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John McCloy
John J. McCloy, né le 31 mars 1895 à Philadelphie en Pennsylvanie, mort le 11 mars 1989 à Stamford dans le Connecticut, était juriste et banquier américain au service des « sept sœurs », les sept compagnies pétrolières les plus puissantes du Monde; il devint plus tard un éminent conseiller auprès des présidents des États-Unis, connu pour son opposition aux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est au centre de nombreuses polémiques pour ses liens avec les majors du pétrole et l’influence qu’il a pu exercer sur l’administration américaine[1].
Sommaire
Carrière
McCloy fut diplômé en 1919 à Amherst College, et reçu ensuite un Bachelor of Laws de l'école de droit de Harvard en 1921. Il fut avocat au cabinet Cravath et assistant du secrétaire d'État à la Guerre de 1941 à 1945, période pendant laquelle il fut remarqué pour son opposition au bombardement atomique du Japon[2]. Il présida également le "Combined Committee of Civil Affairs" où siégeaient également les Britanniques.
De mars 1947 à juin 1949, il a été président de la Banque mondiale. En 1949 il remplaça Lucius D. Clay, qui était gouverneur militaire pour la Zone d'occupation américaine en Allemagne, comme Haut commissaire à la Haute commission alliée en Allemagne et garda cette position jusqu'en 1952, période pendant laquelle il fournit une couverture à des vingtaines d'agents de la CIA[3] et supervisa le retour de l'Allemagne au statut d'État (signataire pour les États-Unis de l'accord de Petersberg). Sous sa direction, une vaste campagne de réconciliation et de commutation des peines de criminels nazis eu lieu, incluant celles d'importants industriels comme Friedrich Flick et Alfried Krupp. Quelques-unes des personnalités mineures furent rejugées et condamnées dans la nouvelle Allemagne de l'Ouest. Son successeur comme Haut Commissaire fut James B. Conant; le travail fut terminé en 1955.
Après cette période, McCloy fut président de la Chase Manhattan Bank des Rockefeller de 1953 à 1960, président de la Fondation Ford de 1958 à 1965; il fut aussi administrateur de la Fondation Rockefeller de 1946 à 1949, et à nouveau de 1953 à 1958, avant de reprendre sa fonction chez Ford. De 1954 à 1970, il fut président du Council on Foreign Relations, un think tank de New-York, auquel lui succéda David Rockefeller, lequel travaillait conjointement avec lui à la banque Chase. McCloy fut longtemps associé à la famille Rockefeller, liens qui remontent à ses années passées à Harvard quand il enseignait aux jeunes frères Rockefeller comment naviguer. Il était aussi membre du Comité Draper, créé en 1958 par Dwight D. Eisenhower.
Il fut plus tard employé comme conseiller auprès de John F. Kennedy, Lyndon Johnson, Richard Nixon, Jimmy Carter, Ronald Reagan, et aussi principal négociateur au Comité Présidentiel au Désarmement. En 1963, il fut récompensé par la prestigieuse Sylvanus Thayer, remise par l'Académie militaire de West Point pour services rendus à la Nation.
Il fut choisi par Johnson pour travailler à la Commission Warren, la Commission présidentielle sur l'assassinat du Président Kennedy, en 1963. Notamment, il fut initialement sceptique sur la théorie d'un tireur isolé, mais au printemps 1964, un voyage à Dallas sur les lieux de l'assassinat avec Allen Dulles (un de ses vieux amis et collaborateur de la commission), le convainquit que c'était le cas de Lee Harvey Oswald. Seul éminent avocat parmi les 7 membres de la Commission, il obtint un consensus final, échappant à une minorité de contestataires. Il établit que toute preuve possible de conspiration était hors d'atteinte pour les agences d'investigations américaines - principalement le FBI et la CIA - ainsi que pour la commission elle-même.
Une mise en cause dans le choix des priorités américaines durant la Seconde Guerre mondiale
En tant qu'assistant du secrétaire d'État à la Guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, John J. McCloy eu un rôle majeur dans la gestion des priorités de l'armée américaine. Le Département de la Guerre fut supplié, jusqu'à la fin de 1944 et pour aider à sauver les prisonniers des Nazis, d'ordonner le bombardement des lignes de chemin de fer qui menaient à Auschwitz et à ses Chambres à gaz. McCloy répondit que seule de grosses bombes seraient capables d'atteindre ces sites à partir de l'Angleterre, que celles-ci seraient trop vulnérables et qu'elles étaient nécessaires ailleurs. Toutefois, seulement quelques mois plus tard, les Alliés bombardaient les centres industriels à quelques kilomètres des camps d'extermination, et causèrent apparemment régulièrement des dégâts aux infrastructures d'Auschwitz, sans avoir à déplorer trop de pertes humaines. A une autre occasion, toujours pour répondre à une demande de bombardement des chambres à gaz, McCloy déclara que la décision finale sur la sélection des cibles à détruire, y compris par les avions Américains, incombait aux seuls Britanniques. Cette affirmation était incorrecte. Dans une interview de 1986 (trois ans avant sa mort) avec Henry Morgenthau 3e du nom, McCloy déclara que la décision de ne pas bombarder Auschwitz émanait du président Franklin Delano Roosevelt, et qu'il (McCloy) n'avait servi que de façade[4]. Ceci parait plausible au regard des réactions d'antipathie de Roosevelt à l'égard de l'holocauste[Quoi ?], mais reste hypothétique.
Un ami de la France libre
John Mac Cloy, ami personnel de Jean Monnet, contribua pour beaucoup à la reconnaissance par les États-Unis du Comité français de la Libération nationale (CFLN). Selon Louis Joxe[5] : "un esprit large, ouvert et généreux inspirait [Mac Cloy]. Il ne cessa de veiller sur nous".
Notes
- ↑ La Face cachée du pétrole, Éric Laurent
- ↑ John McCloy and the Atomic Bombing of Japan
- ↑ Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, Frances Stonor Saunders, p. 151.
- ↑ Beschloss
- ↑ Citation in Margairaz,1991, p.761
Voir aussi
Articles connexes
- Postérité de la Seconde Guerre mondiale, paragraphe 1 : Collaboration entre Nazis et industriels
- industriels producteurs d’armements
Bibliographie
- Michel Margairaz, 1991, L'État, les finances et l'économie: Histoire d'une conversion (1932-1952), Comité pour l'Histoire Economique et financière de la France
- Frances Stonor Saunders, 2003, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, Editions Denoel, Paris.
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