Liparis de Loesel

Liparis de Loesel
Aide à la lecture d'une taxoboxLiparis de Loesel
 Illustration (à droite)
Illustration (à droite)
Classification classique
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Liliopsida
Sous-classe Liliidae
Ordre Orchidales
Famille Orchidaceae
Genre Liparis
Nom binominal
Liparis loeselii
(L.) Rich., 1817
Références
Tela Botanica 39494
Statut CITES : Cites II.svg Annexe II ,
Révision du 13/02/2003
D'autres documents multimédia
sont disponibles sur Commons

Le liparis de Loesel (Liparis loeselii) est une orchidée terrestre européenne se développant dans les prés tourbeux et des bas-marais calcicoles. Elle est très menacée en France et en forte régression dans toute l'Europe. Elle fait l'objet d'un plan national d'actions en France[1],[2]

Sommaire

Description

Fleur en macrophotographie
Hampe florale en macrophotographie
Exemple d'habitat (Primulo-Schoenetum ferruginei

Le genre Liparis est constitué denviron 300 espèces dont une seule est présente en Europe : Liparis loeselii, une espèce dorchidée en déclin. Cest une petite plante herbacée vivace géophyte, oligotrophe, rhizomateuse, grêle, entièrement verte et haute de 6 à 25 cm. Elle présente deux feuilles basales subopposées qui sont oblongues elliptiques à ovales elliptiques, daspect luisant entourant des pseudobulbes écailleux. Cest dailleurs cette caractéristique qui a donné le nom du genre Liparis qui provient du grec liparos signifiant luisant. Cest une plante hémicryptophyte (plante dont les bourgeons se maintiennent au ras du sol). La tige, anguleuse au sommet, se termine par un épi court de petites fleurs vert-jaunâtre. Linflorescence est lâche et porte 2 à 15 parfois 18 fleurs tournées vers le haut. La floraison se déroule fin mai à début juillet.

Les pétales et les sépales sont situés dans un plan horizontal et forment de fins tubes. Lovaire est vertical, un peu contourné, long de 6mm, muni dun pédicelle court.

Deux variétés sont connues, se distinguant par la forme de leurs feuilles :

  • Variété loeselii (L.) L.C.M. Rich  : les feuilles sont oblongues elliptiques, aiguës au sommet et sont en moyenne cinq fois plus longues que larges ;
  • Variété ovata Riddelsd. ex Godf : les feuilles sont ovales elliptiques, obtuses au sommet et sont en moyenne deux fois plus longues que larges.

Des recherches actuelles sont menées au sein de léquipe 1 du laboratoire GEPV de Lille 1 afin de délimiter génétiquement ces deux variétés. En effet il semble avoir une différence génétique entre les populations des dunes et des marais. Il est possible, qu'il s'agisse d'un début de spéciation par séparation écologique (adaptation au milieu) de ces deux écotypes. Une étude génétique (PILLON et al., 2007) ayant porté sur des populations du Nord/Pasde-Calais, de Bretagne et de Grande Bretagne, a mis en évidence des regroupements de génotypes par milieu écologique plutôt que par localisation géographique, qui semble correspondre aux variétés décrites[3].

Systématique

Embranchement : Spermatophytes Sous-Embranchement : Angiospermes Classe : Liliopsidés (Monocotylédones) Ordre : Orchidales Famille : Orchidaceae Sous-Famille : Epidendroïdes Genre et espèce : Liparis Variété : loeselii (L.) L.C.M. Rich et ovata Riddelsd. ex Godf.

Etymologie et histoire

C'est Charles LINNÉ qui décrit "Ophrys loeseliien" en 1753, dans le « Species Plantarum », antérieurement décrite[4] comme [Ophris diphyllos bulbosa] par Johannes LOESEL [Loeselius] (médecin anatomiste et Professeur de botaniste vivant en Prusse orientale au XVIIe siècle). Une nouvelle édition de la flore de la Prusse de J. LOESEL et J. GOTTSCHED [Flora prussica], posthume, en 1703 par J. GOTTSCHED (1668-1704) reproduit cette première description.
Le spécimen type qui a servi à la première description par Linné est encore conservé dans l' herbier Linné du British Museum.

Le genre Liparis a été plus tard, en 1817, par Louis Claude Marie Richard dans « De Orchideis europaeis annotationes » Le nom de Liparis vient du grec liparos, en référence à laspect gras et luisant des feuilles[5].

