Le monde comme si

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Le Monde comme si

Le Monde comme si est un essai autobiographique et un pamphlet politique de Françoise Morvan. Elle y narre son parcours par rapport au « mouvement breton ». Ce livre, et plus généralement ses prises de position sur ce même sujet sont l'objet de nombreuses controverses et polémiques de la part des militants bretons, régulièrement alimentées par de nouveaux articles.

Sommaire

Résumé

Françoise Morvan était de ceux et celles qui voulaient promouvoir l’identité culturelle bretonne et sauver le breton de sa mort lente. L'auteur raconte son parcours : comment elle a suivi des cours de breton ; comment elle a cherché à revenir au pays (« Vivre au pays » était l’un des slogans de la CFDT et du PSU des années 1970) ; comment, enseignante dans un collège du Trégor, elle a essayé d'intéresser les élèves d'origine bretonnante à la langue bretonne ; comment elle a participé à la fondation d'une école Diwan ; les circonstances qui l'ont amenée à faire une thèse sur François-Marie Luzel, découvrant et traduisant des contes restés inédits, et les problèmes qu'elle a rencontrés à cette occasion.

Pour sauvegarder un pan de la mémoire populaire en perdition, elle fouilla dans le patrimoine, fréquentant un milieu censé le défendre. Au fil des recherches et des rencontres, le vernis breton authentique s’effrite, pour dévoiler à ses yeux « le pire des nationalismes ». Car, de breton unique, il n’en existe pas. En effet, comme la grande majorité des langues, le breton est un continuum linguistique qui comprend plusieurs dialectes dont la liste varie selon les linguistes — et eux disparaissent. Mais selon elle, la langue bretonne n’est pas, et n’a jamais été, victime d'une politique d’État. En conséquence, la défense de la langue bretonne est trop souvent biaisée par un prétexte politique, et ceux qui se situent sur ce terrain politique sont des défenseurs illégitimes.

Une langue bretonne (qualifiée de novlangue) serait, selon elle, créée de toutes pièces et « unifiée » par l’orthographe en 1941. « Le Monde comme si » ne traite pas seulement de l'unification de l'orthographe, mais de ces circonstances historiques (sur ordre, dixit Roparz Hemon lui-même, de Leo Weisgerber) et des implications politiques de cette normalisation (en évoquant la purification des nombreux mots d'origine française passés dans les dialectes bretons), ainsi que de l'orientation délibérément maurrassienne des nationalistes regroupés autour de Roparz Hemon et Olier Mordrel (Olivier Mordrelle).

Derrière d’ardents défenseurs d’une culture « ethniquement » pure (c'est-à-dire, pour les militants nationalistes modernes, entièrement celtique) se cacheraient à peine, selon elle, d’anciens collaborateurs des nazis. Qu’à cela ne tienne, les instituts culturels, les maisons d’édition et autres organes, sont largement soutenus et subventionnés par de l’argent public. Gare à ceux qui « remettent en question les jolis mythes recomposés ». Le livre vise à démontrer avec passion et humour combien « l’identité bretonne est tiraillée de faux-semblants bien inavouables » : ces faux-semblants (ou pires) sont essentiellement la réhabilitation de leaders historiques du mouvement breton ayant eu des connivences avec l’occupant allemand en 1940-1945, ou ayant franchement collaboré avec lui, tout en taisant cet aspect de leur personnalité.

Accueil

Le livre de Françoise Morvan a reçu un bon accueil dans la presse nationale française en général, les milieux républicains en particulier, comme l’Observatoire du communautarisme[réf. nécessaire], auquel elle collabore et qui abrite le Groupe Information Bretagne, site informatif qu’elle a co-fondé.

Elle a également donné de nombreuses conférences à l’invitation de diverses organisations laïques, politiques, altermondialistes ou culturelles.

Dans son livre "Solitude et servitudes judiciaires", le juge anti-terroriste Gilbert Thiel mentionne "le pertinent ouvrage de Françoise Morvan" [1].


Objections

Ce livre et son auteur sont aussi régulièrement contestés ou critiqués, notamment par le mouvement culturel breton[réf. nécessaire].

Les organisations contestant le discours de Françoise Morvan arguent que leur opposition ne rencontre pas le même écho médiatique dans les médias français.[réf. nécessaire]

Dans les textes critiques il est objecté que :

  • Pour nombre de linguistes, il existe une koinè écrite (le léonard) et un langage moyen, le breton de Carhaix qui s'impose aux détriments de pôles archaïsants[2].
  • Dans la littérature sur le sujet, ce point de vue sur la "répression du breton" trouve des contradicteurs. Les langues régionales furent interdites à l'école; Fañch Broudig situe la période dure de répression du breton par l'État entre 1880 et 1950[3]. Le breton fut même visé par un décret contre l'« usage abusif du breton »[4]. Dans un ouvrage publié en 2000, Claude an Du étudie le témoignage d'anciens élèves expliquant qu'ils ont subi des sanctions et des humiliations à l'école quand ils parlaient breton[5],[6]. Pierre-Jakez Hélias, par exemple, relate au contraire dans Le cheval d'orgueil l'exigence des parents paysans sur le fait que leurs enfants allassent à l'école publique afin d'acquérir l'usage du français. Voir également l'article Symbole (enseignement).
  • Concernant l'orthographe peurunvan de 1941, il s'agit de réformes orthographiques mineures proposées depuis 1911 et qui ont fait l'objet de plusieurs réunions quant à leur application dans les années 1930 (cf. orthographe du breton).

Textes critiques

D’autres points sont également contestés par des auteurs. À titre indicatif on citera les deux documents principaux  :

  • l’article « Le Monde comme Je » de l’écrivain Gérard Prémel, dans la revue littéraire Hopala, qui cite une enquête sur l'interdiction de la langue bretonne en milieu scolaire ; un droit de réponse de Françoise Morvan a été publié dans le numéro suivant.
  • cinq pages consacrées à Françoise Morvan dans l’essai « Aborigène occidental " de Michel Treguer, paru aux éditions Fayard en 2004. L'auteur qui classe Françoise Morvan et Armand Robin dans les « tragédies bretonnes », exprime son point de vue, rend hommage à Roparz Hemon et affirme qu'il aurait lui aussi, si les nazis le lui avaient demandé, accepté l'offre de diriger une radio en langue bretonne sous leur égide

Références

  1. Gilbert Thiel "Solitude et servitudes judiciaires", novembre 2008, ISBN 2213638489
  2. Francis Favereau, Grammaire du breton contemporain, Dictionnaire du breton contemporain.
  3. Fañch Broudig, Le Breton, une langue en questions, Emgleo Breiz, 2007(ISBN 9782911210716).
  4. Fañch Broudig, L'interdiction du breton en 1902. La IIIe République contre les langues régionales, Coop Breizh, Spézet, 1996 (ISBN 2-909924-78-5)
  5. Cf l'étude systématique de l'interdiction dans les cantons bretonnants des Côtes d'Armor de Claude an Du, Histoire d'un interdit. Le breton à l'école, Hor Yezh, 2000 (ISBN 2-910699-41-2). Voir aussi La langue bretonne et l'école républicaine, Yves Griffon, CRBC, Université de Haute Bretagne.
  6. cf symbole (langue bretonne)
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