Jean-Baptiste Descamps

Jean-Baptiste Descamps
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Allégorie de la découverte de l’Amérique
Tableau attribué à Jean-Baptiste Descamps

Jean-Baptiste Descamps, né le 28 août 1714 à Dunkerque et mort le 30 juin 1791 à Rouen, est un peintre et historien de l'art français.

Sa vie et son œuvre

La famille de Descamps s’opposa assez longtemps à ce qu’il s’occupât de peinture, bien qu’il eût pour oncle maternel Antoine Coypel, son oncle maternel, qui lui donna même des conseils. Son père l’envoya faire deux ans d’humanités chez les jésuites à Ypres. Il en profita pour prendre des leçons de dessin auprès d’un peintre. Refusant d’entrer dans la profession de son père[1], il s’enfuit pour Anvers pour poursuivre ses études, et à Paris, où il entra dans l’atelier de Nicolas de Largillière, avec qui il travaillera sur les tableaux exécutés pour le sacre de Louis XV.

Après avoir vécu à Paris et voyagé en Flandre, il se disposait à accompagner Van Loo, qui partait pour l’Angleterre avec de grandes commandes de la cour, et à l’y aider, lorsque sa vie prend un tour inattendu lors d’une halte à Rouen, où il avait des amis, et où l’érudit Le Cornier de Cideville saura le convaincre de rester en Normandie.

Établi à Rouen, il y fonde, sur le modèle de la Royal Dublin Society et sur la base des idées des philosophes des Lumières, une école particulière de dessin qui propose des cours gratuits, qu’il obtint ensuite de rendre publique et dont il fut nommé directeur. Beaucoup de bons artistes sont sortis de cette école, qui était très suivie, car Descamps écrivait en 1772 : « Trois cents et plus d’élèves qui me lutinent ne me permettent pas de m’absenter un moment. » Il a également rédigé au sujet de cette école, qui jouera un rôle primordial dans le développement des arts picturaux en Normandie, un mémoire qui sera couronné par l’Académie française.

Le style que Descamps, né en Flandre, affectionnait est celui des maitres flamands. Il aima et admira de bonne heure les œuvres de ses grands maitres, Rubens, Van Dyck, Teniers, Jordaëns, et, une fois fixé à Rouen, il résolut d’écrire leur histoire. Une part importante de son premier ouvrage sur la Vie des peintres flamands, allemands et hollandais, ornée de nombreux portraits d’artistes, paru entre 1753 et 1763 à Paris, chez Jombert, leur est consacrée. Il dessina un grand nombre de ces portraits et fut aidé dans cette tâche par Eisen, mais le principal attrait de ce livre réside dans les délicates gravures de ces portraits auxquelles Ficquet a prêté son burin. Rien de vivant, de personnel et de ressemblant comme ces fines têtes d’artistes. Le portrait de Van Dyck est considéré comme un petit chef-d’œuvre de gout.

Quant à la partie littéraire du livre, elle serait assez faible et les notices n’en seraient, à en croire Mariette, pas très exactes : « On s’attendait à trouver, dans les Vies des peintres des Pays-Bas, plus de recherches et plus de critique. Il s’est borné à traduire en français, tant bien que mal, ce que Van Mander, Houbraken et les autres auteurs flamands avaient écrit en leur langue, et, s’il y a fait quelques additions, elles ne regardent que les peintres avec lesquels il a vécu, et auxquels il prodigue des éloges peu mérités. Il faut d’ailleurs le lire avec précaution, car il a fait bien des fautes et même d’assez lourdes méprises. »

Dans son Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, qu’il a aussi enrichi de quelques planches, publié en 1769, il dresse une nomenclature minutieuse des peintures, des sculptures et des objets d’art qu’il a observés au cours de ses pérégrinations ; il marque d’une étoile ceux qu’il pense le plus susceptibles d’intéresser ses lecteurs et ajoute à leur intention une carte dépliante et un horaire des voitures publiques. « L’Italie seule, écrit-il dans sa préface, peut l’emporter sur les richesses que l’on trouve dans les églises de la Flandre. » Le préfacier de la deuxième édition du Voyage, parue en 1838, déplore toutefois la disparition de nombreuses œuvres décrites par Descamps, emportées dans la tourmente de la Révolution et de l’invasion napoléonienne.

Plusieurs tableaux de Jean-Baptiste Descamps sont conservés dans les musées des Beaux-Arts de Rouen et de Dunkerque. Diderot ne les a pas fort appréciés, trouvant qu’il peignait lourd et gris ; il lui conseille de garder ses toiles dans son cabinet et de les montrer, après diner, à ses amis, qui, le cure-dent en main, trouveront que ce n’est pas trop mal. Ailleurs, il rapporte le mot de Chardin, qui disait de la peinture de Descamps qu’elle était « de l’ouvrage de littérateur ».

Descamps fut encore chargé, quand Louis XV fit le voyage du Havre en 1753, d’en retracer les principaux épisodes : arrivée du roi, Illumination de la Grand-Rue, Manœuvres en rade, Lancement de navires, grandes compositions qui ont été gravées par Le Bas. Descamps mourut estimé et chéri de ses élèves, après avoir obtenu pour son fils Marc-Antoine la survivance de la place qu’il allait laisser vacante.

Notes

  1. La fabrication des fils teints.

Œuvres

  • Autoportrait, Rouen, musée des Beaux-Arts
  • La Pupille, Rouen, musée des Beaux-Arts
  • Le Négociant, Rouen, musée des Beaux-Arts
  • Paysanne cauchoise assise avec sa famille, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts
  • Portrait de l’artiste dans son atelier, Rouen, musée des Beaux-Arts

Publications

  • La Vie des peintres flamands, allemands et hollandois, avec des portraits gravés en taille-douce, une indication de leurs principaux ouvrages, & des réflexions sur leurs différentes manieres (1753-1763) (4 volumes) ; illust. Charles Eisen ; réédition : Minkoff, Genève, 1972.
  • Sur l’utilité des établissements des écoles gratuites de dessin en faveur des métiers (1767)
  • Voyage pittoresque de la Flandre et du Brabant, avec des réflexions relativement aux arts et quelques gravures (1769) [lire en ligne]

Bibliographie

  • Christian Michel, « Lettres adressées par Charles-Nicolas Cochin fils à Jean-Baptiste Descamps, 1757-1790», Correspondances d’artistes des XVIIIe siècle, Archives de l’Art français publiés par la société de l’Histoire de l’Art français, nouvelle période, t. XXVIII, Jacques Laget, Nogent-le-Roi, 1986,

Sources

  • Roger Portalis, Les Dessinateurs d'illustrations au dix-huitième siècle, vol. 1 à 2, Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1877.

Liens externes


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