- Le Cornier de Cideville
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Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Le Cornier de Cideville Naissance 2 septembre 1693
RouenDécès 5 mars 1776 (à 83 ans)
ParisNationalité France Profession(s) Magistrat Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, né le 2 septembre 1693 à Rouen et mort le 5 mars 1776 à Paris, est un magistrat et lettré français, co-fondateur de l’Académie de Rouen.
Le Cornier de Cideville succéda à son père dans la charge de conseiller au Parlement de Normandie. Outre l’étude des lois à laquelle il s’était de bonne heure sérieusement appliqué, il avait encore cultivé la musique, la peinture et la poésie surtout dont il avait, à dix-huit ans, remporté un prix à l’Académie des Palinods de Rouen.
Condisciple de Voltaire au lycée Louis-le-Grand, il sera, de l’aveu de ce dernier, son ami plus de cinquante ans. Faisant grand cas de son jugement, celui-ci n’hésitait pas à soumettre ses écrits à son jugement. Voltaire est même venu chercher refuge chez lui en 1730 alors qu’il était poursuivi pour certaines de ses œuvres. Il aurait écrit Éryphile et la Mort de César lors de ce séjour en Normandie. La correspondance de cette figure majeure des Lumières en province, avec Voltaire constitue une mine pour les spécialistes de cette époque. Une de ses lettres donne l’occasion de juger du talent épigrammatique de Cideville : « Vous n’aviez garde de trouver M. de Voltaire, écrit-il à un correspondant à son sujet, il est parti très précipitamment de Déville, le jour même que vous êtes venu l’y chercher ; il s’est avisé de guérir un paysan de la fièvre, et on l’a pris pour un sorcier :
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- Pour avoir délivré
- Un manant de la fièvre tierce,
- Le village s’est figuré
- Que notre homme était en commerce
- Avec quelque diable juré.
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- Bien est vrai qu’au talent de guérir les malades,
- Surnaturel en ce canton,
- Contes de loup-garou s’étaient joints, ce dit-on.
- On entendait, la nuit, aubades
- Aux alentours de la maison,
- Et de dessous les palissades
- Sortaient donneurs de sérénades,
- Crus de Satan les camarades,
- Qui donnaient à tous le frisson
- Par infernales mascarades.
- Sans doute on aura pris les ébats des Dryades
- Qui faisaient fête au moderne Apollon.
- Bref, le curé, plus sot que sa séquelle,
- Parlait de faire un bon procès,
- Et qu’il fallait que la Tournelle
- L’interrogeât sur tous ces faits.
- Bien entendu que certaine valise
- Qu’on n’osait regarder trop sans frayeur,
- Ès mains du greffe avec soin serait mise
- Comme boutique d’enchanteur.
- Et j’eus bien craint qu’à maint de mes confrères
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- (À qui Dieu fasse paix !)
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- Certains écrits d’Eschyle et Sophoclès
- N’eussent paru magiques caractères ;
- Car on l’a dit — et ce n’est pas chimères —
- Est à Rouen président, conseiller,
- Qui va croyant au sorcier
- Par la raison qu’il ne l’est guères.
Le Cornier de Cideville a été, avec Fontenelle, le co-fondateur de l’Académie de Rouen dont il a rédigé les statuts. Il a également doté Rouen d’une école de dessin à laquelle de laquelle il a fait placer Descamps. Bien qu’il n’ait jamais rien fait imprimer, il existe parmi les manuscrits qu’il a légués, avec sa riche bibliothèque, à l’Académie de Rouen un recueil intitulé Poésies diverses et curieuses. Une seconde partie de ce recueil intitulé Journal depuis juin 1743 jusqu’en 1775 se trouve, avec le portrait de l’auteur, à la Bibliothèque publique de Rouen.
À sa mort, son éloge a été prononcé à l’Académie de Rouen par Haillet de Couronne.
Bibliographie
- Voltaire inédit (billets à Cideville, contrefaçon de ses œuvres à Rouen, correspondance de Cideville avec Voltaire, de Mme Du Châtelet avec Cideville), Éd. J. Noury, Paris, Impr. nationale, 1895
- À Monsieur de Voltaire, historiographe de France, Paris, Prault fils, 1745
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