- Liste Otto
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La liste Otto est le nom donné au document de 12 pages intitulé « Ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou interdits par les autorités allemandes », publié le 28 septembre 1940, qui recense les livres interdits pendant l'occupation allemande.
Sommaire
Les trois listes Otto
La première liste Otto, ainsi nommée en référence à l'ambassadeur d'Allemagne à Paris Otto Abetz, reprend le principe de la première liste d'ouvrages interdits par les autorités allemandes, la liste Bernhard, qui censure 143 livres politiques. Mais alors que celle-ci, diffusée en France pendant l’été 1940, a été élaborée à Berlin, la liste Otto, diffusée par la Propaganda Abteilung et la Propaganda Staffel, est établie avec la collaboration du Syndicat des éditeurs français et des maisons d'édition. C'est Henri Filipacchi, chef du service des librairies à Hachette, qui en rédige le document initial après avoir consulté les éditeurs.
La première liste Otto publiée en septembre 1940 comporte 1 060 titres, parmi lesquels des Mein Kampf[1] et des essais critiquant l'Allemagne ou le racisme, comme ceux d'Edmond Vermeil, du R.P. Pierre Chaillet ou d'Hermann Rauschning, ainsi que des textes d'auteurs juifs, communistes ou opposants au nazisme comme Heinrich Heine, Thomas Mann, Stefan Zweig, Max Jacob, Joseph Kessel, Sigmund Freud, Carl Gustav Jung, Julien Benda, Léon Blum, Karl Marx, Léon Trotski, Louis Aragon, etc.
Après la rupture du pacte germano-soviétique en juin 1941, d'autres ouvrages marxistes sont ajoutés à la liste. En juillet 1941, c'est au tour de livres d'auteurs anglais et américains d'y figurer.
Application
La liste Otto doit être appliquée dans toutes les librairies, les maisons d'édition et les bibliothèques de la zone occupée. Dès sa diffusion, des opérations policières aboutissent à la saisie de 713 382 livres. Ceux-ci sont acheminés dans un entrepôt, avenue de la Grande-Armée à Paris, avant d’être pilonnés.
Le jour même de la diffusion de la liste, les autorités allemandes signent avec le Syndicat des éditeurs une « convention de censure » concernant les nouveaux ouvrages, lesquels doivent se plier aux nouvelles règles en matière de censure. Le respect de cette « convention » permet aux éditeurs français de poursuivre leur activité en échange de l'application de l'interdiction de diffusion des ouvrages de la liste.
La liste Otto sera aussi effective quelques mois plus tard en zone libre à l’initiative du régime de Vichy. Dans les écoles et les bibliothèques, les préfets et les maires sont chargés de la faire respecter sous l'autorité du ministre de l’Éducation nationale et du directeur de l’Enseignement supérieur.
Versions suivantes
Une deuxième liste Otto de 15 pages prend le relais le 8 juillet 1942. Classée par éditeurs, elle recense 1 170 titres interdits : ouvrages jugés anti-allemands, œuvres d’écrivains juifs ou consacrés à des juifs, livres communistes, traductions d'auteurs anglais et polonais.
Une troisième édition de la liste des « ouvrages littéraires français non désirables » sera publiée le 10 mai 1943, complétée en annexe par une liste de 739 « écrivains juifs de langue française ».
Références
- Liste Otto. Ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou interdits par les autorités allemandes. Paris, Messageries Hachette, 1940
- Seconde liste Otto. Unerwünschte französische Literatur (« littérature française non désirable »), Paris, Syndicat des éditeurs, 1942
Sources
- Jean-Pierre Azéma, « Paris à l'heure allemande », in Le Monde, 22 juin 1989
- Marie Kuhlmann, Élus et bibliothécaires aux prises avec la censure, 15 août 2005 (version en ligne)
- Anton Ridderstad, L’Édition française sous l’Occupation (1940-44), Oslo, 2002 ([PDF] version en ligne)
Bibliographie
- Albrecht Betz et Stefan Martens, Les Intellectuels et l'Occupation : 1940-1944, collaborer, partir, résister, Autrement, « mémoires », 2004
- Stéphanie Corcy, La Vie culturelle sous l'Occupation, Perrin, 2005
- Pascal Fouché, Les Éditions françaises sous l’Occupation : 1940-1944, 2 vol., Paris, 1987
- Gérard Loiseaux, La Littérature de la défaite et de la collaboration, Fayard, 1995
- Martine Poulain, Livres pillés, lectures surveillées. Les bibliothèques françaises sous l'Occupation, Gallimard, 2008
Voir aussi
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