Lazhar Chraïti

Lazhar Chraïti

Lazhar Chraïti (الأزهر الشرايطي), né le 16 mars 1919 à Baten El Aïech et exécuté en janvier 1963, est un fellaga tunisien.

Portrait de Lazhar Chraïti

Parti en 1947, pour combattre en Palestine, il revient en Tunisie trois ans plus tard et participe activement à la lutte armée menée contre les autorités du protectorat français. Chef de l'« Armée de libération nationale », Lazhar Chraïti a été surnommé « Le Lion d'Arbat ». À la tête de quelque 2 000 fellagas, il combat les troupes françaises, ce qui conduit les autorités du protectorat à offrir une prime de deux millions de francs pour sa capture, mort ou vif. En raison de la lutte armée qu'il mène, il permet au Néo-Destour, qui décide de s'asseoir à la table des négociations avec le gouvernement français, de faire pression sur les négociateurs.

Biographie

Né à Baten El Aïech, à une quinzaine de kilomètres de Gafsa, il travaille dès la fin de sa scolarité dans les mines de phosphates de Mdhila, et ce jusqu'en 1947. C'est alors qu'il rejoint avec d'autres camarades les rangs d'une armée arabe composée de volontaires maghrébins pour la Palestine. Malgré le refoulement d'une partie des combattants, il figure parmi ceux qui parviennent à atteindre le front et à rejoindre les camps d'entraînements ; il s'y spécialise dans l'espionnage et le renseignement sous les ordres de spécialistes comme Hassan Zaïm, Rachid Koutabi ou Najel Koutabi, héros de la guerre du Rif marocain.

Sa participation à plusieurs opérations militaires lui permettent d'acquérir une expérience militaire et plusieurs décorations. Il décide de rentrer en Tunisie après la rencontre et sur les conseils du militant Youssef Rouissi. Dès son arrivée à Ouled Chraït, près de Gafsa, il est assigné à résidence par les autorités du protectorat. Après l'intervention du docteur italien Sacozzali, il retrouve son travail à la mine et se fait oublier. Il commence alors à réfléchir à son projet de résistance armée contre la colonisation française en Tunisie.

En 1951, il commence à contacter ses anciens frères d'armes du Proche-Orient et des membres du Néo-Destour, mais aussi des gens influents sur le plan financier comme Ahmed Ben Doula et Ahmed Khadouar. À l'occasion de la visite d'Habib Bourguiba à Gafsa en novembre 1951, durant laquelle le leader nationaliste prononce un discours à la grande mosquée, un accord secret est conclu entre Chraïti et Bourguiba, à Wahet Sidi Salem, autour du lancement de la lutte armée. 1952 marque le début des opérations armées : le nombre de combattants augmente rapidement alors que les autorités françaises répondent par des punitions collectives. D'autres groupes, basés à Om Lakhal et commandés par Amar Getar, Tahar Lassoued et Belgacem El Basli, rejoignent Chraïti dans son combat.

Lazhar Chraïti en 1955

En avril 1953, un rassemblement de dirigeants du mouvement, au nombre de 360 à 500 selon les sources, décide de la tactique à suivre : l'établissement d'une charte et la nomination de treize chefs de divisions (Mabrouk El Akermi, Abdelwaheb Essendi, Mohamed Tourmi, Mohamed El Ayachi, El Ferchichi, Abou El Ares, etc.), avec Lazhar Chraïti comme leader et Sassi Lassoued comme adjoint.

Avec l'avènement de l'indépendance, le 20 mars 1956, il continue son combat à la frontière algéro-tunisienne, en soutenant les combattants algériens du FLN. Une fois l'indépendance algérienne proclamée en 1962, il revient à la vie civile. Déjà marié à une Tunisienne, dont il a deux filles, il prend pour deuxième épouse une Suissesse avec qui il a trois garçons et deux filles.

Outré par le pouvoir exclusif du président Habib Bourguiba et le peu de considération pour les fellagas morts pour leur patrie, Lazhar Chraïti est arrêté par la police en octobre 1962, suite au complot ayant tenté d'atteindre à la vie du chef de l'État ; il est condamné à mort et exécuté en janvier 1963.

Voir aussi

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lazhar Chraïti de Wikipédia en français (auteurs)

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