélaïde, la plus riche héritière du royaume, mariée en 1769 au duc d'Orléans et Marie-Thérèse, princesse de Lamballe, surintendante de la maison de la reine.
En 1780, elle acquiert le château de Triel qui devient rapidement son lieu de villégiature préféré.
Une vie de réfugiée
En mai 1789, elle assiste avec la famille royale à l'ouverture des États Généraux mais émigre après la "grande peur" du mois d'août (à la suite du comte d'Artois et de son mari devenu impopulaire) sous le pseudonyme de "comtesse de Triel"...
Cependant, tandis que son mari se réfugie à Bruxelles, Fortunée retourne vers sa terre natale, l'Italie et s'installe à Chambéry dans les états du roi de Sardaigne. En 1791, elle se retire à Fribourg, ville suisse qui accueille un grand nombre d'émigrés, notamment des religieux. C'est là qu'elle apprend la chute de la monarchie, l'emprisonnement de la famille royale, la séparation du couple Orléans, la fin atroce de la princesse de Lamballe et la condamnation à mort (notamment le vote "pour" du duc d'Orléans) puis l'exécution du roi mais aussi la mort paisible de son beau-frère Penthièvre, resté populaire en ces temps troublés grâce à sa profonde générosité. Elle apprend également bientôt la désertion du duc de Chartres, fils aîné du duc d'Orléans, l'incarcération de la famille Orléans et de son mari qui était rentré en France dès 1790, l'exécution de la reine et du duc d'Orléans.
Une vie d’exilée
À partir de 1794, elle héberge sa petite-nièce Adélaïde d'Orléans qui, à 17 ans, erre dans une Europe en guerre, rejetée tant par la France révolutionnaire que par les émigrés qui refusent leur sollicitude à la fille d'un régicide, fût-elle de sang royal. Adélaïde et ses dix-sept ans seront l'objet involontaire d'une lutte aigre-douce entre la solitaire princesse sexagénaire et sa dame de compagnie, la comtesse des Roches qui, toutes deux, souhaitaient capter l'affection de la jeune fille. Peu à peu la comtesse prendra un ascendant regrettable sur la jeune princesse fragilisée par les épreuves.
En 1797, sommé par le Directoire d'expulser les émigrés, le gouvernement suisse interdit de séjour ces hôtes encombrants. La princesse de Conti, Adélaïde et leur petite suite s'installent à Landshut en Bavière. Au printemps 1800, les deux princesses fuyant les troupes françaises de Napoléon Bonaparte, s'installent en Hongrie à Presbourg où elles reçoivent la visite d'une autre parente, l'archiduchesse Marie-Béatrice, héritière du duché de Modène qui, elle aussi, a dû fuir devant les troupes révolutionnaires .
En 1801, Adélaïde rejoint sa mère qui, après sa libération s'est réfugiée à Barcelone et l'acte d'amnistie du premier consul envers les émigrés (sauf les membres de la famille royale) restreint peu à peu le cercle familier de la princesse qui atteint les soixante-dix ans.
Le dernier refuge
En 1802, Fortunée fait part à l'archiduc Ferdinand de Habsbourg-Lorraine-Este, mari de sa nièce Marie-Béatrice, de son désir de se retirer au couvent de la Visitation à Venise. Elle s'y installe le 19 octobre avec trois femmes de chambre tandis que sa dame de compagnie, la comtesse des Roches, s'installe chez sa fille à Offenburg (pays de Bade).
Atteinte d'une pleurésie au mois d'août 1803, la dernière princesse de Conti meurt le 21 septembre et est inhumée dans la chapelle du couvent suivi de peu par son frère le duc de Modène Hercule III et sa sœur célibataire Mathilde. La comtesse des Roches, également, la suit dans la tombe dès le 18 octobre.
Sources
- Pierre Houdion, La dernière princesse de Conti, Fortunée-Marie d'Este 1731-1803, L'Harmattan, Paris, 2007.
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