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Léger-Félicité Sonthonax
Léger-Félicité Sonthonax Naissance 1763
OyonnaxDécès 1813 (à 50 ans)
OyonnaxNationalité France Profession(s) Girondin abolitionniste Léger-Félicité Sonthonax, né le 7 mars 1763 à Oyonnax où il est mort le 23 juillet 1813, est un révolutionnaire français girondin. Il fut le premier abolitionniste de l’esclavage français.
Sommaire
Jeunesse
Fils d’un négociant aisé, Sonthonax fit des études de droit et était avocat au Parlement de Paris en 1789, quand débuta la Révolution française. Il était d’un caractère enthousiaste – que certains qualifiaient de brouillon – et tranché – que les mêmes qualifiaient de sectaire.
Il développa une activité de journaliste où il défendit les thèses abolitionnistes portées par la Société des amis des Noirs. Il se lia d’amitié avec l’un de ses fondateurs, Jacques Pierre Brissot, le chef de file de ceux qu’on appellera les Girondins.
Saint-Domingue
En août 1791, une révolte d’esclaves avait éclaté dans la partie nord de Saint-Domingue, au cœur de l’économie sucrière de la plus riche colonie française. Saint-Domingue était également ravagée par des conflits entre colons blancs et personnes de couleur libres (mulâtres ou noirs affranchis), ainsi qu’entre ceux qui soutenaient la Révolution et ceux qui souhaitaient le rétablissement de l’Ancien Régime ou l’indépendance de l’île.
Après avoir longtemps écouté les thèses des colons esclavagistes, l’Assemblée législative fut sensible aux arguments des Brissotins et, le 4 avril 1792, elle accorda la pleine citoyenneté à tous les libres de couleur. Elle décida d’envoyer une commission civile aux pleins pouvoirs, avec mission d’imposer cette loi controversée, de rétablir l’autorité de la France et d’inciter les esclaves à retourner aux plantations. Sonthonax en fit partie avec Étienne Polverel et Ailhaud.
À son arrivée, le 18 septembre 1792 (quatre jours avant la proclamation de la République) Sonthonax découvrit que la plupart des blancs étaient dévorés par la haine raciale. Il reçut de leur part, ses écrits étant connus, un accueil glacial. Il décida alors de s’allier avec les libres et imposa ainsi son autorité par la force. Il prononça la dissolution l’assemblée coloniale exclusivement composée de blancs et, entré à Port-au-Prince, la capitale frondeuse, en avril 1793, il exila plusieurs extrémistes blancs qui n’acceptaient pas l’égalité avec les libres. De même, il parvint à contenir l’insurrection des esclaves du Nord. Les chefs de ceux-ci se réfugièrent dans la partie est de l’île, colonie espagnole.
Guerre avec l’Angleterre
La guerre à l’Angleterre et l’Espagne en février 1793, suite à l’exécution de Louis XVI, présenta un nouveau problème pour les commissaires civils. En quelques mois, la plus grande partie de Saint-Domingue fut occupée. De plus, de nombreux colons s’allièrent à l’un ou l’autre de ces pays, émigrant ou prenant les armes. En juin, Galbaud, le nouveau gouverneur royaliste, soutint une émeute de blancs au Cap-Français.
Sonthonax et Polverel décidèrent alors de s’appuyer sur les noirs. Le 21 juin, ils proclamèrent la liberté à tous les esclaves qui se battraient pour la République. Des bandes d’esclaves révoltés envahirent et incendièrent Le Cap. Galbaud s’enfuit avec des milliers de blancs. Le 29 août 1793, Sonthonax prit une mesure radicale, qui représente l’un des événements les plus importants de l’histoire des Amériques ; il décréta l’abolition générale aux esclaves de la province du Nord (assortie néanmoins du devoir de reprendre le travail sur les plantations pour ceux qui ne combattaient pas). Dans son décret, il affirmait que sa mission était de « préparer graduellement, sans déchirement et sans secousses, l’affranchissement général des esclaves ». Au même moment, Polverel abolissait l’esclavage dans l’Ouest. Le 4 février 1794, la Convention ratifia cette décision dans l’enthousiasme en abolissant l’esclavage dans toutes les colonies françaises.
Les esclaves ne se rallièrent pas immédiatement à Sonthonax et les colons blancs continuèrent, avec l’appui de plusieurs libres opposés à l’abolition de l’esclavage, de combattre l’autorité de la République. Sonthonax tenta de persuader les chefs des esclaves révoltés du Nord de rejoindre le camp républicain. Ce ne fut que début mai 1794 que Toussaint Louverture et ses corps disciplinés et aguerris se joignirent à lui (avant d’apprendre que la métropole avait ratifié l’émancipation).
Les partisans des colons à Paris en profitèrent pour plaider contre l’arbitraire des commissaires civils auprès de la Convention. Ayant attiré contre eux une partie des conventionnels ayant des intérêts dans les îles, Polverel et Sonthonax furent mis en accusation. Ayant reçu leur ordre de comparution, ils durent quitter l’île le 14 juin 1794.
Sonthonax se défendit devant une commission dirigée par Garran Coulon. Il argua du fait que ni les colons, ni les personnes libres de couleur, qu’il avait été envoyé défendre à l’origine, n’étaient plus fidèles à la France ; il réclama que la République plaçât sa confiance dans les « citoyens du 29 août » : les esclaves libérés. Ayant reçu gain de cause le 25 octobre 1795, Sonthonax fut nommé par le Directoire à la tête de la troisième commission civile le 23 janvier 1796. Il retourna à Saint-Domingue où Toussaint Louverture œuvrait à consolider son propre pouvoir.
Retour en France
Sonthonax ne voulant pas de la décolonisation, le général noir s’arrangea pour le faire élire député de Saint-Domingue au Corps Législatif en septembre 1796. Sonthonax, conscient de la manœuvre, tenta de rester. Toussaint Louverture saisit une occasion pour placer Sonthonax le 24 août 1797 sous escorte armée à bord d’un navire appareillant pour la France. Puis, délivré de tout contrôle, il entreprit le combat pour l’indépendance de son pays.
Rentré à Paris, Sonthonax siégea comme député de Saint-Domingue. Il y professa ses idées négrophiles. Quand Bonaparte prit le pouvoir, il l’arrêta et l’exila hors de Paris.
Il se réfugia dans sa ville natale où il mourut le 23 juillet 1813. Il avait épousé sa maîtresse, une mulâtresse du nom de Villevaleix.
Sonthonax est une figure controversée de la révolution haïtienne. Ses critiques (y compris les historiens bien disposés envers Toussaint Louverture, Dessalines ou Rigaud) l’ont dénoncé comme vain, despotique et dissimulateur. Un des historiens les plus renommés d’Haïti, Thomas Madiou, a rapporté au milieu du XIXe siècle que les personnes âgées de son époque parlaient en bien de Sonthonax et affirmaient qu’il avait « servi à régénérer le nouvel affranchi ».
Références
- Marcel Dorigny, Léger-Félicité Sonthonax. La première abolition de l’esclavage : la Révolution française et la Révolution de Saint-Domingue, Saint-Denis, Société française d’histoire d’outre-mer, 2000 (ISBN 285970020X)
- (en) Robert Louis Stein Leger Felicite Sonthonax: The Lost Sentinel of the Republic, Rutherford, Fairleigh Dickinson Univ Press, 1985 (ISBN 0838632181)
Liens externes
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