- Lounda
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Royaume Lunda
Article connexe : Lundas.Le royaume Lunda ou empire Lunda (XVIe siècle ? - XIXe siècle) est un empire africain occupant l’actuel Katanga, l’Angola oriental et le nord de la Zambie, apparu dans l'historiographie européenne au XVIIe siècle et devenu royaume coutumier en 1909. Il s’agissait d’une confédération (lunda) de peuples de langue bantoue dont la plupart se considéraient comme apparentés, dirigée par un empereur (Mwata Yav, Mwant Yav ou Mwant Yamvo) désigné par un conseil. L’empire jouait le rôle de plaque tournante commerciale entre les régions avoisinantes, les Portugais et les Arabes ; il exportait principalement de l’ivoire, du cuivre et des esclaves, et importait des armes à feu et des tissus. Le swahili était la langue des nobles et des commerçants, qui connaissaient probablement aussi l’alphabet arabe. Après une brève prise de pouvoir par le peuple Chokwe vers 1880, le territoire fut divisé par les puissances coloniales à partir de 1884 et les dernières résistances sont annihilées en 1909. Le nationalisme Lunda continua néanmoins de se manifester, conjointement et en concurrence avec celui des Lubas, à travers des tentatives d’autonomie locale comme la sécession du Katanga au début des années 1960. Le peuple Lunda réside sur le territoire de l’ancien empire. On distingue parmi eux les Lundas de Kazembe, appelés Lundas de l’est, qui parlent une langue différente.
Autres transcriptions de Lunda (alliance, amitié) : Ruund, Uruund, Aruund, Ruwuund, Uruwuund.
Sommaire
Fondation
Selon la tradition, l’empire naquit au XVIe siècle lorsqu’un un groupe de population issu de l’empire Luba dirigé par Ilunga Tshibinda, frère ou neveu (et donc rival) de l’empereur Ilunga Kalala, émigra vers l’ouest et arriva sur la terre de la confédération Lunda ou Ba Lunda, située dans le Kasaï supérieur au sud-ouest du Katanga. Il y épousa la reine Lueji (Rwej), fille du roi Konde des Bungu, chef de la confédération, qui lui remit le bracelet sacré rukan, insigne de royauté. Leur fils Yao Nawedji (r. 1660 à 1675) prit le nom de Mwant Yav (vénérable Yav), qui restera le titre des souverains Lunda par la suite. Lueji, stérile dit-on, est la mère symbolique de l’empire et c’est une femme nommée Kamonga qui fut la génitrice de l’héritier. Le premier Mwant Yav étendit le royaume et nomma gouverneurs des chefs d’autres branches lunda, dont celui de Kazembe (Luapula, sud-est du lac Moero), groupe promis à une grande prospérité du fait de ses contacts privilégiés avec les partenaires commerciaux de l’empire. La tradition orale rapporte que les frères évincés de la reine Lueji furent à l’origine d’autres groupes de la confédération. Shinguli aurait fondé le royaume Imbangala sur le Kwango, affluent de la Kasaï, et Chiniama serait à l’origine des Luena et des Chokwe. Ses derniers prétendent avoir eu également Nakabamba, sœur de Lueji, comme Mère du royaume ; les Mpimin revendiquent Muadi Kapuk, parente de Lueji, comme Mère du royaume.
Expansion et commerce
L’empire se développa rapidement, aidé par le commerce et des expéditions militaires. Il s’agissait toujours d’une confédération dans laquelle l'empereur déléguait son pouvoir aux chefs politiques des différents groupes, appelés ayilol ; les plus périphériques, soumis lors de l’expansion, apportaient un tribut. L’empereur, qui présidait depuis la capitale Musumba (camp), était choisi par un conseil de sages ; la fonction n’était donc pas biologiquement héréditaire, mais le nouvel empereur reprenait le nom, la personnalité et la parentèle de l’empereur précédent, qui étaient ceux du premier Mwant Yav, assurant une continuité symbolique. Cette pratique, associée à la souplesse dans le choix de l’héritier effectif, aurait assuré à l’empire Lunda une stabilité qui a manqué à Luba.[1]
Lunda s’étendit vers l’actuel Angola, puis vers l’est jusqu’au lac Meore pour obtenir le cuivre, l’ivoire et le sel. Le commerce avec les Portugais débuta en 1650. À la fin du XVIIe siècle, ses comptoirs contrôlaient la distribution du cuivre dans l’est de l’Angola et le groupe du lac Meore et de la vallée du Luapula, Mwata Kazembe, fournissait du sel des marais de la Lufira et contrôlait l’ivoire et le commerce avec la côte est et la péninsule arabe. Au milieu du XVIIIe siècle, l’empire dominait l’étendue entre le lac Tanganyka et la rivière Kwongo. Le contrôle du commerce extérieur était alors devenu une fonction royale essentielle.[2] Les esclaves étaient vendus à Luanda (vers le Brésil) et dans les environs de Bangwelo (vers le Mozambique et Zanzibar, puis la péninsule arabe). Les importations principales étaient le tissu et les armes. La prospérité de l’empire atteint son apogée vers le milieu du XIXe siècle.[3]
En 1789, l’explorateur portugais Francisco Maria Cerdas avait visité l’empire Lunda et avait rapporté en Europe la nouvelle des richesses minières de la région.
