Louis René Madeleine Levassor de Latouche-Tréville

Louis René Madeleine Levassor de Latouche-Tréville

Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville

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Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville
Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville
Naissance 3 juin 1745
Rochefort
Décès 19 août 1804 Toulon
Origine France France
Arme marine
Grade Vice-Amiral
Service 1758 - 1804
Conflits Guerre de Sept Ans, Guerre d'Indépendance Américaine, Guerres de la Révolution
Commandement frégate l'Hermione, vaisseau le Tonnant, Flottille de Boulogne, Escadre de Brest, Escadre de la Méditerranée
Faits d’armes prises corsaires, combats contre Nelson
Distinctions chevalier de Saint Louis, Grand Officier de la Légion d'Honneur, Arc de Triomphe
Image : Louis-René Levassor de Latouche Tréville

Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville ou Louis-René-Madeleine Levassor, comte de Latouche-Tréville, 3 juin 1745 à Rochefort - 19 août 1804 à Toulon, marin français.

Sommaire

Biographie

Une formation maritime lors de la guerre de Sept Ans

Issu d’une famille de marins - son son père était chef d’escadre (~contre-amiral) et son oncle lieutenant général des armées navales (~ vice-amiral) - Latouche-Tréville entra dans la marine à 13 ans en 1758 comme Garde de la marine. Sur le Dragon commandé par son oncle, il est au combat de Belle Isle en Mer (1759). Il participe à plusieurs combats dans l’embouchure de la Charente en 1760 sur la Louise.

En 1762, il sert sur des chaloupes canonnières et participe à deux combats. Il effectue ensuite plusieurs campagnes vers la Guyane, Saint Domingue et la Martinique sur différents bâtiments.

Cavalier aux Antilles puis officier bleu à Rochefort

Bien que promu enseigne de vaisseau en septembre 1768, il quitte peu après la marine et rejoint les mousquetaires noirs puis devient capitaine de cavalerie et aide de camp du gouverneur de la Martinique. Il devient capitaine de dragons en 1771 puis de nouveau aide de camp. Il retourne finalement en France et rejoint de nouveau la marine. Il est capitaine de brûlot, c'est-à-dire « officier bleu » malgré son passé de garde de la marine, et sert essentiellement au port de Rochefort de 1773 à 1775.

La Guerre d’Amérique

Après une campagne en 1776 jusqu’aux États-Unis sur la flûte le Courrier, il est finalement réintégré dans le Grand Corps comme lieutenant de vaisseau. Il commande la corvette le Rossignol essentiellement pour des escortes de convois dans le golfe de Gascogne. Il s’empare de deux corsaires et de trois bâtiments de commerce, ce qui lui vaut d’être fait chevalier de l’ordre de Saint Louis en 1779. Il commande ensuite la frégate l’Hermione et conduit La Fayette jusqu’en Amérique. Il livre deux combats contre des frégates dans les eaux américaines (juin 1780 et mars 1781). Capitaine de vaisseau en juin 1781, il est sérieusement blessé lors d’un combat contre 4 frégates anglaises (juillet 1781). En 1782, il commande une division de deux frégates, l’Aigle et la Gloire, pour apporter 3 millions de fonds en Amérique. Il rencontre le vaisseau l’Hector, ancien vaisseau français pris par les Anglais, le combat et le coule en septembre de la même année. Mais, 10 jours plus tard, il rencontre une forte division anglaise et doit amener son pavillon. Il est alors conduit en Angleterre où il reste prisonnier jusqu’à la paix.

Ses services lors de la guerre d’Amérique lui vaudront d’être décoré de l’ordre de Cincinnatus.

Il est directeur adjoint des ports et arsenaux de 1784 à 1787, puis devient chancelier du duc d’Orléans en 1787.

Député au début de la Révolution et missions en Méditerranée

Il est élu député de la noblesse du bailliage de Montargis aux États Généraux, se rallie au Tiers état et vote l’abolition des privilèges le 4 août 1789.

Il commande le vaisseau le Languedoc (80 canons) en 1792 et assure même l’intérim du commandement de la flotte de Brest par manque d’officiers généraux (ils ont presque tous émigré). Il est chargé de commander la forte division au départ de ce port et à destination de la Méditerranée pour étoffer l’escadre de Toulon aux ordres du contre-amiral Truguet. Bien que toujours capitaine de vaisseau, il est chargé de commander une escadre de dix vaisseaux, les deux tiers des forces de la Méditerranée, pour effectuer une mission d’intimidation à Naples et obtenir les excuses du gouvernement Acton dont l’ambassadeur à Constantinople a intrigué pour faire refuser ses lettres de créances à l’ambassadeur de la République Française, Sémonville. Il effectue cette mission avec brio : embossant ses vaisseaux au long du littoral et menaçant de toute son artillerie le palais royal, il obtient en deux heures satisfaction. Repartant pour rejoindre Truguet au Sud de la Sardaigne, une tempête démâte le Languedoc et l’Entreprenant qui se retrouvent isolés et qui doivent retourner à Naples pour réparer. Malgré sa situation critique, les napolitains non seulement ne tentent rien contre lui, mais lui fournissent même les moyens de réparer les avaries des deux vaisseaux.

