- Le Miroir des Simples
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Le Miroir des Simples est un ouvrage médiéval du XIVe siècle, œuvre de la mystique et poète chrétienne Marguerite Porete. Elle y traite du fonctionnement de l'Amour divin.
Sommaire
L’ouvrage
Originellement écrit en vieux français à une époque où le latin était la langue prescrite et obligée pour la littérature religieuse, la poésie et la prose et de plus par une femme, ce qui, sans aller plus loin, remettait en cause deux des piliers de la Société médiévale: l'Église et l'Université. De même le béguinage qui par son libre travail remettait en cause le travail traditionnel et donc l'ordre féodal (fait de serfs et de bourgeois) et les toutes puissantes Corporations.
Fiche technique
- Titre complet : Le Miroir des âmes simples anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour
- Titre original : Mirouer des simples ämes anienties et qui seulement demourent en vouloir et desir d'amour
- Auteure : Marguerite Porete
- Pays : Comté de Hainaut.
- Langue : Vieille langue française
- Sujet (s) : christianisme / Mysticisme
- Date de publication : vers 1295.
- env. 240 pages
Le destin de l'ouvrage
Il connut un énorme succès à sa parution, puis il tomba dans l'oubli du fait de son élimination systématique par l'Église, qui y détecta dans les visions de Porete : "les éléments d'une Hérésie antinomiste dite du Libre Esprit. Cet ouvrage dénoncé comme plein d'erreurs et d'hérésies", fut collecté, "interdit de circulation", et les copies existantes brûlées à plusieurs reprises. Puis, Porete elle-même fut jugée et exécutée à Paris en 1310 avec son propre livre... sur ordre de l'Inquisition avec le plein aval de Philippe le Bel, la semaine même où fut brûlée « une première fournée » de Templiers.
Son livre sauvé par l'Église.
Son livre lui survit cependant, on pense que l'Inquisition l'avait traduit en latin (sous le titre Speculum simplicium animarum), et dès la fin du XIVe siècle d'autres traductions, publiées anonymement, paraissent en italien, espagnol, anglais et allemand...
Ce qui pourrait traduire l'intérêt (sympathie, attraction, ...?) qu'une certaine partie du clergé portait à ce genre de texte.
En dépit de ces obstacles, Le Miroir traduit en plusieurs langues survécut au fil des siècles, et ne fut en fait, clairement identifié comme étant de Porete qu'en 1965.
Contenu de l'ouvrage
Dans les sept phases de 'l'anéantissement' l'âme parcours, par amour, le chemin de son unité avec Dieu. Depuis, ce livre qui s'inspire des thèses de Meister Eckhart et donc de la Mystique rhénane, est, de plus en plus, considéré comme l'une des œuvres majeures de la littérature médiévale.[citation nécessaire] Porete, aux côtés de Mechthild de Magdebourg et Hadewijch, reflète un modèle de l'amour mystique et spirituel, rattachable au mouvement des Béguines.
Essai d'analyse
Le titre complet
Cette phrase : « Le miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d'amour », par et dans chacun de ses mots) contient (quasiment) toute la thèse de l'auteure. Elle y détaille plus loin chacun de ces mots comme autant de concepts :
- Soumission au Seigneur :
Seigneur, qu'est-ce que je comprends de votre puissance, de votre sagesse ou de votre bonté? Ce que je comprends de ma faiblesse, de ma sottise et de ma mauvaiseté. Seigneur, qu'est-ce que je comprends de ma faiblesse, de ma sottise et de ma méchanceté? Ce que je comprends de votre puissance, de votre sagesse et de votre bonté. Et si je pouvais comprendre l'une de ces deux natures, je les comprendrais toutes deux. Car si je pouvais comprendre votre bonté, je comprendrais ma mauvaiseté. Et si je pouvais comprendre ma mauvaiseté: telle est la mesure. p. 249.
