Maitre de justice

Maitre de justice

Maître de Justice

Le Maître de Justice (en hébreu מורה צדק‎) est un personnage qui apparaît dans certains des manuscrits de la Mer Morte et qui serait le fondateur du mouvement sectaire installé sur les rives de la Mer Morte à Qumran.

Les textes de Qumran qui décrivent la vie de la secte ne mentionnent pas de noms propres. Ils leur préfèrent des épithètes tels que :

  • le Maître de Justice
  • l'Homme de la Raillerie
  • l'Homme du Mensonge
  • les Traîtres
  • le Prêtre Impie (en hébreu, Grand Prêtre se dit Kohen haRosh. Kohen haRasha, qui signifie "Prêtre Impie", est ici un jeu de mot)
  • les Chercheurs de flatterie
  • Le Lion de la Colère
  • le Chef des Rois de Yavan

Parmi ces qualificatifs, le Maître de Justice a fait l'objet de nombreuses suppositions quant à son identification à un personnage historique. On sait d'après les textes que le Maître de Justice était un personnage vénéré par la secte et qו'il aurait été victime du Prêtre Impie. Il est probablement le fondateur, ou plutôt le re-fondateur du mouvement, car il semble que le mouvement existait déjà avant l’arrivée du Maître de Justice. Le Document de Damas dit en effet :

Mais ils [les membres de la secte] furent comme des aveugles, comme des gens qui cherchent leur chemin en tâtonnant pendant 20 ans. Et Dieu considéra leurs œuvres […] et il leur suscita un Maître de Justice

La durée de 20 années écoulées avant l’arrivée du Maître ne doit cependant pas être prise trop littéralement. Elle peut aussi avoir une signification symbolique.

Il n’y a pas de consensus sur l’identité du Maître ni sur les dates de son existence. Son vrai nom n’est peut-être pas mentionné dans les sources anciennes, ce qui rendrait impossible son identification. Les différentes propositions sur son identification à un personnage connu dépendent de l'époque à laquelle on fait remonter la fondation de la secte. L'hypothèse qui date la vie du Maître de Justice du début du IIème siècle l'identifie au Grand Prêtre Onias III, déposé en -175 par Antiochus IV Epiphane, puis assassiné en -170 dans son exil de Syrie à l'instigation de son successeur Ménélas, auquel il ne ménageait pas ses reproches. Onias III serait donc le Maître de Justice et Ménélas le Prêtre Impie. On sait qu'Onias III fut le dernier grand prêtre légitime de la descendance de Sadoq (grand prêtre de Salomon, le fondateur du Temple de Jérusalem). Les esséniens, qui se déclaraient « fils de Sadoq », seraient donc les partisans légitimistes d'Onias III, avant tout des gens de race sacerdotale, ou les alliés de ces derniers. Cela expliquerait leur fidélité fondamentale à la religion de leurs ancêtres juifs, et leur vénération extrême à l'égard du Temple de Jérusalem, dans lequel pourtant ils ne célébraient pas, parce qu'ils l'estimaient occupé par des usurpateurs. Pour la même période, une autre hypothèse identifie le Maître de Justice à Yosé ben Yoezer. Le Prêtre Impie serait alors le Grand Prêtre Alcime[1].

L'hypothèse qui place la création de la secte à la fin du IIème siècle lors de la Révolte des Macchabées propose que le Maître de Justice serait un prêtre opposé à la confiscation de la fonction de Grand Prêtre par les premiers souverains hasmonéens, Jonathan ou Simon, l'un des deux occupant alors le rôle de Prêtre Impie[2] .

Une troisième hypothèse place la fondation de la secte plus tardivement, au Ier siècle, sous Alexandre Jannée ou lors de la guerre civile entre ses fils Hyrcan II et Aristobule II. Le Maître de Justice serait dans ce cas un sadducéen victime des persécutions des pharisiens et Alexandre Jannée[3] ou Hyrcan II[4] occuperaient le rôle de Prêtre Impie.

Des noms plus fantaisistes, mettant en avant un lien supposé avec les premiers chrétiens, ont également été avancés, tel que Jacques le Juste, le Prêtre Impie étant alors Paul de Tarse.

Notes et références

  1. Jacqueline Genot-Bismuth, Le scénario de Damas. Jérusalem hellénisée et les origines de l’essénisme, Paris, éditions François-Xavier De Guibert, 1992
  2. Franck Moore Cross, « Le contexte historique des manuscrits », dans L'aventure des manuscrits de la mer Morte sous la direction d'Hershel Shanks, Editions du Seuil, 1996 (ISBN 2-02-054952-2)
  3. Flusser, Le secte de la mer Morte, Desclée de Brouwer (ISBN 2-220-05143-9)
  4. André Dupont-Sommer, Les écrits esseniens découvertes près de la mer Morte Payot, Paris, 1960 (ISBN 2-228-89043-X)

Voir aussi

Bibliographie

  • (he) Hanan Eshel, Les manuscrits de la mer Morte et l'état hasmonéen, Yad Ben-Zvi, Jérusalem, 2004 (ISBN 965-217-231-3)


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