Fin du XIXe et XXe siècle
Vers 1880, les Chokwe prirent pour un temps le contrôle de l’empire, mais bientôt les puissances étrangères intervinrent. Les troupes portugaises entrèrent depuis l’Angola en 1884. Lors de la Conférence de Berlin (1884-1885), la région fut pré-partagée entre l’Angola portugais (Lunda Norte, Lunda Sul et Moxico), le Congo belge (Katanga) et la Zambie (Kazembe-Zambèze). La région du Katanga ne fut réellement soumise qu’en 1909, après la capture et l'exécution des chefs rebelles. Sa tentative d’indépendance au début des années 60 fut impulsée par un frère du Mwant Yav Mushid III, Moïse Tshombe ; à cette époque, le parti conakat recrutait essentiellement chez les Lundas. Depuis, l’empire Lunda est devenu un royaume coutumier, dont le souverain actuel est le 28e Mwant Yav, Mwant Yamvo Kaumb II, dans le civil Benjamin Kaumb Diur Tshombe Sashilemb, avocat[4] Les Lundas vivent toujours dans la région du Katanga, de l’Angola oriental et du nord-Zaïre. Les descendants du groupe fixé au Kazembe sont nommés Lundas orientaux.
L'empereur
Le pouvoir est dit monarchique à obédience démocratique. L’empereur est choisi par un Conseil impérial composé de notables (a tubung) répondant à des critères spirituels, intellectuels, physique et moraux, et des représentants des Cours de toutes les autres tribus membres de l’empire. Ce conseil est lui-même sous l’autorité du Grand Conseil de l’impératrice Rwej, mère de l’empire. L’empereur doit rendre compte de toute action au Conseil impérial ; les décisions sont toujours collectives, prises après des longs débats, puis soumises au Culte de l’impératrice « N-a-Rwej » pour approbation et bénédiction. Les responsables du Culte transmettent la décision à l’empereur qui l’annonce publiquement et la fait appliquer. Ce dernier n’est donc qu’un exécutant, mais néanmoins un être sacré qui en porte les insignes, dont le principal est le bracelet de cuivre rukan (ou lukano) qu’il portera durant tout son règne, c’est–à-dire durant le reste de sa vie car « On meurt au pouvoir, pour le pouvoir et par le pouvoir au sein de la dynastie des Mwant-Yav de l’empire Lunda. ». Si l'empereur viole le serment sacré ou les lois qui font l’harmonie et la force de l'empire, ou se montre incompétent, il peut être mis à mort car il ne peut démissionner. Le rukan ne peut être retiré de son poignet qu’à sa mort, par l'impératrice Ruej qui seule a le droit de le toucher ; c’est en effet elle qui transmet le pouvoir par le biais des gardiens du Temple sacré. La transmission de pouvoir a lieu dans le sanctuaire du culte de l’Impératrice au cœur de l’île sacrée de Kwi’n Kalany. [5] Certaines de ces traditions relatives à la royauté remonteraient au 1er millénaire avant JC [6].
Malgré l'influence patrilinéaire luba, le régime royal lunda a toujours gardé une composante matrilinéaire, comme en témoigne le rôle de l’impératrice dans la transmission du pouvoir. Le roi avait traditionnellement deux mères, la Swan Murund (mère du côté droit), mère symbolique de la société perpétuant le rôle de Ruej, stérile, et la Rukonkesh (mère du côté gauche), reine-mère chargée d’élever les enfants et perpétuant le rôle de Kamonga. Avec la première et la deuxième épouses, nommées respectivement Muadi et Temena, elles constituaient les quatre dignitaires femmes les plus importantes de la Cour.[7]
Religion
Les Lundas croyaient en un dieu unique créateur de toutes choses, résidant au ciel, appelé Nzambi, auprès duquel reposent les défunts ; ils ne communiquaient pas directement avec lui mais par l’intermédiaire des ancêtres. Après un décès, ils effectuaient des danses imitant les mouvements d’un oiseau aquatique afin que l’âme de la personne s’envole au ciel car pour eux l’eau était symbole de vie.
Références
- ↑ Jan Vansina, Kingdoms of the Savanna
- ↑ Birmingham
- ↑ Library of Congress country studies
- ↑ Potentiel - Écho des provinces - 1er février 2005
- ↑ Informations provenant de la Cour luanda
- ↑ Luc de Heusch Le roi ivre ou l’origine de l’Etat
- ↑ monuc.org: La femme dans la société congolaise : de l'ascension à la perte de son pouvoir ::: 19/03/2004
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Harry Hamilton Johnston, Lawson Forfeitt et Emil Torday, George Grenfell and the Congo: A History and Description of the Congo Independent State and Adjoining Districts of Congoland, Together with Some Account of the Native Peoples and Their Languages, the Fauna and Flora; and Similar Notes on the Cameroons and the Island of Fernando Pô, the whole founded on the diaries and researches of the late Rev. George Grenfell, B.M.S., F.R.G.S.; and on the records of the British Baptist Missionary Society ; and on additional information contributed by the author, Hutchinson & Co., 1908
- (fr) Beatrix Heintze, « Le voyage d'exploration de Max Buchner au royaume lunda, 1878-1882 », Cahiers africains, 2004, n° 65-66-67, p. 333-364
- (fr) Alfredo Margarido, Introduction à l'histoire lunda, École pratique des hautes études, Paris, 1969, 308 p. (Mémoire)
- (fr) Édouard N'Dua, L'installation des Tutshokwe dans l'empire lunda 1850-1903, Lovanium, Kinshasa, 1971 (Mémoire)
- (fr) Ndaywel E. Nziem, « Le système politique luba et lunda : émergence et expansion », Histoire générale de l’Afrique, Vol 5 Chapitre 20, UNESCO
- (pt) Eduardo dos Santos, A questão da lunda : 1885-1894, Agência-geral do ultramar, Lisbonne, 1966, 413 p.
Liens externes
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