- Makéda
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Reine de Saba
Pour les articles homonymes, voir Saba (homonymie).La reine de Saba ou de Seba Abderazek (en arabe ملكة سبأ, malika S-Sabaʾa), est un personnage légendaire que l'on retrouve dans plusieurs récits et qui aurait régné sur le royaume de Saba, situé approximativement entre le Yémen et l'Éthiopie.
Toutes les sources ne racontent pas les mêmes anecdotes ni les mêmes détails de la rencontre entre la reine de Saba et Salomon à Jérusalem. La reine est, dans tous les cas, décrite comme une femme sublime, et considérée comme un personnage d'une profonde sagesse et d'une haute intelligence par certains, et comme une magicienne tentatrice par d'autres.
Sommaire
Appellations
Différents prénoms lui sont attribués selon les sources. Ainsi, les traditions éthiopiennes l'appelleraient Makéda, celles du Yémen Balqama, et celles de l'islam Balqis ou Bilqis (du grec ancien pallax, pallakis : concubine). Par ailleurs son nom est une translittération de l'hébreu שְׁבָא, dont l'orthographe peut varier fortement. Dans la Bible traduite par Louis Segond, on lit ainsi Seba et non Saba.
Dans le Nouveau Testament, l'Évangile selon Luc l'évoque et l'appelle « Reine de Midi » (11 : 31). Dans le Coran elle apparait dans la sourate 27 et on apprend dans un hadith, c'est-à-dire à travers les propos du prophète de l'islam Mahomet, qu'elle s'appelle Balqis. Certains la dénomment également Cassiopée, l'associant à la reine éthiopienne du même nom dans la mythologie grecque. D'autres récits divers se sont ensuite amalgamés.
Récits des textes religieux
Le chapitre 10 du Premier livre des Rois raconte dans la Bible hébraïque la venue de cette reine dans le royaume d'Israël et sa rencontre avec le roi Salomon.
Le récit de la Bible hébraïque raconte en 13 versets les riches cadeaux (or, pierres précieuses et parfums) de la reine de Saba, puis comment elle fut impressionnée par le faste du palais et de la cour de Salomon, puis par sa grande sagesse après l'avoir éprouvée. Elle eut « le souffle coupé » après avoir assisté aux services rendus à Dieu dans le Temple de Jérusalem. Elle loua la sagesse de Salomon et Dieu qui l'avait choisi pour régner sur Son peuple. Puis elle retourna dans son pays.
Jésus de Nazareth la compare dans l'Évangile selon Luc aux Juifs refusant de croire en lui, afin de condamner ces derniers qui ne daignent pas même l'approcher là où la Reine de Saba avait parcouru une grande distance pour aller visiter Salomon, alors que le Christ est plus important que Salomon et mériterait donc plus d'efforts encore[1].
Pour le Coran, la reine n'était pas fidèle à Dieu et son peuple se prosternait devant le soleil et les idoles (chapitre 27 - verset 23 à 25). C'est pour cela que Salomon l'avait invitée (chapitre 27 - verset 28 à 31). Puis elle s'est convertie à « la foi dans la Dieu unique » (Chapitre 27 - verset 45). Le nom « Balqis » n'est nullement cité dans le Coran mais dans des hadiths.
La légende
On trouve en fait beaucoup de légendes sur elle, en particulier dans le Kebra Nagast, dont la version définitive se situe au XIVe siècle. Il se dit la traduction d'un original copte retrouvé avant 325 dans les trésors de Sainte-Sophie de Constantinople, reprenant les récits du Tanakh/Ancien Testament, enrichis d'une longue histoire établissant comment la domination d'une moitié de l'univers a été promise aux rois d'Éthiopie descendants de Salomon. Pour beaucoup d'archéologues, cela ne serait qu'une légende à valeur métaphorique, fondamentale pour l'Église copte éthiopienne, mais il existe une tribu de Juifs éthiopiens, appelée Falashas, qui est parfois considérée comme celle des descendants de Salomon et de la reine de Saba, bien qu'eux-mêmes réfutent cette thèse. Des historiens pensent que la légende aurait été utilisée à des fins politiques au XIVe siècle afin d'assurer la stabilité de l'État éthiopien, et le serait encore : Hailé Sélassié a prétendu pendant des années descendre du roi Salomon et de la reine de Saba.
Le texte de la Bible (Rois 10, 1-13) veut qu'elle se soit rendue à la cour du roi Salomon, apportant à Jérusalem de nombreux présents en prevenance d'Ophir, afin d'éprouver la sagesse de Salomon par des énigmes. Il trouva les réponses à toutes ses questions, et l'impressionna fortement.
Par exemple, d'autres récits racontent qu'il parvint à reconnaître une unique fleur naturelle parmi un bouquet de fleurs artificielles remarquablement réalistes, en utilisant une abeille. Salomon la testa également, d'après le Coran, en la faisant entrer par une porte de son palais faite de verre et de marbre bleu. Le sol imitait si bien l'eau à cet endroit que la reine fut trompée, et pour passer l'eau factice elle remonta sa robe, dévoilant ses jambes… Ces récits ajouteraient que le roi Salomon aurait ainsi voulu vérifier si elle n'avait pas, comme certains le prétendaient, des jambes de bouc ou d'âne[réf. nécessaire].
