- Maladie hollandaise
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La maladie hollandaise (ou mal hollandais, ou malaise hollandais, ou syndrome hollandais) est un phénomène économique qui relie exploitation de ressources naturelles et déclin de l’industrie manufacturière locale.
Inspiré du cas des Pays-Bas des années 1960, le terme maladie hollandaise est utilisé par extension pour désigner les conséquences nuisibles provoquées par une augmentation significative des exportations de ressources naturelles par un pays.
Sommaire
Origine
Le terme apparaît pendant les années 1960 quand les revenus commerciaux des Pays-Bas ont considérablement augmenté à la suite de la découverte de grands gisements de gaz dans la province de Groningue, puis dans le reste du pays et en mer du Nord.
Suite à l’accroissement des recettes d’exportations, la devise hollandaise s’est appréciée, ce qui a nui à la compétitivité-prix des exportations non-gazières du pays.
Utilisation du terme
Bien que touchant principalement les pays pétroliers, le phénomène peut être comparé avec toute surévalution du taux de change liée à une entrée massive de devises (exemples : mise en valeur de ressources naturelles, hausse marquée des prix d’une matière première, flux massifs d’investissements directs étrangers entrants, aide étrangère massive).
Dans les modèles commerciaux simples, un pays se spécialise dans les industries où il a un avantage comparatif. Les pays riches en matières premières s’y spécialisent donc, au détriment de leur secteur manufacturier.
Modélisation
Modèle structurel
Les conséquences structurelles d’une « augmentation de la richesse » d’un pays furent étudiées par W. Max Corden et J. Peter Neary, qui mettent volontairement de côté l’effet sur le taux de change[1].
Dans ce modèle, l’économie est divisée en trois secteurs : un secteur « très compétitif » soumis à la concurrence internationale (par exemple la production de pétrole), un secteur peu compétitif soumis également à la concurrence internationale et un troisième secteur non exposé à la concurrence internationale (commerce de détail, services à la personne, construction,…).
Une hausse de la rentabilité de la production du secteur très compétitif (liée à une hausse du prix de vente, de découverte de nouvelles ressources, etc.) affecte cette économie de deux façons :
- déplacement de la main-d’œuvre vers le secteur très compétitif, où les rémunérations augmentent du fait d’une demande plus élevée : cela se fait au détriment des autres secteurs (désindustrialisation directe). Cet effet est tout de même généralement assez faible, car les industries extractives emploient généralement peu de monde.
- « effet revenu » : les revenus supplémentaires à la disposition des agents économiques du pays (l’État par exemple) vont accroître la demande de biens, importante principalement pour le secteur non exportateur (construction d’infrastructures par exemple), et provoquer une hausse générale des prix dans le pays (et une hausse du taux de change réel). Cette hausse des prix se fera au détriment du secteur exportateur le moins compétitif, qui devra payer ses fournisseurs et ses employés plus cher (désindustrialisation indirecte). Les prix à l’exportation de celui-ci augmenteront, alors que ceux des secteurs exportateurs resteront fixés par le marché international.
Le secteur peu compétitif soumis à la concurrence internationale est donc touché, et donc se réduit.
Effets sur le taux de change
La hausse des exportations de matières premières se traduit, dans un premier temps, par une hausse des exports globaux, donc par une appréciation de la monnaie locale (amélioration des termes de l’échange), qui pénalise l’industrie locale soumise à la concurrence internationale (perte de parts de marché), jusqu’à atteindre un nouvel équilibre où les flux d’import sont de nouveau approximativement égaux aux flux d’export.
Fin de la rente
Lorsque la rente des matières premières diminue (épuisement, baisse des cours…), les industries soumises à la concurrence internationale, dont les capacités de production ont diminué, ne se reconstituent que lentement.
Exemples historiques de maladie hollandaise
- Espagne au XVIe siècle : apport d’or et autres richesses d’Amérique ;
- Australie au XIXe siècle : ruée vers l’or ;
- Pays-Bas dans les années 1960 : découverte de gigantesques gisements gaziers ;
- Algérie depuis les années 1970 : La balance commerciale de l’Algérie demeure fortement tributaire des revenus que génère la vente du pétrole et du gaz qui constituent à eux seuls plus de 97 % du volume global des exportations en 2007[2] ;
- Nigéria depuis les années 1960 : paupérisation de la population malgré l’exploitation grandissante du pétrole et du gaz ;
- Mexique dans les années 1970 à 1980 : boom pétrolier ;
- République démocratique du Congo : s’est accentué après les pillages des années 1990. Le coltan et la cassitérite notamment, présents au Kivu, sont sans doute pour bonne part dans les troubles de la région[3]. Le Rwanda fut ainsi un des principaux exportateurs mondiaux alors que ces minerais ne sont que peu ou pas présents sur son territoire.
Situation courante
- Économie de la Norvège à partir de 1980 : contre-exemple de la maladie hollandaise : les rentes pétrolières sont placées dans le fonds souverain Government Pension Fund-Global et non consommées directement, ce qui permet au reste de l’économie de ne pas être assommé par un taux de change trop apprécié. Le Koweït a également adopté une politique équivalente de création de fonds et de diversification de l’économie (réseau de distribution Q8, création du premier fonds souverain en 1953, le Reserve Fund for Future Generation).
- Probable commencement de maladie hollandaise en Russie avec le pétrole à partir de 2005[4],[5], et au Canada avec le pétrole des sables bitumineux, à partir de 2005[6],[7].
- Islande, suite à l’effondrement du secteur financier en 2008, surreprésenté dans l’économie jusque-là.
Notes et références
- Corden, Neary. cf. page 1 de
- article en ligne. Samira G., Algérie : La facture alimentaire plombe la balance commerciale, in le Maghreb, 21 février 2008,
- L’exportation frauduleuse des minerais de la RDC - le pillage économique - Pressafrique.com.
- (en) Russian manufacturing and the threat of "Dutch disease" - A comparison of competitiveness developments in Russian and Ukrainian industry, OCDE, janvier 2007.
- (en) « Dutch Disease Hits Russia », journal Russia if Global Affairs, 2005.
- (en) Serious Risk of Dutch Disease[PDF], étude de COMPAS Inc., 2005.
- lexique, revue canadienne Le Multilatéral.
Sources
- (en) W. Max Corden, J. Peter Neary, Booming Sector and De-Industrialisation in a Small Open Economy, The Economic Journal, vol. 92, no 368 (Décembre 1982), p. 825-848
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dutch disease » (voir la liste des auteurs)
Catégories :- Développement économique
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