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Joseph Lesurques
Joseph Lesurques Naissance 1763
DouaiDécès 1796 Nationalité France Joseph Lesurques est un homme d'affaires français, né à Douai en 1763, condamné à mort le 3 octobre 1796, victime d'une des plus célèbres erreurs judiciaires de l'histoire de France, connue sous le nom d'Affaire du courrier de Lyon.
Sommaire
L'Affaire du courrier de Lyon
Lesurques était un homme respectable, rentier, marié et père d'un garçon et d'une fille de huit et six ans lors du procès. En avril 1796 il se trouvait à Paris. Au cours de l'enquête sur le crime commis le 27 du même mois, il est identifié comme le seul homme blond ayant été vu pendant les heures précédent l'assaut de la diligence postal sur son parcours entre Lieusaint et Melun. Il est donc accusé de l'assassinat du convoyeur et du vol de 7 millions en assignats adressés à l'armée d'Italie.
Le procès et la sentence
Suite à l'enquête, six hommes sont accusés : MM. Lesurques, Couriol, Guénot, Richard, Bruer et Bernard. À la fin du procès, Lesurques, Couriol, Bernard et Richard sont reconnus coupables, et les trois premiers sont condamnés à la guillotine. Lors de la lecture de la sentence un des condamnés, Couriol se lève indigné pour clamer sa propre culpabilité et l'innocence de Lesurques, que les témoins ont reconnu en raison de sa ressemblance avec le véritable coupable, nommé Dubosc. Malgré cette déclaration, que Couriol répète même sur le chemin qui le conduit à l'échafaud et de nombreuses démarches pour la révision du procès, le verdict est maintenu. Joseph Lesurques est guillotiné en clamant son innocence le 3 octobre 1796.
La lettre d'adieu de Joseph Lesurques à sa femme est ainsi rédigée[1] : " Ma bonne amie, quand tu liras cette lettre, je n'existerai plus ; un fer cruel aura tranché le fil de mes jours qui devraient être tous à toi et que je t'avais consacrés avec tant de plaisir, mais telle est la destinée qu'on ne peut fuir en aucun cas : je devrais être assassiné juridiquement."
Le véritable assassin retrouvé
Après l'exécution, le juge Daubanton éprouve des doutes et reprend l'enquête. Il retrouve le passager du courrier, que des témoins avaient vu monter dans la malle-poste. Celui-ci finit par avouer sa participation au crime, et révèle le nom de ses complices, parmi lesquels Dubosc. Arrêté à son tour, Dubosc, dont la ressemblance avec Lesurques est réelle, est jugé en décembre 1800. Les témoins qui avaient reconnu Lesurques doivent déposer à nouveau. Dans un premier temps, un seul revient sur son témoignage précédent pour accuser Dubosc ; mais lorsque le président demande qu'on mette à Dubosc, qui est brun, une perruque blonde, tous le reconnaissent formellement. Dubosc est finalement condamné et exécuté.
La mémoire de Joseph Lesurques
Joseph Lesurques est inhumé au cimetière Sainte Catherine (aujourd’hui disparu) prés du cimetière de Clamart. Sur le cénotaphe qui lui est consacré au Père Lachaise (division 8) on lit :
Il fut victime de la plus déplorable des erreurs humaines
Après l'exécution, la femme de Lesurques est frappée par la folie. Après sa mort, leurs enfants font rajouter cette inscription :
Martyrs tous deux sur la terre
tous deux sont réunis au ciel.
Leur fille se suicide quelques années plus tard. Quant au seul fils, il s'enrôle dans l'armée napoléonienne pour laver le nom de son père, et meurt pendant dans la campagne de Russie.
Les tentatives de réhabilitation
Malgré des suppliques et des lettres à Napoléon, puis à Louis XVIII, à Charles X, à la reine Marie-Amélie, et enfin à Napoléon III, la famille de Lesurques n’obtient rien.
Une réforme permettant la révision des procès même lorsque le condamné a été exécuté est approuvée en 1867, mais ne bénéficia toujours pas à la mémoire de Lesurques car la Cour de cassation considère que la culpabilité de Dubosc n'est pas incompatible avec celle de Lesurques. L'arrêt de la cour de décembre 1868 clôt définitivement l'affaire sur le plan judiciaire. Néanmoins, la confiscation des biens de Lesurques, habituelle en cas de condamnation à mort, a été révoquée, et les biens rendus aux héritiers.
De sérieux historiens sont convaincus de l'innocence de Lesurques.
Dans la commune de Vert-Saint-Denis, une rue porte le nom de Joseph Lesurques.
L'Affaire du courrier de Lyon aurait été conçue dans un café-restaurant parisien (qui existe toujours) à un des angles de la rue de Verneuil et de la rue du Bac.
L'affaire Lesurques et l'abolition de la peine de mort
Le cas de Joseph Lesurques n'a jamais été oublié au fil du temps en France. Il est souvent évoqué lors de débats portant sur la peine de mort.
Œuvres portant sur l’affaire
- En 1879 Pierre Zaccone écrit le roman Le courrier de Lyon
- En 1937, un film de Maurice Lehmann L'affaire du courrier de Lyon
- En 1987, un spectacle de Robert Hossein Le courrier de Lyon
- Complainte du courrier de Lyon, chanson de Maxime le Forestier
- François Aron, L'affaire du courrier de Lyon in Dans les secrets de la police, éditions l'Iconoclaste 2008 (ISBN 9782913366206)
Notes et références
- ↑ François Aron, L'affaire du courrier de Lyon in Dans les secrets de la police
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