... Et ce simple vouloir, qui est divin vouloir, met l'Ame en divin état. Plus haut, nul ne peut aller ni descendre plus profond ni être homme plus annulé. Qui veut entendre cela se garde des pièges de Nature, car aussi subtilement que le soleil tire l'eau hors du drap, sans qu'on s'en aperçoive, même en le regardant, pareillement Nature se trompe à son insu si elle ne se tient sur ses gardes grâce à sa très grande expérience.
Ah! Dieu, que Nature est subtile en bien des points en demandant sous apparence de bonté et sous couleur de nécessité ce qui nullement ne lui revient.
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- Idée : la nature pourtant si subtile, se trompe elle-même (en miroir?), sans le savoir, sans se le dire.
Autres notions relevées dans cet ouvrage
La pensée de l'auteure, très avant-gardiste, du fait de son extrême originalité mais aussi de sa complexité réelle, malgré quelques essais individuels remarqués n'a jamais pu être étudiée dans sa globalité (tel que pourrait le faire un Institut de recherches ou une université et seules quelques extraits peuvent en être faits à titre documentaire. On y retrouve:
Bibliographie
Textes anciens
- Les grandes chroniques de France selon que elles sont en l'Église de St-Denis en France. Publiées par M. Paulin de l'Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres. En V tomes. Paris. Techener, 1837, pp.187-188
- Revue historique, Paris, 1894. p. 295.
- les pièces du procès de Marguerite Porete existent, aux Archives nationales, dans la layette J 428 4. Dès 1888, H.-G. Lea en a publié deux parmi plusieurs autres.
- Histoire de l'inquisition au Moyen Âge d'Henry Charles Lea, 1887, sl., p. 123.
Textes modernes
- Le Miroir des âmes simples et anéanties, traduit par M. Huot de Longchamp, Albin Michel « Spiritualités vivantes », 1984 ; 1997.
- Le discours hérétique de Marguerite de Porete par Robert D. Cottrell (Essai - hiver 1991), pp. 16-21.
Dans cet essai, Cottrell pense que le traité mystique de Porete, interprété au plan figuratif, peut être réconcilié avec la doctrine de l'église, mais argue du fait que le libre-travail des femmes, en remettant en cause la position de l'individu féminin dans l'ordre patriarcal, risquait de renverser la hiérarchie sociale chrétienne traditionnelle.
- Le Miroir des simples âmes anéanties, traduit par C. Louis-Combet, 1991 ; Jérôme Millon, 2001.
- Marie Bertho, Le Miroir des âmes simples et anéanties de Marguerite Porete, Une vie blessée d'amour , Nathan, 1999.
- Luc Richir, Marguerite Porete, une âme au travail de l'Un, Éditions Ousia, Bruxelles, 2003.
- Claire Le Brun, « Traduction et inquisition : le Mirouer des simples ames de Marguerite Porete », in J.-P. Beaulieu (dir.), D'une écriture à l'autre, les femmes et la traduction sous l'ancien régime, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2004.
- Danielle Régnier-Bohler (dir.), Voix de femmes au Moyen Âge, Laffont « Bouquins », 2006.
Traduction en anglais
- The Mirror of the Simple Souls Who Are Annihilated and Remain Only in Will and Desire of Love, traducteur Ellen L. Babinsky, pochette artiste Marion Miller, Paulist Press, 1993 (ISBN 0-8091-3427-6)
- The Mirror of Simple Souls Who Are Annihilated et Will Remain Who Are Annihilated and Remain Only in Will and Desire of Love, Sells, Michael A., Mystical Languages of Unsaying. University of Chicago Press, 118, 1994. (ISBN 0226747867)
Influence
- Un poème de Louis Aragon intitulé « Au large » est dédicacé « A Marguerite Porete et quelques autres ».
Voir aussi
- Portail des religions et croyances
- Portail de la littérature
Catégories :- Littérature chrétienne
- Œuvre littéraire médiévale en français
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