Mode de reproduction

La biologie de reproduction de cette espèce est mal connue. Les avis des différents auteurs divergent sur le mode de reproduction pratiqué par Liparis loeselii : autofécondation ou pollinisation par les insectes. Mais les seules expériences scientifiques menées concernent lautofécondation et fortifient ainsi cette hypothèse - les fleurs sont tournées vers le haut permettant aux gouttes de pluies tombantes de faciliter le glissement des pollinies vers le stigmate (Catling, 1980) ; la couleur jaune-verdâtre des fleurs et la non présence de nectar nattire pas les insectesen plus aucun insecte visitant le Liparis loeselii na été observé, daprès les expériences de Kirchner, 1922. Le mode principal de reproduction chez cette variété est la multiplication végétative, se produisant par un rhizome horizontal qui se développe à la base du pseudobulbe, ou par production de petits pseudobulbes sur celui de lannée antérieure (Aboucaya et al. 2001).

Cycle de vie

Le Liparis de Loesel est une orchidée à développement printanier et estival. En hiver, le pseudobulbe, ayant porté feuilles et fruits les saisons précédentes, persiste à létat de repos, posé à même le sol, parfois à peine ancré par les restes des racines dévitalisées.

A partir du mois de mai, une nouvelle pousse, parfois accompagnée de pousses secondaires, se développe à la base du pseudobulbe en formation. Rapidement, deux feuilles subopposées naissent, au centre desquelles apparaît la hampe florale rudimentaire alors que les feuilles ne sont pas encore totalement épanouies.

Vers la mi-juin, la plante est à son plein développement. Les fleurs se succèdent sur la hampe florale de bas en haut. À cette période, un léger renflement apparaît annonçant le prochain pseudobulbe. Il acquiert son plein développement lorsque les fruits sont mûrs. La maturation des capsules paraît lente. Jusquen septembre et parfois plus tard on peut observer des tiges portant des capsules vertes bien fermées. La hampe fructifiée se dessèche au cours de lautomne, les graines pouvant alors séchapper par des fentes longitudinales.

La dissémination des semences est très étalée dans le temps et il nest pas rare dobserver jusquen février des capsules desséchées contenant encore de nombreuses semences viables. Les feuilles disparaissent dès le mois doctobre.

Écologie générale

Liparis loeselii est une espèce trouvant son optimum dans des communautés végétales herbacées hydrophiles dont la structure est relativement ouverte, rase et clairsemée. Le Liparis sinsère généralement en situation pionnière à faible concurrence interspécifique (Corillon & Guerlesquin), ou post-pionnière derrière des végétations des sols très inondés et mal affermis (tremblant de tourbière). Sans que l'on sache encore s'il s'agit d'une symbiose ou d'une association fonctionnelle, le Liparis de Loesel semble apprécier la présence d'un tapis de mousses tel qu'il s'en développe naturellement dans dans les bas-marais (DUVAL & RICHARD, 1985…). Son enracinement est alors très superficiel (évoquant celui d'orchidées épiphytes poussant sur des arbres moussus). Au printemps il est alors à peine fixé, son ancien système racinaire s'étant décomposé en hiver, et le nouveau n'étant pas encore formé. Les mousses qui l'accompagnent sont par exemple Fissidens adianthoides Hedw., Campylium stellatum (Hedw.) J. Lange & Jens, Drepanocladus aduncus (Hedw.) Warnst., Bryum pseudotriquetrum (Hedw.) Schwaegr., Scorpidium scorpidioides (Hedw.) Limpr., Riccardia pinguis (L.) Dum., Calliergon giganteum (Schimp.) Kindb.. Dans les pannes dunaires, Calliergonella cuspidata (Hedw.) Loeske est très fréquent. La plante ne semble pas dans le nord de la France gênée par ce gainage mucinal, mais pour des individus adulte, elle semble parfois l'être quand le tapis de mousse est trop épais, selon des observations faites dans des pannes dunaires au Royaume-Uni [6].

On la rencontre dans les étages collinéen et montagnard entre le niveau de mer et 950m daltitude. Cest une espèce inféodée aux zones humides, sadaptant essentiellement à deux types de milieux principaux : les tourbières basses alcalines (sol histique) et les dépressions humides arrière-dunaires (sol sableux hydromorphes). Cest une espèce de milieux oligotrophes qui apparaît essentiellement dans des types de végétations pauvres en éléments nutritifs. Elle disparaît dès que la végétation sélève ou que le substrat sassèche.