On raconte, en s'inspirant de la tradition coranique, qu'elle était si belle que Salomon lui proposa de l'épouser, ce qu'elle refusa, car il en avait déjà de nombreuses, alors qu'elle voulait être l'unique femme d'un homme. Il lui promit alors de ne rien lui demander, si elle acceptait de ne rien prendre dans son palais. Dans le cas contraire, il aurait le droit de faire une demande qu'elle ne pourrait qu'exaucer. Elle accepta. Mais un soir, après avoir assisté à un banquet où la nourriture avait été particulièrement épicée, elle ne put dormir tant elle avait soif. Il n'y avait rien à boire dans ses appartements, aussi se mit-elle à marcher dans le palais. Or dans le palais courait un ruisseau qui avait été détourné exprès. Il lui permit de se désaltérer, mais quand la reine eut fini de boire, elle découvrit Salomon qui l'observait. Celui-ci lui rappela sa promesse, et lui demanda de partager sa couche.
Elle accepta finalement de se convertir et resta aux côtés du roi pendant six mois, avant de se résoudre à rentrer dans son royaume. Elle y mit au monde un fils, né de son union avec Salomon : Ménélik (ou Ibn el Hakim), qui se rendit plus tard à Jérusalem pour se faire reconnaître de son père, après quoi la dynastie éthiopienne qu'il avait fondée prit le nom de salomonide.
Légende maçonnique
Selon une légende maçonnique, probablement très récente (XIXe), Salomon était expert en exorcismes et avait une connaissance jamais égalée des forces agissant dans la nature. Il aurait été le plus grand mage de tous les temps. Cependant, il ignorait totalement l'art de la construction. L'Éternel lui aurait alors donné des instructions pour construire un temple où serait conservée l'arche d'alliance, mais ni Salomon ni aucun homme de son lignage ne réunissait les compétences nécessaires pour transformer les plans en édifice. Il dut faire appel à un architecte du nom de Hiram.
La Bible disait que l'œuvre et le talent de Hiram avaient une grande renommée (I Rois, 7:13). La légende ajoute qu'elle s'était répandue dans tous les pays et des souverains d'autres royaumes venaient de très loin pour voir ces chantiers. C'est ainsi que parmi eux arriva la reine de Saba.
Salomon décida que « la plus belle femme du monde » devait être sienne. Il lui offrit des cadeaux somptueux et il l'étonna avec des rites magiques. La reine, bien qu'émerveillée, avant de dire oui pour les noces, demanda à voir le temple en construction. Salomon la conduisit au chantier, mais il semblait abandonné. La reine demanda à voir les ouvriers. Salomon eut beau taper les mains et crier, les ouvriers ne répondirent pas à ses appels.
La reine demanda à rencontrer le maître d'ouvrage. Salomon le lui présenta fut aussitôt fascinée. Au commandement de l'architecte, en un seul mot, un seul geste, des légions d'ouvriers accoururent au travail, sans aucun bruit. La reine tomba amoureuse du bâtisseur et rompit ses fiançailles avec Salomon.
Alors on reprend la légende commune aux Francs-Maçons : trois compagnons, jaloux de ses connaissances et désireux d'évincer le Maître, complotèrent (avec Salomon ?). Ils lui tendirent une embuscade dans le temple, et chacun le frappa tour à tour avec les outils de compagnon. Hiram mourut sans révéler les secrets du grade de maître.
La légende maçonnique ne précise pas dans quelles circonstances la reine quitta Jérusalem, mais ce qui est certain, c'est qu'elle n'y revint jamais. Certains prétendent qu'elle eut un fils de Salomon qui se nommait entre autres Baena (ou Bayyina, « la preuve claire »), peut-être celui qu'on nomme Ménélik. La légende introduisant la reine de Saba complète la légende commune afin d'introduire un personnage féminin et animer les débats de la franc-maçonnerie féminine qui a pris corps au XIXe siècle.
La version commune est romancée dans la dernière partie du Voyage en Orient de Gérard de Nerval, intitulée Les conteurs.
Découvertes archéologiques
Lors de fouilles dans le désert au nord du Yémen, un temple vieux de 3 000 ans, nommé Mahram Bilqis (temple du dieu Lune) a été découvert[2]. Selon les archéologues, il s'agit d'un site sacré utilisé par les pèlerins entre -1200 et 550. Le temple est situé près de l'ancienne ville de Marib, capitale du Royaume de Saba selon la Bible et la tradition musulmane, et pourrait constituer une preuve de l'existence de la reine de Saba.
Le 7 mai 2008, des archéologues de l'université d'Hambourg ont reporté qu'ils auraient découvert le palais de la reine de Saba en Éthiopie[3]. Les vestiges retrouvés se situent en dessous du palais d'un roi chrétien. Il semblerait qu'une première version du palais a été remplacé par un bâtiment orienté vers l'étoile de Sirius, dont la reine de Saba et son fils Ménélik étaient devenu adorateurs selon la bible.
Dans l'art
Peinture
L'embarquement de la reine de Saba de Claude Lorrain
Sculpture
La Reine de Saba à la cathédrale Notre-Dame de Reims
Musique
Opéra
- Georg Friedrich Haendel, oratorio Solomon (1749)
- Charles Gounod, La Reine de Saba (1862)
- Károly Goldmark, Die Königin von Saba (1875)
Ballet
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- Ottorino Respighi, Belkis, regina di Saba (1930-31)
Cinéma
Le personnage de la reine de Saba a beaucoup inspiré les réalisateurs; on peut citer :
- 1921 : La Reine de Saba, film américain de J. Gordon Edwards ;
- 1952 : La Reine de Saba, film italien de Pietro Francisci ;
- 1959 : Salomon et la reine de Saba, film américain de King Vidor, avec Gina Lollobrigida.
Gastronomie
Reine de Saba est également le nom d'un gâteau au chocolat.
Notes et références
Liens externes
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