- Marcel Boiteux
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Marcel Boiteux (né le 9 mai 1922 à Niort dans les Deux-Sèvres) est un haut fonctionnaire français. Il a dirigé EDF de 1967 à 1987 et, à ce titre, a été l’un des artisans de la politique nucléaire de la France.
Sommaire
Biographie
Il est normalien, agrégé de mathématiques et diplômé de l’Institut d'études politiques. Il a commencé sa carrière professionnelle en 1946 en entrant au Centre national de la recherche scientifique avant de rejoindre EDF en 1949 en tant qu' ingénieur au service commercial. En 1956 il obtient le statut d'ingénieur au service des études économiques générales, puis de directeur des études économiques à la direction générale en 1958. En 1967 il est nommé directeur général adjoint pendant quelques mois, puis directeur général d'EDF, avant d'accéder à la présidence du conseil d’administration de 1978 à 1987. En 1985 il devient également président de l’Institut des hautes études scientifiques (1985-1994) puis de l’Institut Pasteur (1988-1994).
Le 8 juillet 1977 il échappe à un attentat terroriste à l'explosif commis sur son domicile. Les explosifs, placés devant l'entrée principale blindée de sa maison, causent de très gros dégâts matériels. D'après l'enquête, les charges étaient suffisantes pour tuer si Marcel Boiteux et sa famille ne s'étaient pas trouvés à ce moment à l'autre extrémité de la maison. L'attentat a été revendiqué par un « comité d'action contre les crapules atomiques » (CAcCA).
La transition au nucléaire
Au cours des années 1950, Marcel Boiteux rebâtit la tarification de l'électricité, et participe à l'élaboration d'une approche rationnelle du choix des investissements. C'est seulement en devenant Directeur Général qu'il aborde réellement, en 1967, les problèmes du nucléaire. Le débat fait rage alors sur le changement de filière, du procédé gaz graphite à uranium naturel développé en France, aux procédés à eau légère et uranium enrichi sur lesquels ont misé les États-Unis. EDF fait le bon choix, l'uranium enrichi l'emporte, et les premières réalisations sont engagées.
Au moment de la Crise pétrolière de 1973 EDF était ainsi prêt à la transition vers des programmes d'investissements « tout-nucléaire », et s'engage auprès du gouvernement à mettre en place, dès 1974, 7 à 8 tranches nucléaires par année, au lieu d'une auparavant. Le gouvernement approuve alors le recours au chauffage électrique et Marcel Boiteux décide de suspendre tous les programmes de recherches sur les énergies alternatives pour concentrer ses efforts sur le nucléaire. Pour réduire les coûts d'investissements, il décide d'uniformiser et de normaliser la fabrication des centrales nucléaires sur l'ensemble du territoire français.
Pour permettre à Framatome d'exporter des centrales nucléaires, notamment en Afrique du Sud, il crée une filiale « Sofratome », qui est en fait constituée de l'ingénierie d'EDF. Cela permis à Framatome, entreprise privée et donneur d'ordre à l'étranger, d'exporter ses modèles de centrale nucléaire à travers le monde.
Distinctions
- Élu à l'Académie des sciences morales et politiques le 14 décembre 1992 au fauteuil de Emile James. Il préside l'Académie en 2002.
- Docteur honoris Causa de l'Université Yale (1982)
- Grand-Officer de la Légion d'honneur, 19 janvier 2007
- Grand-Croix de l'Ordre national du Mérite
- Commandeur des Palmes académiques
- Croix de guerre 1939-1945
Citations
- Sur la Taxe carbone : « Si on n’augmente pas le prix de l’énergie, on se dirige droit vers une dictature. »[1]
- Sur les recours à l'électricité : «de plus en plus d'usages de l'électricité, de moins en moins d'électricité par usages»²
- sur la loi visant la Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité (NOME): « Emportée par le courant des idées, la France a mis fin au monopole d’EDF et ouvert l’électricité aux disciplines du marché. La pression de la concurrence devait améliorer la gestion, dynamiser les équipes, faire baisser les prix du courant. Une dizaine d’années plus tard, telle la poule qui a couvé un canard, la France ébahie se dépêtre de ses paradoxes, le problème n’est plus de faire baisser les prix, mais d’accepter ou non de les laisser monter pour s’aligner sur ceux du marché européen. On avait ouvert l’électricité à la concurrence pour baisser les prix et il faudrait aujourd’hui les élever pour permettre la concurrence ». extrait du courrier du 3 mai 2010 à la commission Champsaur, chargée en 2009 d'établir le cadre de la loi NOME.
Notes
Catégories :- Haut fonctionnaire français
- Élève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm)
- Naissance en 1922
- Naissance à Niort
- Titulaire de la Croix de guerre 1939-1945
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Grand-croix de l'ordre national du Mérite
- Académie des sciences morales et politiques
- Élève de l'Institut d'études politiques de Paris
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