Lac de Serre-Ponçon

Lac de Serre-Ponçon
Lac de Serre-Ponçon
Lac de Serre-Ponçon
Savines et le lac de Serre-Ponçon vus depuis le pic de Morgon
Administration
Pays Drapeau de France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Géographie
Latitude
Longitude
44° 31′ Nord
       6° 21′ Est
/ 44.517, 6.35
44°31′N 6°21′E / 44.517, 6.35 
Type Lac artificiel
Origine Barrage mise en eau en 1960
Superficie 28,2 km2
Altitude De 722 à 780 m
Profondeur 90 m
Volume 1,272 km3[1]
Hydrographie
Bassin versant 3 600 km2
Alimentation la Durance, l'Ubaye
Émissaire(s) la Durance
Durée de rétention 6 mois[2]
Divers
Commentaire deuxième lac artificiel d'Europe par sa capacité
troisième par sa superficie

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Lac de Serre-Ponçon

Le lac de Serre-Ponçon est un lac artificiel dans le sud des Alpes françaises à la limite des départements des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Il a été créé par l'établissement d'un barrage sur la Durance, 2 km en aval de son confluent avec l'Ubaye. Il est le deuxième lac artificiel d'Europe par sa capacité (1,272 milliard de mètres cubes) et le troisième par sa superficie (28,2 km2).

Sommaire

Communes riveraines

Dans les Hautes-Alpes :

  • Embrun, rive droite de la Durance ; l'étendue de la retenue située sur la commune d'Embrun a été ceinturée et transformée en un plan d'eau aménagé dont le niveau est maintenu constant ; il n'y a pas d'accès au lac proprement dit
  • Crots, rive gauche de la Durance, sur 6 kilomètres ; deux zones de loisirs en bordure du lac de part et d'autre du torrent de Boscodon
  • Puy-Sanières, rive droite de la Durance, sur 4 kilomètres, pas d'accès aménagé au lac
  • Savines-le-Lac, seule commune dont le territoire est situé sur les deux rives du lac, sur environ 5 kilomètres sur chaque rive ; plusieurs zones de loisirs aménagées sur la rive gauche, promenades sur le lac en saison
  • Prunières, rive droite de la Durance, sur 4 kilomètres, plusieurs accès au lac depuis la RN 94, zone de loisirs aménagée dans la baie Saint-Michel
  • Chorges, rive droite de la Durance, sur 5 kilomètres non compris la baie des Moulettes ; plage sur la baie Saint-Michel, site aménagé à Chanteloube
  • Rousset, rive droite de la Durance, sur 5 kilomètres, petits accès aménagés sur la baie des Lionnets
  • le Sauze-du-Lac, entre Durance et Ubaye, sur 6 kilomètres, site aménagé à Port-Saint-Pierre (unique accès au lac) ; depuis la mise en eau de la retenue, la commune n'a plus de contact terrestre avec les autres communes de son département.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence :

  • Pontis, rive gauche de la Durance, sur 3 kilomètres, accès au lac difficile
  • le Lauzet-Ubaye, rive droite de l'Ubaye, sur 6 kilomètres ; pas d'accès aménagé
  • la Bréole, rive gauche de l'Ubaye, sur 6 kilomètres, un seul accès au lac, spécialisé dans les loisirs nautiques
  • Saint-Vincent-les-Forts, rive gauche de l'Ubaye, sur 5 kilomètres ; zone de loisirs.

La chapelle Saint-Michel

Chapelle Saint-Michel à basses eaux

Aux environs de l'an 1020, l'abbaye Notre-Dame de Boscodon possédait un prieuré qui dominait la vallée de la Durance sur sa rive droite, entre Chorges et Prunières[3]. La chapelle, construite au XIIe siècle sur une petite éminence, associée à l'abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse[3], fut détruite en 1692 par les troupes[Qui ?] du duc de Savoie. Reconstruite au XVIIe siècle, elle devint un lieu de pèlerinage pour les paroissiens de Chorges et de Prunières, qui s'y rendaient en foule le 29 septembre, fête de la saint-Michel.

Lors de la construction du barrage, en 1961, la destruction de la chapelle était programmée, mais, comme elle était à une altitude légèrement supérieure à la cote maximale théorique du futur lac, elle fut finalement sauvegardée. Désormais la chapelle trône seule sur un îlot de quelques dizaines de mètres carrés au-dessus du niveau du lac. Le cimetière a été englouti, et la chapelle murée. On peut encore en approcher lors des basses eaux, mais pas y pénétrer. Des offices religieux sont parfois célébrés sur des embarcations à proximité de la chapelle.

