- Luis Buñuel
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Luis Buñuel
Données clés Nom de naissance Luis Buñuel Naissance 22 février 1900
Calanda, Aragon (Espagne)Nationalité Espagnol
Mexicain (naturalisé)Décès 29 juillet 1983 (à 83 ans)
Mexico (Mexique)Profession Réalisateur et scénariste Films notables Un chien andalou Le Charme discret de la bourgeoisie Luis Buñuel, né le 22 février 1900 à Calanda (Aragon, Espagne), mort le 29 juillet 1983 à Mexico (Mexique), est un réalisateur et scénariste d'origine espagnole et naturalisé mexicain.
Il est le père du réalisateur Juan Luis Buñuel et de Rafael Buñuel.
Sommaire
Biographie
Enfance
Luis Buñuel est né à Calanda, petite ville d'Aragon, mais il n'y vivra pas longtemps. Peu de temps après sa naissance, sa famille déménage à Saragosse. Il restera cependant très attaché à son village natal, et y retournera régulièrement. Le relief rocailleux, les environs désertiques, le caractère rugueux des habitants de la région marqueront le comportement du futur artiste, comme l'illustre un de ses courts-métrages (Un chien andalou).
Il étudie chez les jésuites jusqu'à l'âge de quinze ans et reçoit une formation répressive qui le marqueront encore une fois de plus. « Les deux sentiments essentiels de mon enfance, qui perdurèrent avec force pendant l’adolescence, furent ceux d’un profond érotisme, tout d’abord sublimé dans une forte religiosité, et une constante conscience de la mort. » (Autobiografía, 1939).
Il regrettera toute sa vie de ne pas avoir pu jouer de la musique (il jouait du violon) en raison de sa surdité : « J’ai eu la chance de passer mon enfance au Moyen Âge, cette époque “douloureuse et exquise”, comme l’écrivait Huysmans. Douloureuse dans sa vie matérielle. Exquise dans sa vie spirituelle. Juste le contraire d’aujourd’hui. » (Mon dernier soupir, 1982).
Jeunesse
À 19 ans, il part vivre à Madrid pour commencer des études supérieures. Il rencontre Salvador Dali et Federico Garcia Lorca, apporte son soutien au mouvement dadaïste. En 1923, il fonde avec Federico Garcia Lorca, entre autres, l'Ordre de Tolède.
En 1925, il vient à Paris. Il se fait embaucher comme assistant réalisateur de Jean Epstein, sur le tournage, en 1926, de Mauprat puis, en 1928, de La Chute de la maison Usher.
Le surréalisme
En 1928, avec l'aide matérielle de sa mère, Luis Buñuel tourne son premier film Un chien Andalou dont le scénario est écrit avec Salvador Dalí. Dans un premier temps, ce film est projeté en privé pour Man Ray et Louis Aragon. Très enthousiastes, ces derniers demandent à Buñuel d'organiser une séance pour les surréalistes.
Le 30 novembre 1930, après la première projection du film L'Âge d'or, co-réalisé par Salvador Dalí (selon José Pierre : « Peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste »), la censure exige des coupes. Quelques jours après, la Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent le Studio 28 à Montmartre, Paris 18e, qui projette le film et propose dans son hall une exposition d'œuvres surréalistes. Ce saccage est le déclenchement d'une virulente campagne de presse contre les surréalistes, et le préfet de police Chiappe[1] fait saisir le film. En fait, seule la copie de projection sera confisquée et détruite, le négatif étant resté en la possession du vicomte de Noailles et de son épouse Marie-Laure, les mécènes du film. L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1980.
Du Chien andalou jusqu'à Cet obscur objet du désir, Luis Buñuel a construit une œuvre profondément marquée par le surréalisme. Ses films portent pratiquement tous, à des degrés divers, la marque du surréalisme, que ce soit dans la forme ou le discours. Le cinéaste surréaliste est celui qui « aura détruit la représentation conventionnelle de la nature […], ébranlé l'optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l'ordre existant » (Luis Buñuel).
