- Louis Francois Henri de Menon
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Louis François Henri de Menon
Louis-François-Henri de Menon, marquis de Turbilly, (1717, Fontenailles - 25 février 1776, Paris), est un agronome français
Sommaire
Parcours militaire
Il était né en d'une famille distinguée d'Anjou. Après des études chez les jésuites de la Flèche, il entre en 1733 au régiment de Normandie. Pendant la guerre de Succession de Pologne, il se distingue au siège de Phillippsburgh en 1734.
Capitaine en 1737, il est affecté au régiment de cavalerie de Roussillon en 1740. La mort de son père l'ayant laissé, en 1737, maître de terres considérables, il y entreprit dès lors de grandes améliorations et y commença des défrichements.
La guerre de 1741 le rappela à son régiment ;
« il quittait tour à tour, dit Musset Pathay, les armes pour reprendre la charrue et la charrue pour les armes »pendant son absence, il confia ses affaires à un domestique intelligent.
Pendant la guerre de succession d'Autriche, il combat en Bohême, en Westphalie et est finalement intégré au régiment de Saxe. Il y reçoit la croix de Saint-Louis avant de participer aux sièges d'Anvers et de Bruxelles et à la bataille de Rocourt. Gravement blessé à la bataille de Lauffeld (1747), il doit quitter l'armée.
L'agriculture
Il se retira dans ses terres en sud-Mayenne, dans la partie de la province de l'Anjou, à Villiers-Charlemagne. Il est connu pour son mémoire sur les défrichements. Ayant hérité de son père en 1737 d'un domaine situé en Anjou d'environ 1000 hectares, dont la plus grande partie était inculte, il l'améliora par des défrichements et des drainages et en fit une propriété modèle. Il fit défricher les bruyères qui couvraient la plus grande partie de la commune de Villiers, tracer des chemins, peupler de troupeaux des terres jusque-là improductives. Quarante ans plus tard ce petit territoire était un des plus riches de la province.
Ami et conseiller du ministre Bertin, il inspira la circulaire aux intendants du 22 août 1760, les invitant à créer des sociétés d'agriculture. Il fut également à l'origine de l'arrêt du conseil du 16 avril 1761, en faveur des défrichements.
Il imagina de distribuer deux prix pour le plus beau blé et le plus beau seigle, récoltés dans le canton. Ces prix consistaient en une somme d'argent et une médaille. C'est le premier encouragement de ce genre donné en France. C'est encore à Turbilly que l'on doit l'idée de l'établissement de sociétés d'agriculture, la fondation de ces utiles sociétés est postérieure à l'écrit de Turbilly qui les demande. Une autre idée généreuse qu'il eut fut de détruire la mendicité, et il y parvint dans ses terres. C'est encore le premier essai de ce genre fait en France.
Il développe aussi des activités nouvelles comme la culture du chanvre et l'élevage du ver à soie, ainsi qu'une petite fabrique de savon, une autre unité de production de tuiles de couverture en terre cuite. Il se lance même vers la fin de sa vie vers la pisciculture. Son dernier projet consacré à l'utilisation de la porcelaine lui vaut des soucis juridiques et financiers.
De si grandes entreprises demandaient des capitaux immenses. Ceux de Turbilly, malgré sa surveillance, étaient quelquefois, dilapidés. Toutes ses opérations ne réussissaient pas dès la première année. Quelques procès achevèrent sa ruine.
Cependant ses créanciers, tout en saisissant son bien, lui en laissèrent l'administration jusqu'à sa mort, arrivée à Paris, le 25 février 1776.
II n'avait point d'enfants. La terre de Turbilly fut vendue par les créanciers. Après sa mort, en 1776, le domaine fut acheté par un noble irlandais. Ce dernier y reçut la visite de l'agronome anglais Arthur Young en 1787 qui venait d'Angleterre en Mayenne pour étudier sur place l'œuvre du marquis. Ce ne fut qu'après beaucoup de peines qu'il obtint l'indication précise des lieux qu'il avait habités et défrichés.