L'îlot Saint-Michel est aujourd'hui l'un des sites les plus photographiés du département des Hautes-Alpes.[réf. nécessaire]

Le barrage de Serre-Ponçon

Barrage de Serre-Ponçon
Image illustrative de l'article Lac de Serre-Ponçon
Le barrage de Serre-Ponçon vu du belvédère
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Cours d'eau Durance
Objectifs et impacts
Vocation Énergie et irrigation
Date de mise en service 1960
Barrage
Type Poids
Hauteur du barrage (lit de rivière) 129 m
Réservoir
Altitude du réservoir 780 m
Volume du réservoir 1 272 M m3
Surface du réservoir 2 820 ha
Centrale hydroélectrique
Puissance installée 380 MW
Production annuelle 700 GWh/an
Irrigation
Surface irriguée 100 000 ha

Historique

Les crues dévastatrices de la Durance, en 1843 et 1856, ont conduit à des études de faisabilité d'un barrage. La trop grande perméabilité des sols a cependant nécessité d'attendre l'émergence de nouvelles techniques. Un ingénieur d'origine moscovite, Ivan Wilhem, propose plusieurs projets à partir de 1909[4].

Les travaux d'aménagement débutèrent en 1955 avec Jean de Mailly pour architecte aidé de Jean Prouvé et la mise en eau de la retenue s'effectua à partir de novembre 1959 pour s'achever en mai 1961. Environ 1500 personnes furent déplacées et leurs villages - Savines, Ubaye, Rousset - inondés. Le village de Savines fut reconstruit et le nouveau Savines-le-Lac inauguré en 1962.

Le lac de Serre-Ponçon est le troisième lac artificiel d'Europe par sa superficie, après le lac de l'Alqueva situé au Portugal et le lac du Der-Chantecoq situé dans la Marne et la Haute-Marne. Il est le deuxième lac artificiel d'Europe pour sa capacité.

Caractéristiques

Le barrage en remblai est large de 650 mètres à sa base. La crête, haute de 123 mètres, est large de 9,35 mètres et longue de 600 mètres[1]. On peut estimer son volume à 14 millions de mètres cubes[1], dont deux millions pour le noyau étanche. Il est conçu pour résister à une secousse de magnitude 7 sur l'échelle de Richter, et peut évacuer un débit de crue maximal de 3440 m3 par seconde[1] (la crue du 14 juin 1957 culmine à 1700 m3/s)[5].

Le bassin versant du lac est de 3 600 km2 et la capacité maximale de la retenue de 1,272 km3. L'altitude maximale du lac est de 780 mètres mais elle peut descendre à 722 mètres à l'étiage.

Construction

Les travaux commencent après creusement de deux galeries souterraines de 900 m de long et 10,5 m de diamètre, rive gauche, destinées à dévier la Durance durant les travaux (mises en œuvre le 29 mars 1957)[6].

La digue elle-même est construite à partir d’avril 1957, au-dessus d’un noyau d’argile assurant l’étanchéité, au rythme de 50 t d’argile et de 20 000 m³ de pierres par jour. Chaque mètre cube de pierre est mouillé par 100 litres d’eau, afin de le tasser. Trois mille ouvriers travaillent sur le chantier, qui fonctionne de deux heures du matin à dix heures du soir (l’arrêt de quatre heures étant nécessaire pour l’entretien des machines)[7]. La fermeture des vannes est ordonnée le 16 novembre 1959, et le barrage rempli le 18 mai 1961[8].

Inspection

Mi-septembre 1971, on utilisa la soucoupe plongeante de la Calypso, SP-350, pour inspecter le barrage sans devoir le vider. Cette inspection décennale d'un barrage sous eau à l'aide d'un sous-marin était une première mondiale. La soucoupe était pilotée par Albert Falco. 12 plongées d'une durée totale de 16 heures 30 furent effectuées[9]'[10].

Aménagements

Aménagements utilitaires

Évacuateur de crue du barrage de Serre-Ponçon vu du pont d'Espinasses - 30 mai 2008

La « loi d'aménagement de Serre-Ponçon et de la Basse-Durance » du 5 janvier 1955 marque la volonté du législateur d'associer l'irrigation à l'hydroélectricité. Ainsi, à partir de la retenue, un canal, géré par EDF conduit la plus grande partie de l'eau de la rivière vers des barrages-usines successifs situés tout au long de la vallée, et permet l'irrigation. Le « grand canal EDF » suit la Durance, sur l'une ou l'autre rive, sur plus de 100 kilomètres, et ne la quitte qu'à la hauteur de la « trouée de Lamanon », dans le nord des Bouches-du-Rhône, pour se diriger vers l'Étang de Berre.