Les États-Unis
Entre 1933 et 1935, Buñuel travaille pour des compagnies américaines. La guerre civile qui éclate en Espagne le bouleverse. Il participe à un documentaire pro-républicain Madrid 36, puis il se rend aux États-Unis. Il travaille à démontrer l'efficacité et le danger des films de propagande nazis (il utilise en particulier un film de Leni Riefenstahl).
Mais il ne cache pas son anticatholicisme et son marxisme et subit des pressions, notamment après la parution, en 1942, du livre de Salvador Dali La Vie secrête de Salvador Dali, où il est décrit comme seul responsable des aspects les plus controversés de L'Âge d'or. Il doit abandonner son poste au Museum of Modern Art de New York et s'exiler au Mexique.
Le Mexique
Il y reprend sa carrière de réalisateur, grâce au producteur Oscar Dancigers. Son premier film mexicain, la comédie musicale Gran Casino (1947), est un échec. Mais le second, une petite comédie avec Fernando Soler, Le Grand Noceur (1949), remporte un grand succès. Elle lui vaut aussi la réputation d'un cinéaste fiable, capable de respecter ses budgets. Dancigers lui suggère ensuite de s'intéresser à la vie des enfants de Mexico : Los Olvidados, présenté au Festival de Cannes 1951, remporte le prix de la mise en scène et remet Buñuel au premier plan. Tourments et La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz, ses meilleurs films mexicains sont pleins de référence au marquis de Sade, à la religion, à la bourgeoisie. Nazarin (1958) marque l'apogée de sa période mexicaine.
Retour en Europe
Buñuel se voit proposer un tournage en Europe : il s'agit de Viridiana, qui obtient la Palme d'or au Festival de Cannes 1961 mais surtout provoque de gros remous politiques, diplomatiques et religieux. Le régime de Franco, après avoir permis le tournage et accepté que le film représente l'Espagne au festival finit par l'interdire complètement. Les copies espagnoles sont saisies et détruites mais le film est distribué normalement en France. Le film n'est distribué en Espagne qu'en 1977, deux ans après la mort du caudillo.
Suivent L'Ange exterminateur, Le Journal d'une femme de chambre, adaptation du célèbre roman d'Octave Mirbeau. En choisissant de repousser de trente ans l'action du roman d'Octave Mirbeau, Luis Buñuel s'offre une belle vengeance sur ceux qui bâillonnèrent ses débuts dans les années 1930 : dans la dernière séquence du film, des manifestants « antimétèques » scandent effectivement « Vive Chiappe ! ». Après cette adaptation, Buñuel signe son dernier film mexicain, le surprenant Simon du désert. Il vient alors régulièrement tourner en France, en particulier pour des projets impliquant Jean-Claude Carrière, sa collaboration avec Buñuel durera dix-neuf ans jusqu'à la mort de Buñuel. Ses films sont toujours aussi puissants et en lutte contre la bourgeoisie dominatrice : La Voie lactée, Belle de jour. Il tourne Tristana en Espagne, à Tolède, malgré l'incident provoqué par Viridiana.
Buñuel choisit d'arrêter sa carrière de réalisateur en 1976 avec Cet obscur objet du désir.