Répartition de lespèce

Liparis est une espèce circumboréale, eurasiatique, subocéanique-préalpine. En Amérique du Nord, elle apparaît fréquemment dans la partie orientale des États-Unis (région des Grands Lacs) et surtout au Canada. En Asie elle pénètre jusquen Sibérie occidentale. En Europe, sa distribution sétend de la chaîne alpine jusquà Carpates, et des îles Britanniques à la Russie. En France le Liparis de Loesel est connu actuellement de 12 régions (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Ardenne, Lorraine, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Aquitaine, Poitou-Charentes et Corse). Mais si lon considère les données historiques, le chiffre sélève à 19 (disparition des régions Bourgogne, Limousin, Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Alsace et Centre). Dans la région Nord/Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, le Liparis est présent exclusivement dans les départements du Pas-de-Calais (constituant lun des noyaux les plus importants des populations françaises du Liparis), du Nord, de la Somme et de la Seine-Maritime.

Les menaces

Le Nord/Pas-de-Calais constitue avec les régions Rhône-Alpes et Bretagne, le bastion européen du Liparis de Loesel. Complètement éradiqué de lintérieur des terres suite à la pollution des eaux et à leutrophisation des sols, il ne se maintient de façon satisfaisante que dans les dépressions de quelques massifs dunaires du Pas-de-Calais, localement dans de rares marais arrière-littoraux et exceptionnellement dans larrière pays.
La fixation des dunes et leur embroussaillement généralisé constituent aujourdhui la principale menace (disparition des habitats pionniers). Dans les marais arrière-littoraux, la création de plan deau au détriment des bas-marais porte des atteintes graves à son habitat. Autres menaces constatées sur les stations de Liparis sont la rudéralisation, décharges sauvages (dépôts de gravats et dordures) ainsi que lensablement des pannes. La plupart des populations (56% des effectifs du Nord/Pas-de-Calais) ne sont pas protégées. Des mesures de conservation ainsi que des opérations de gestion et de restauration sont cependant en cours sur plusieurs sites.

Statut de protection

Selon la Directive européenne Habitat 92-93 du 21/05/92, cette espèce est inscrite à lAnnexe II (concernant les espèces animales et végétales dintérêts communautaire dont la conservation nécessite la désignation des zones spéciales de conservation), et à lAnnexe IV (concernant les espèces nécessitant une protection stricte). De plus le Liparis est protégé en France (arrêté du 20 janvier 1982 modifié par lArrêté du 31 août 1995).

Quant aux habitats abritant le Liparis, ils sont inscrits à lAnnexe I de la directive européenne sous les intitulés :

  • Dépression dunaires intradunales (code CORINE 16-31 à 16-35) ;
  • Eaux oligotrophes de lespace médio-européen et préalpine avec végétation annuelle à Littorelles ou Isoètes ou végétation annuelle des rives exondées (Code CORINE 22-12x22-31 et 22-12x22-32) ;
  • Tourbières basses alcalines (code CORINE 54-2) ;
  • Marais neutro-alcalin à Cladium mariscus et/ou Carex davalliana (code CORINE 53-3) ;
  • Tourbières de transition et tremblants (code CORINE 54-5).

Plan d'action, gestion restauratoire

Le plan d'action français comprend trois volets :

  1. ) « Synthèse des connaissances : exigences biologiques et écologiques propres à lespèce, causes du déclin et bilan des actions menées jusquà présent » ;
  2. ) « Besoins et enjeux de la conservation de lespèce et proposition dune stratégie à long terme » ;
  3. ) « Actions de conservation à mener (en termes détude, de protection, de communication) et modalités de mise en oeuvre ».

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (fr)