L'agriculteur anglais trouva des restes plutôt que des traces des améliorations, faites pendant près de quarante ans, et il en a rendu un compte intéressant au tome 1er de ses Voyages.
Voltaire a immortalisé Turbilly par un vers de son Epître à madame Denis sur l'agriculture :
« Turbilly dans l'Anjou t'imite et t'applaudit ». Cependant Voltaire n'est ni nommé ni désigné dans le Mémoire sur les défrichements.
Publications
Turbilly avait attiré sur lui l'attention des agriculteurs par son Mémoire sur les défrichements, Paris, chez la Veuve d'Houry, 1760, in-12. La première partie contient la pratique du défrichement en général ; dans la seconde, l'auteur donne l'historique de ceux qu'il a faits, et les moyens pour engager les propriétaires et fermiers à défricher les terres incultes. Il mentionne aussi plusieurs innovations : achat de taureaux reproducteurs et de moutons flandrins, creation d'un haras, introduction de cultures nouvelles comme le chanvre et le lin, et fondation d'un prix d'agriculture pour les paysans. La seconde partie du livre est plus économique : moyens pour encourager propriétaires et fermiers à defricher les terres incultes du royaume (moyens, fiscaux, sociaux, administratifs). Cet ouvrage, où il raconte ses études et ses expériences, connut un grand succès. Le contrôleur général des finances Bertin le fit envoyer à tous les intendants de province comme renfermant les plus utiles conseils. Cette première partie fut coup sur coup et par quatre fois réimprimée et traduite en anglais, allemand et danois. Elle se vendit même dans les appartements de Versailles, avec l'"écobuë" perfectionné, qu'elle recommandait !
C'est donc la première partie seulement qui a été réimprimée sous le titre de Pratique des défrichements, 2e édition, revue et corrigée, 1760, in-12, dont l'existence a été niée, mais dont l'auteur de cet article possédait un exemplaire. Une 4e édition de la Pratique, publiée en 1811, in-8°, est divisée en chapitres ; et sommaires et augmentée (sur la deuxième) de quelques articles qui se trouvent sans doute dans la troisième. Ce qui n'est que dans la quatrième, ce sont quelques notes extraites des Mémoires de la société de Berne, où l'on avait réitriprimé l'ouvrage de Turbilly. C'est peut-être, au reste, la réimpression dans les Mémoires de Berne que les éditeurs de 1811 ont comptée pour troisième.
- Observations sur la sonde & l'ecobuë, et Eclaircissemens sur les défrichemens. A Paris, chez la veuve d'Houry, 1760.
- Discourse on the cultivation of waste and barren lands. Londres 1762. Première édition en anglais du Mémoire sur les défrichemens.
Bibliographie
- Le Marquis de Turbilly, agronome angevin du XVIIIe siècle. de Aîné Guillory. Paris-Angers, Guillaumin-Cosnier et Lachèze. Cet ouvrage contient en annexe une rare et importante étude de E. Chevreul sur les ouvrages d'agriculture du XVIIIe siècle (Duhamel du Monceau et Marquis de Turbilly), et une autre étude de Pierre Clément, sur la situation des campagnes en France vers le milieu du XVIIIe siècle. (extrait d'un article paru dans le Bulletin de la Société Industrielle.)
- Gentilshommes ruraux de la France. de Henri Baudrillart. Paris, Firmin-Didot, 1893. Etude réputée, donnant les biographies de Gouberville, Noël du Fail, Olivier de Serres, Monchrétien de Vatteville, Turbilly, Marquis de Mirabeau, Montyon, Lavergne et Falloux.
- Le Marquis de Turbilly (1717-1776). d'après M.Albert. Angers, 1955
- " Le Marquis de Turbilly (1717-1776) artisan de la révolution agricole du XVIIIe siècle" de Patrick Veyret, Les Cahiers du Baugeois; numéro spécial, septembre 2000.
Source partielle
« Louis François Henri de Menon », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
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