- Le Chant des Africains
-
Le Chant des Africains est un chant militaire composé en 1943 par le capitaine de l'armée française Félix Boyer (1887-1980), chef de la Musique régionale des Chantiers de la Jeunesse d’Afrique du Nord française, puis de la musique du Gouvernement provisoire de la République française à Alger (également auteur de la chanson à boire : Boire un petit coup), en reprenant un texte d'une marche de 1915 de la Division marocaine[1],[2] sur l'air de l'hymne de l'Infanterie de marine et écrit par le commandant Reyjade, officier des tirailleurs marocains selon certaines sources, ou par le sergent Bondifala et le tirailleur Marizot selon d'autres.
C'est ce même Félix Boyer qui lui donna son titre en changeant le C'est nous les Marocains... du texte original par le célèbre C'est nous les Africains du texte actuel.
Le chant est dédié au colonel Van Hecke, commandant du 7e régiment de chasseurs d'Afrique, régiment issu des Chantiers de la jeunesse d'Afrique du Nord dont Félix Boyer eut la responsabilité de la musique avant d'être nommé chef de musique de la garnison d'Alger où il baptisa son œuvre « Chant de guerre des Africains ».
L'armée d'Afrique l'adopte rapidement et en fait sa marche officielle. Elle rend célèbre le chant à travers ses campagnes au point qu'il en devienne le symbole de la gloire de l'armée d'Afrique.
Il est pour cette raison très souvent repris lors des cérémonies militaires commémoratives de la Seconde Guerre mondiale. À noter que le général De Gaulle refusa que ce chant soit interprété lors des obsèques du maréchal Alphonse Juin, lui-même pied-noir, qui fut commandant en chef de l'armée d'Italie. Il n'avait pas admis l'opposition du maréchal à sa politique algérienne.[réf. nécessaire]
Il fut par la suite repris pendant la guerre d'Algérie par les Pieds-Noirs et les partisans de l'Algérie française pour affirmer leur fidélité à la métropole. Après l’indépendance algérienne en 1962, les musiques et fanfares militaires françaises ne furent pas autorisées à le jouer, car étant devenue « séditieuse ». Cette interdiction fut levée en août 1969[3].
Le Chant des Africains est, avec la Marseillaise, le seul chant militaire qui se chante et se joue au garde-à-vous lors des prises d'armes.
Sommaire
Les paroles
Le texte de 1915
-
- I
- Nous étions au fond de l'Afrique
- Embellissant nos trois couleurs,
- Et sous un soleil magnifique,
- Retentissait ce chant vainqueur :
- En avant ! En avant ! En avant !
-
-
- Refrain
- C'est nous les Marocains,
- Qui venons de bien loin.
- Nous v'nons d'la colonie,
- Pour défen'le pays.
- Nous avons abandonné
- Nos parents nos aimées,
- Et nous avons au cœur,
- Une invincible ardeur,
- Car nous voulons porter haut et fier
- Ce beau drapeau de notre France altière :
- Et si quelqu'un venait à y toucher,
- Nous serions là pour mourir à ses pieds.
- Roulez tambour, à nos amours,
- Pour la Patrie, pour la Patrie
- Mourir bien loin, c'est nous les Marocains !
-
Le texte de 1943
-
- I
- Nous étions au fond de l'Afrique,
- Gardiens jaloux de nos couleurs,
- Quand sous un soleil magnifique
- Retentissait ce cri vainqueur :
- En avant ! En avant ! En avant !
-
-
- Refrain
- C'est nous les Africains
- Qui arrivons de loin,
- Nous venons de nos pays (venant des colonies)
- Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
- Nous avons tout quitté
- Parents, gourbis, foyers
- Et nous gardons au cœur
- Une invincible ardeur
- Car nous voulons porter haut et fier
- Le beau drapeau de notre France entière
- Et si quelqu'un voulait nous séparer (venait à y toucher),
- Nous saurions tous mourir jusqu’au dernier (à ses pieds)
- Battez tambours, à nos amours,
- Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
- C'est nous les Africains !
-
-
- II
- Pour le salut de notre Empire,
- Nous combattons tous les vautours,
- La faim, la mort nous font sourire
- Quand nous luttons pour nos amours,
- En avant ! En avant ! En avant !
-
-
- Refrain
-
-
- III
- De tous les horizons de France,
- Groupés sur le sol Africain,
- Nous venons pour la délivrance
- Qui par nous se fera demain.
- En avant ! En avant ! En avant !
-
-
- Refrain
-
-
- IV
- Et lorsque finira la guerre,
- Nous reviendrons dans nos gourbis,
- Le cœur joyeux et l'âme fière
- D'avoir libéré le Pays (d'avoir défendu la Patrie)
- En criant, en chantant : en avant !
Notes
- Stéphane Audoin-Rouzeau, Sortir de la grande guerre: le monde et l'après-1918, Tallandier, 2008, p.407
- Tirailleurs algériens et tunisiens, de Zouaves et de légionnaires. Les premiers Tirailleurs marocains servirent eux, dans une autre division, au sein de la Brigade de chasseurs indigènes, connue aussi sous l'appellation de Brigade marocaine, avant de former le 1er régiment de tirailleurs marocains en 1915 puis le 2e régiment de tirailleurs marocains en 1918, Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.126 La Division marocaine n'était pas composée de soldats marocains mais de
- Histoire du « Chant des Africains » sur Bab-El-Oued Story
Voir aussi
Liens internes
Lien externe
-
Wikimedia Foundation. 2010.