Bibliographie

  • Conservatoires botanique national de Bailleul, MEEDDM ; Plan national d'action. Agir pour le Liparis de Loesel, Sixième projet, 154 pages, 2010/08/31 (plan d'action lancé fin 2008 par le MEEDDM) un 1er plan a été rédigé en 2001
  • VABOUCAYA, A. & GUYOT, I. - Plan de gestion conservatoire pour Liparis loeselii (L.) L.C.M. Rich.. Rapport Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles réalisé dans le cadre du programme Life Corse 1994-1997Conservation des habitats naturels et des espèces végétales dintérêt communautaire prioritaire de la Corse ”. Office de lEnvironnement de la Corse - DIREN.
  • BARBIER, D., 1997. - Rapport de synthèse des prospections 1997 effectuées dans le cadre du programme Espèces menacées. Liparis loeselii (L.) L.C.M. Rich. dans le Nord de la France. Centre Régional de Phytosociologie / Conservatoire Botanique National de Bailleul, 83 p.
  • BARBIER, L., BOULLET, V. & DESREUMAUX, H., 2000. - Bilan des 10 ans de gestion pastorale - Réserve Naturelle Volontaire de Wavrans-sur-l'Aa. Parc Naturel Régional des Caps et Marais d'Opale, Centre Régional de Phytosociologie/Conservatoire Botanique National de Bailleul, Commune de Wavrans-sur-l'Aa. 38 p.
  • BERTRAND, J., 1998b. - Préalable biologique au plan de conservation du Liparis de Loesel (Liparis loeselii (L.) L.C.M. Richard). Rapport ENESAD réalisé pour le CRP/CBNBL. Bailleul.
  • BULLEMONT (de). ? - Carex depauperata, Valerianella coronata et Liparais loeselii en Seine-et-Oise. Bull. Soc. Bot. Fr; 17 : 302.
  • CATLING, P.M., 1980. - Rain-assisted autogamy in Liparis loeselii (L.) L.C.M. Rich. (Orchidaceae). Bull.Torrey bot.Club, 107 (4: 525-529.

Références

Références taxonomiques

Autres références

  1. Agir pour le liparis de loesel, l'essentiel du plan national d'actions, 2010-2014, MEEDDM, Dec 2010
  2. Conservatoires botanique national de Bailleul, MEEDDM ; Plan national d'action. Agir pour le Liparis de Loesel, Sixième projet, 154 pages, 2010/08/31 (plan d'action lancé fin 2008 par le MEEDDM) un 1er plan a été rédigé en 2001
  3. PILLON, Y., Qamaruz-Zaman, F., FAY, M.F., HENDOUX, F., PIQUOT, Y. – 2007Genetic diversity and ecological differentiation in the endangered fen orchid (Liparis loeselii). Conserv Genet, 8 : 177-184
  4. Johannes LOESEL; « Plantarum rariorum sponte nascentium in Borussia Cataloguis » (Flore de Prusse), Koenigsberg 1654
  5. BOURNÉRIAS, M. & al., 1998. - Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, sous l'égide de la S.F.O., 416 p. Paris.
  6. JONES, P.S., 1998. - Aspects of the population biology of Liparis loeselii (L.) L.C.M. Rich. var. ovata Ridd. ex Godfey (Orchidaceae) in the dune slacks of South Wales, U.K. In "Orchid population biology : conservation and challenges". Bot. Journ. of the Linn. Soc., 126 : 123-139.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Liparis de Loesel de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Liparis De Loesel — Liparis de Loesel …   Wikipédia en Français

  • Liparis de loesel — Liparis de Loesel …   Wikipédia en Français

  • Liparis loeselii — Liparis de Loesel Liparis de Loesel …   Wikipédia en Français

  • liparis — [ liparis ] n. m. • 1796; lat. zool. 1558; gr. liparos « gras » 1 ♦ Petit poisson (scorpaeniformes) de la mer du Nord et de la Baltique, à peau visqueuse, appelé aussi limace de mer. 2 ♦ (1817) Insecte lépidoptère, papillon nocturne épais et… …   Encyclopédie Universelle

  • Liparis (plante) — Liparis …   Wikipédia en Français

  • Liparis — Sumpf Glanzkraut Sumpf Glanzkraut (Liparis loeselii) Systematik Ordnung: Spargelartige (Asparagales) …   Deutsch Wikipedia

  • Liparis loeselii — Sumpf Glanzkraut Sumpf Glanzkraut (Liparis loeselii) Systematik Ordnung: Spargelartige (Asparagales) …   Deutsch Wikipedia

  • Liparis loeselii — ID 48081 Symbol Key LILO Common Name yellow widelip orchid Family Orchidaceae Category Monocot Division Magnoliophyta US Nativity Native to U.S. US/NA Plant Yes State Distribution AL, AR, CT, DC, IA, IL, IN, KS, KY, MA, MD, ME, MI, MN, MO, MT, NC …   USDA Plant Characteristics

  • Panne (interdune) — Les végétations des dépressions humides arrière dunaires ou inter dunaires sont présentes sur une majorité des côtes sédimentaires sableuses du littoral de la mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique mais également dans certains massifs… …   Wikipédia en Français

  • Menthonnex-en-Bornes — 46° 03′ 12″ N 6° 10′ 26″ E / 46.0533333333, 6.17388888889 …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1031034 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”