- Le Poète mangeur de lions dans son repaire de pierre
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Le Poète mangeur de lions dans son repaire de pierre (en sinogrammes simplifiés : 施氏食獅史 ; en sinogrammes traditionnels : 施氏食獅史 ; en pinyin : ) est un exemple célèbre de littérature à contraintes et de virelangue composé par Chao Yuen Ren. Il consiste en un texte de 92 caractères chinois, tous prononcés selon différents tons lorsqu'il est lu en mandarin standard.
Sommaire
Aperçu du texte
Le premier vers[1] (le texte entier contient 92 caractères) s'écrit en caractères chinois
- « 石室詩士施氏, 嗜獅, 誓食十獅。 »
Traduit littéralement en français, ce premier vers signifie
- « Dans un repaire de pierre se trouvait le poète Shi, qui aimait manger des lions, et décida d'en manger dix. ».
Lu en mandarin, le texte est difficilement compréhensible oralement pour quelqu'un qui ne le connaît pas : chaque caractère est prononcé suivant différents tons sur la base « ». Le premier vers est ainsi retranscrit en pinyin comme[2]
- « . »
Le texte est rédigé en chinois classique, qui est un registre linguistique très condensé et aujourd'hui tombé en désuétude. Pour obtenir un sens équivalent en chinois vernaculaire (le registre linguistique actuellement en vigueur), le premier vers du texte serait aujourd'hui écrit en sinogrammes simplifiés
- « 有一位住在石室里的诗人叫施氏,爱吃狮子,决心要吃十只狮子。 »
et en sinogrammes traditionnels
- « 有一位住在石室裏的詩人叫施氏,愛吃獅子,決心要吃十隻獅子。 ».
L'homophonie est alors perdue, puisque le texte est lu (retranscription pinyin)
- « . »
L'homophonie disparaît également lorsque le texte d'origine est lu dans d'autres langues ou dialectes que le mandarin. Ainsi, le premier vers devient en min méridional ou en taiwanais
- « Se̍k-sek si-sū Si--sī, sī su, sè si̍t si̍p-su. ».
Explication
Le chinois classique est fort différent de la langue chinoise parlée moderne. Comme en français, l'écrit est plus précis en certains cas, et un mot prononcé d'une seule manière peut en fait renvoyer à plusieurs acceptions différentes et différenciées à l'écrit (par exemple en français « verre », « ver », « vair », « vers », ou « vert »).
Les changements dans la prononciation de sinogrammes intervenus depuis 2 500 ans ont généré un grand nombre d'homophones dans la langue chinoise. En réaction, alors qu'évoluait la prononciation des caractères chinois, de nouvelles façon d'exprimer certains concepts rendus par des sinogrammes se firent jour. De nombreux concepts auparavant exprimés par un seul sinogramme le sont maintenant par une association de deux ou plus. Traduit en chinois vernaculaire, le texte ne véhicule pas de confusion à l'oral, comme on peut s'en convaincre avec cet exemple de traduction en chinois moderne du premier vers, avec les annotations ruby pinyin pour la prononciation :
有 一 位 住 在 石 室 里 的 诗 人 叫 施 氏 ,爱 吃 狮 子 ,决 心 要 吃 十 只 狮 子 。But du texte
Les linguistes de la République populaire de Chine pensent que , en tant que promoteur du Gwoyeu Romatzyh, était favorable à la romanisation du Mandarin (qui incorporait des caractères latins alors méconnus et des marques de tons) mais défavorable à celle-ci pour exprimer le chinois classique, l'usage devant en être limité au . Le chinois classique devait dès lors être abandonné et le promu.
Pour d'autres[Qui ?], le texte est une démonstration par l'absurde de l'inopportunité des romanisations. Elles troubleraient plus les personnes s'intéressant aux langues chinoises qu'elles ne les aideraient.
Notes et références
- copyright, ne peut être reproduit intégralement ici. Le texte, sous
- chiffres arabes ; le nombre 10 est ici écrit « » afin de conserver la présentation de l'homophonie. Il est recommandé en pinyin d'écrire les nombres en
Voir aussi
Liens internes
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- Trompe-oreilles
Liens externes
- (en) The Lion-Eating Poet in the Stone Den : texte complet et fichiers audio du texte lu en mandarin et en cantonais (note : le fichier audio du texte en mandarin contient plusieurs erreurs de prononciation).
- (en) The Three "NOTs" of Hanyu Pinyin : texte similaire mais différent, accompagné d'une analyse selon laquelle les intentions de ne seraient pas de s'opposer à la romanisation du chinois.
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