Il rejoint finalement la baie de Cagliari où il participe au bombardement de la ville et assiste impuissant à la panique des volontaires marseillais censés s’en emparer. Il s’entend assez mal avec Truguet, sensiblement moins expérimenté que lui, mais discipliné, il obéit aux ordres. Il apprend à cette occasion sa nomination comme contre-amiral avec effet à compter du 1er janvier 1793. Bien que 6 autres capitaines de l’escadre ait été simultanément promus, il demeure le commandant second des forces de la Méditerranée. Une fois de retour à Toulon, il se plaint de Truguet auprès du ministre Monge. Il est désigné pour prendre un commandement à Brest mais est dénoncé comme suspect, est emprisonné à la prison de la Force de septembre 1793 jusqu’au 9 Thermidor.

Sans affectation pendant de nombreuses années

Il est officiellement réintégré dans son grade mais ne reçoit aucune affectation. Il se livre alors à des activités agricoles, fait de très mauvaises affaires et accumule les dettes.

Hoche le demande pour remplacer Villaret Joyeuse (Louis Thomas Villaret de Joyeuse) au commandement de l’escadre devant conduire ses troupes en Irlande mais Truguet, devenu ministre, l’écarte, officiellement en raison de ses liens anciens avec la famille d’Orléans. Les ministres suivant, Pléville le Pelley (Georges-René Pléville Le Pelley) et Bruix vont l’ignorer de la même façon.

Le grand homme de la marine du Consulat

Il faudra le Consulat pour qu’enfin lui soit confié un nouveau commandement en 1800 : la flotte de Brest quelques mois puis la flottille de Boulogne en 1801. Par deux fois, les 5 et 15 août, il repousse les attaques de Nelson qui tente de détruire la flottille. Ce fut probablement les seuls échecs de la carrière de Nelson, ce qui vaudra un prestige considérable à Latouche Tréville que Bonaparte considère dès lors – et probablement à juste titre – comme son meilleur amiral. Il commande ensuite l’escadre de Rochefort et va rejoindre les forces de Villaret à Saint Domingue. Il s’empare de Port-au-Prince (1802).

Il est promu vice-amiral et rejoint la France pour prendre le commandement de la flotte de la Méditerranée en juillet 1803. Il prépare alors la grande flotte devant se rendre aux Antilles pour revenir se rendre maître de la Manche et permettre l’invasion de l’Angleterre. Mais, épuisé, il meurt à bord du navire amiral le Bucentaure en rade de Toulon, le 18 août 1804. Le ministre Denis Decrès le remplacera par… Villeneuve.

Son nom est sur l’Arc de Triomphe de l’Étoile (côté Nord)

Bilan

Latouche Tréville fut un marin exceptionnel ayant déjà acquis une solide expérience de combat dès la Guerre de Sept Ans. Il fut l’un des meilleurs capitaines de la guerre d’Amérique. Le fait qu’il n’ait pas été employé de 1795 à 1800 fut certainement une faute qui n’est pas à la gloire des différents ministres qui le considéraient tous comme un rival. Sa mort prématurée priva la marine de l’Empire de celui qui aurait pu être son grand homme. « Napoléon regrettait fort Latouche-Tréville; lui seul lui avait présenté l'idée d'un vrai talent; il pensait que cet amiral eût pu donner une autre impulsion aux affaires. L'attaque sur l'Inde, celle sur l'Angleterre, eussent été du moins entreprises, et se fussent peut-être accomplies. » (Las Cases.)

Latouche Tréville était franc-maçon : il était vénérable en 1793 de la Loge Les Disciples d’Heredom et de la Madeleine Réunis de Montargis.

Titres et honneurs

. Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis

. Grand officier de la Légion d’Honneur

. Grand officier de l’Empire

. Arc de Triomphe

Sources

« Louis-René-Madeleine de Latouche-Tréville », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource) . Georges Six : Dictionnaire biographique des Généraux et Amiraux de la Révolution et de l’Empire, Georges Saffroy éditeur, Paris 1934

. Dictionnaire des marins francs-maçons (sous la direction de Jean Marc van Hille, Éditions le Phare de Misaine, Nantes, 2008

. Auguste Thomazi : les marins de Napoléon

. Rémi Monaque : Latouche-Tréville, l’amiral qui défiait Nelson

Voir aussi

Navires

La frégate Latouche Tréville en manœuvre dans l'arsenal de Brest (septembre 1999

Le nom de Latouche-Tréville a été donné en hommage au célèbre marin à :

  • un croiseur cuirassé français (1892) - démoli en 1926
  • la frégate anti-sous-marine française - D646

Liens externes

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