- Les Insolences du frère Untel
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Jean-Paul Desbiens
Pour les articles homonymes, voir Desbiens.Jean-Paul Desbiens (7 mars 1927 - 23 juillet 2006), plus connu sous le pseudonyme de Frère Untel, est un écrivain, un enseignant, un philosophe et un religieux québécois.
Sommaire
Biographie
Né en 1927 à Métabetchouan, dans la région du Lac Saint-Jean d'un père bûcheron, il devient Frère mariste en 1944[1], prenant le nom de frère Pierre-Jérôme. Il est diplômé en philosophie de l’Université Laval, obtenant sa licence en 1958. Il enseigne ensuite dans la région du Lac-St-Jean.
En 1960, il publie Les Insolences du Frère Untel sous le pseudonyme de « Frère Untel » aux Éditions de l'homme. Il déplore la qualité de la langue parlée et écrite au Québec, qu’il appelle joual, un mot répandu par le journaliste André Laurendeau[2]. Il en dit qu'il s'agit d'« une langue désossée parlée par une race servile. »[1] Cet ouvrage d'à peine 150 pages marque la société québécoise, devient l'un des premiers best-sellers québécois avec un tirage de 100 000 exemplaires et est republié plusieurs fois.[1] Paul Gérin-Lajoie, premier titulaire du ministère de l’Éducation du Québec, fait remarquer que l'essai "enterrait le département de l'Instruction publique contrôlé par le clergé et remettait en cause tout le système scolaire de l'époque".[1] Il est considéré comme l'un des éléments déclencheurs de la Révolution tranquille. [1]
Ayant soulevé l'ire de la congrégation des Frères maristes par la publication des "insolences", il saisit l'offre qui lui était faite de poursuivre ses études outremer, considéré plus ou moins comme un exil[3],[4]. Pendant les années 1960, il obtient son doctorat en philosophie à Fribourg et séjourne à Rome. Lors de son retour au Québec en 1964, Paul Gérin-Lajoie, nouveau ministre, désire qu'il devienne son conseiller. Deux ans plus tard, il lui confie la tâche de préparer la mission des CÉGEPs pour le niveau collégial post-secondaire.[1]
Il est l’éditorialiste en chef du journal La Presse de 1970 à 1972, où ses opinions tranchées auront droit de cité; le journaliste Laurent Laplante considère que cet épisode fait partie de la "période noire" du journal tant ses opinions fédéralistes étaient sans nuance.[1] Il est par après élu provincial de sa congrégation religieuse. Il travaille plus tard pour le Campus Notre-Dame-de-Foy (situé à Saint-Augustin-de-Desmaures près de Québec), une institution d'enseignement de niveau collégial et de niveau secondaire professionnel dont il en a été le directeur général à deux reprises, et pour Radio-Canada.
Desbiens s’est remis à écrire à la fin des années 1980, publiant d’autres essais personnels et autobiographiques. Les derniers tomes de son journal, Comme un veilleur et Dernière escale, seront publiés chez Septentrion respectivement en 2004 et en 2006.[1]
Il s'éteint à Château-Richer, près de Québec, le 23 juillet 2006, d'une broncho-pneumonie; il soignait également un cancer du poumon en phase terminale. Il a passé la majorité de sa vie dans la région de Québec et fut inhumé dans le lot des frères Maristes de Desbiens au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Deux ans plus tard, soit le 23 juillet 2008, la maison d'édition Amérik Média lançait le Prix Jean-Paul Desbiens, qui récompense l'auteur d'un premier essai, en l'honneur de l'auteur des Insolences du Frère Untel.
Ouvrages publiés
- 1950 : Je vous salue Marie
- 1953 : La Réponse de Pierre
- 1960 : Les Insolences du frère Untel
- 1965 : Sous le soleil de la pitié
- 1966 : La psychologie de l'intelligence chez Jean Piaget : présentation sommaire et remarques critiques, Québec, PUL, 1966.
- 1968 : "Introduction à un examen philosophique de la psychologie de l'intelligence chez Jean Piaget, Québec, PUL/Fribourg, Éd. univ., 1968.
- 1983 : Appartenance et liberté
- 1986 : L'Actuel et l'actualité
- 1989 : Se dire, c'est tout dire
- 1989 : Le Monopole public de l'éducation
- 1991 : Jérusalem, terra dolorosa
- 1983-1992 : Journal d'un homme farouche
- 1993 : Comment peut-on être autochtone ?
- 1996 : Les Années novembre
- 1998 : À l'heure qu'il est
- 2001 : Correspondance avec Jean-Paul Desbiens
Honneurs
- 1988 : Chevalier de l'Ordre national du Québec
- 1983 : Doctorat d'honneur de l'Université du Québec à Chicoutimi
- 1987 : Doctorat d'honneur de l’Université de Sherbrooke, Docteur en éducation
- 2004 : Doctorat honorifique en philosophie de l'UQAM
- 2006 : Officier de l'Ordre du Canada
- Ordre du mérite de la Société Saint-Jean-Baptiste du Québec
Citation
- « On est amené ainsi au cœur du problème, qui est un problème de civilisation. Nos élèves parlent joual parce qu'ils pensent joual, et ils pensent joual parce qu'ils vivent joual, comme tout le monde par ici. Vivre joual c’est Rock’n Roll et hot-dog party et ballade en autoetc. C’est toute notre civilisation qui est jouale. On ne réglera rien en agissant au niveau du langage lui-même (concours, campagnes de bon parler français, congrès etc..). C’est au niveau de la civilisation qu’il faut agir. »
Lien externe
- La première lettre du Frère Un Tel - Je trouve désespérant d'enseigner le français, Le Devoir, 2006-07-25
- Les insolences du Frère untel, Jean-Paul Desbiens, Édition électronique gratuite sur le site de l'Université du Québec à Chicoutimi.Version Word, PDF et RTF.
- «Le coup d'éclat du frère Untel» Les Archives de Radio-Canada. 6 septembre 1960, vidéo de 27 min. Le frère Jean-Paul Desbiens interrogé par Judith Jasmin.
- Le frère Untel ou l'anonymat d'un collectif!, Le Devoir, 2006-07-27. Hommage au travail de Desbiens.
- Courte biographie
- Site officiel du Prix Jean-Paul Desbiens
Sources
En plus des liens externes, on compte parmi les sources ayant permis la rédaction de cet article:
- Lemieux, Louis-Guy, Au revoir frère Untel, Journal Le Soleil, Québec, mardi 25 juillet 2006, pages 2–3.
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g et h Lemieux, Louis-Guy, Au revoir frère Untel - Ses contemporains n'ont pas oublié Les Insolences, Le Soleil (Québec), mardi 25 juillet 2008, p.2.
- ↑ Robinson, Sinclair, Joual in The Canadian Encyclopedia, consulté en ligne le 5 décembre 2008
- ↑ Sylvestre, Paul-François, Mort de Jean-Paul Desbiens, pourfendeur du "joual", L'Express, 7 août 2006, consulté en ligne le 5 décembre 2008.
- ↑ White, Patrick, Entrevue avec Jean-Paul Desbiens (Frère Untel), 1990, consulté en ligne le 5 décembre 2008.
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