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Affaire du courrier de Lyon
L'affaire du courrier de Lyon est un fait divers criminel du Directoire. L'instruction et le procès de l'affaire sont aujourd'hui regardés comme des exemples d'une justice approximative et trop rapide. Il en résulte une erreur judiciaire qui conduit le nommé Joseph Lesurques sur l'échafaud.
Sommaire
Les faits
Pendant la nuit du 27 au 28 avril 1796, la malle-poste qui va de Paris à Lyon est attaquée, près de Vert-Saint-Denis (Seine-et-Marne), par cinq individus.
Les deux postillons sont assassinés, et le contenu de la malle-poste est volé : il se composait de quatre-vingt mille livres en monnaie et sept millions de livres sous forme d'assignats, destinés aux armées d'Italie.
Enquête et procès
Suite à l'enquête, six hommes sont accusés : MM. Couriol, Guénot, Richard, Bruer, Bernard et Lesurques.
- Couriol est arrêté à Saint-Quentin, on découvre un cinquième du butin dans sa voiture.
- Guénot, originaire de Douai, venu récupérer des papiers saisis à Saint-Quentin, est appréhendé peu après en compagnie de son camarade Joseph Lesurques. Ils sont formellement reconnus par des servantes.
- L'arrestation de Richard, chez qui Couriol s'est réfugié le lendemain du crime et qui se trouve être également une connaissance de Guénot, suit.
À l'issue du procès, Couriol, Bernard, Richard et Lesurques sont déclarés coupables. Ils sont condamnés à la peine capitale, sauf Richard, condamné au bagne pour recel. Guénot, innocenté par témoignage, est acquitté.
Les témoins de Lesurques, dont le peintre Hilaire Ledru, ne sont pas crus[1].
Couriol déclare alors que Lesurques est totalement étranger à l'affaire et qu'il se trouve victime d'une ressemblance malencontreuse avec le véritable complice des voleurs assassins, toujours en fuite. Couriol réaffirme ses dires jusque sur l'échafaud.
En l'absence de droit de grâce officiel, le Conseil des Cinq-Cents, soucieux de respecter le principe de la séparation des pouvoirs et la justice populaire, laisse la justice faire son oeuvre. Lesurques est donc guillotiné.
La lettre d'adieu de Joseph Lesurques à sa femme est ainsi rédigée[2] : " Ma bonne amie, quand tu liras cette lettre, je n'existerai plus ; un fer cruel aura tranché le fil de mes jours qui devraient être tous à toi et que je t'avais consacrés avec tant de plaisir, mais telle est la destinée qu'on ne peut fuir en aucun cas : je devrais être assassiné juridiquement."
Lesurques, simple connaissance de Richard, a été très vraisemblablement confondu avec un des assassins.
Suites
Le juge Daubanton, responsable de la première instruction, retrouvera plus tard les autres complices et auteurs de l'attaque. L'affaire aurait été conçue dans un café-restaurant parisien (qui existe toujours) à un des angles de la rue de Verneuil et de la rue du Bac.
Parmi les auteurs de l'attaque, on trouve un nommé Dubosq. Ce Dubosq, qui présente une ressemblance avec Joseph Lesurques, portait lors de l'attaque une perruque de la même couleur de cheveux que Lesurques. Arrêté en 1800, Dubosq confirme avant d'être guillotiné l'innocence de Lesurques.
Lesurques, considéré comme très probablement innocent, a donné son nom à une loi permettant de réhabiliter des condamnés reconnus innocents par la suite (1867), même si lui même n’en bénéficia pas. Il est aussi l’exemple d'erreur judiciaire fréquemment évoqué par les avocats pour l’abolition de la peine de mort.
Une rue porte le nom de Joseph Lesurques dans la commune de Vert-Saint-Denis.
Voir aussi
Bibliographie et sources documentaires
- Complainte du courrier de Lyon, chanson de Maxime le Forestier
- L’affaire du courrier de Lyon a été le sujet de plusieurs documentaires, édités en DVD
- François Aron, L'affaire du courrier de Lyon in Dans les secrets de la police, éditions l'Iconoclaste 2008 (ISBN 9782913366206)
Références
Articles connnexes
Liens externes
- Musée de la Poste
- Histoire de France et d'ailleurs
- (fr+en) L'Affaire du courrier de Lyon sur l’Internet Movie Database, film de Claude Autant-Lara et Maurice Lehmann
- L'Affaire du courrier de Lyon par 2000 ans d'histoire
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Catégorie : Affaire criminelle française
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