Prix et distinctions
- Oscar du meilleur film étranger pour Le Charme discret de la bourgeoisie
- Satrape du Collège de 'Pataphysique
- Palme d'Or pour Viridiana
Filmographie
La période surréaliste
- 1929 : Un chien andalou
- 1930 : Manger des oursins, avec Salvador Dali
- 1930 : L'Âge d'or
Les films alimentaires et les films militants
- En Espagne :
- 1933 : Terre sans pain (Las Hurdes ou Tierra Sin Pan)
- 1935 : Don Quintin el amargo, signé par Luis Marquina, co-réalisé par L. Buñuel
- 1935 : La fille de Juan Simon (La hija de Juan simon), signé par José Luis de Heredia, co-réalisé par Luis Buñuel, Eduardo Ugarte, Nemesio Manuel Soldevilla
- 1936 : Quien me quiere a mi ?, réalisé par José Luis Saens de Heredia (scénario : L. Buñuel et E. Ugarte)
- 1936 : Centinela alerta !!, signé par Jean Grémillon (co-réalisé par L. Buñuel)
- 1937 : Espagne 37 (España Leal En Armas) signé par Jean-Paul Le Chanois, alias J.-P. Dreyfus, produit par Luis Buñuel
Les longs métrages
- 1946 : Tampico (Gran Casino)
- 1949 : Le Grand Noceur (El gran Calavera)
- 1950 : Los Olvidados (les Réprouvés / Pitié pour eux)
- 1950 Si usted no puede, yo si, de Julian Soler, scénario de L. Buñuel
- 1951 : Susana la perverse (Susana, demonio y carne)
- 1951 : Don Quintin l'amer (La Hija Del Engaño) 2e adaptation par Buñuel de la pièce de Carlos Arniches
- 1951 : Une femme sans amour ou Pierre et Jean (Una Mujer Sin Amor / Cuando los higos nos juzgan)
- 1952 : La Montée au ciel (Subida Al Cielo)
- 1952 : Les Aventures de Robinson Crusoé (Aventuras De Robinson Crusoe)
- 1953 : L'Enjôleuse (El Bruto)
- 1953 : Tourments (Él)
- 1953 : On a volé un tram (La Illusión Viaja En Tranvía)
- 1954 : Les Hauts de Hurlevent (Abismos de Pasión, Cumbres Borrascosas)
- 1954 : Le Fleuve de la mort (El Río y la Muerte)
- 1955 : La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz (Ensayo De Un Crimen)
- 1956 : Cela s'appelle l'aurore
- 1956 : La Mort en ce jardin (La Muerte En Este Jardín)
- 1958 : Nazarin
- 1959 : La fièvre monte à El Pao (Los Ambiciosos)
- 1960 : La Jeune Fille (La Joven)
- 1961 : Viridiana
- 1962 : L'Ange exterminateur (El Ángel Exterminador)
- 1963 : Le Journal d'une femme de chambre (1963), d'après le roman éponyme d'Octave Mirbeau
- 1964 : Simon du désert (Simón Del Desierto)
- 1967 : Belle de jour
- 1969 : La Voie lactée
- 1969 : Tristana
- 1972 : Le Charme discret de la bourgeoisie
- 1972 : Le Moine, réalisé par Ado Kyrou, scénario de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière, d'après le livre de Matthew Gregory Lewis
- 1974 : Le Fantôme de la liberté
- 1977 : Cet obscur objet du désir
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Luis Buñuel, Mon dernier soupir (autobiographie) co-écrit avec Jean-Claude Carrière (1982)
- Conversations avec Luis Buñuel par Tomas Perez Torrent et Jose de la Colina, édité par les Cahiers du Cinéma
- Marcel Oms, Don Luis Buñuel
- Ado Kyrou, Luis Buñuel
- Freddy Buache, Buñuel
- Fernando Cesarman, L'Œil de Buñuel
- Marie-Claude Taranger, Luis Buñuel, le jeu et la loi
- Maurice Drouzy, Luis Buñuel, architecte du rêve
- Entretiens avec Max Aub
- Goya de Buñuel, scénario de Buñuel présenté par Marielle Issartel, édité par Jacques Damase
Liens externes
- Luis Buñuel sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Videoartworld : The Masters Series (Films et documentaire en ligne)
- Portrait de Luis Buñuel par Claude Murcia
Notes et références de l'article
- Selon Le Journal d'une femme de chambre, les manifestants défilent en criant « Vive Chiappe ! »
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