Travaux complémentaires

Les élus des vallées concernées militèrent (au sein du comité d’action et de défense de la vallée de l’Ubaye) pour ne pas être à nouveau isolés : le barrage coupait de nombreuses routes, supprimait la gare de Prunières. Ils obtinrent, pour la première fois en France à l’occasion de la construction d’un barrage et du déplacement de villages, une indemnité pour le « préjudice moral causé par l’arrachement d’une population à son milieu naturel »[11]. Au total, 50 km de routes et 14 km de voies ferrées sont construites[6]. Le pont de Savines, d'une longueur totale de 924 m[6], est achevé en 1960. Il surplombe l'ancien village de 40 m.

Aménagements touristiques

Plusieurs lieux ont été aménagés afin de développer le tourisme sur les différentes communes autour du lac :

  • l'accueil du barrage à l'entrée de l'usine : salles d'expositions, histoire et informations sur la construction du barrage et la production d'énergie hydro-électrique par EDF
  • à Chorges, avec notamment le site de Chanteloube, et le centre de vacances du BTP
  • à Embrun, avec le plan d'eau et plusieurs terrains de camping
  • au Sauze-du-Lac, plus particulièrement l'aménagement de Port-Saint-Pierre
  • à Rousset, le Muséoscope du lac, terrains de camping
  • à Savines-le-Lac avec l'aménagement du port, de plages et de terrains de camping
  • à Saint-Vincent-les-forts avec l'aménagement de la mise à l'eau, de la plage et de terrains de camping
Lac de Serre Poncon-Panorama.jpg

Le SMADESEP

Fondé en 1997, le Syndicat mixte d'aménagement et de développement de Serre-Ponçon[12] (SMADESEP) associe depuis 2003 le Conseil général aux collectivités riveraines des Hautes-Alpes pour assurer la gestion et l'aménagement touristique de la retenue. Cet établissement public, en charge de l'ensemble des équipements publics - plages surveillées et installations portuaires, a également vocation à instruire pour le compte d'EDF les demandes d'occupation temporaire du domaine public hydroélectrique. Le SMADESEP procède ainsi à l'installation de bénéficiaires de droit privé pour une durée maximale de 10 ans, en vertu d'un accord conventionnel souscrit en juin 2008 avec EDF. Cet accord prévoit non seulement la mise à disposition du SMADESEP du domaine public hydroélectrique, mais également d'autres dispositions comme le respect par EDF d'une cote minimale du lac pendant la période estivale ou l'obligation respective des cosignataires de s'engager dans des logiques d'information mutuelle.

Le lac de Serre-Ponçon, véritable petite mer intérieure avec un balisage nautique de 300 balises environ gérées par le SMADESEP, offre aujourd'hui cinq plages publiques surveillées et près de 500 postes de mouillage publics.

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes

Sources

  • Claude Gouron (photographe), Hélène Vésian (auteur), Serre-Ponçon : voyage photographique au confluent de l’Ubaye et de la Durance, Le Pontet : Éditions Barthélemy et Hangar, 2004. ISBN 2-87923-165-5

Notes

  1. a, b, c et d Gouron-Vésian, op. cit., p 125
  2. D'après le volume du lac et le débit moyen à la station de mesure de la Durance à Espinasses donné par la banque Hydro
  3. a et b J.Roman, Dictionnaire topographique des Hautes-Alpes, 1886, rééd. C.Lacour, Nîmes, 2000, (ISBN 2-84406-757-3), page145.
  4. Claude Gouron (photographe), Hélène Vésian (auteur), Serre-Ponçon : voyage photographique au confluent de l’Ubaye et de la Durance, Le Pontet : Éditions Barthélemy et Hangar, 2004. ISBN 2-87923-165-5, p 65-67
  5. Gouron-Vésian, op. cit., p 119
  6. a, b et c Gouron-Vésian, op. cit., p 117
  7. Gouron-Vésian, op. cit., p 120
  8. Pour le §, Gouron-Vésian, op. cit., p 117-119
  9. La soucoupe plongeante en eau douce sur passion-Calypso.com
  10. (audio) Récit de carrière de M. André Lacoste au service de la production hydraulique d’EDF (1954-1986) sur memoire-orale.org, 4 mars 1994, Collection : Les ingénieurs de la production hydraulique d'EDF.
  11. Gouron-Vésian, op. cit., p 92
  12. Syndicat mixte d'aménagement et de développement de Serre-Ponçon

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lac de Serre-Ponçon de Wikipédia en français (auteurs)

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