- Amélie Hélie
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Amélie Élie
Amélie Élie (née le 17 juin 1879 à Orléans et morte le 16 avril 1933 à Paris) est une prostituée française, connue dans le milieu des malfrats du Paris de la Belle Époque, sous le nom de Casque d'Or.
Ce surnom, attribué dira-t-elle par une infirmière, lui vient de l'enjeu de la lutte que se livraient deux chefs de bandes du 20e arrondissement de Paris.
Sommaire
Biographie
La gamine d'Orléans
La jeune orléanaise se montrera précoce en se mettant en ménage à 13 ans avec un ouvrier de 15 ans surnommé « le matelot ». Logés à l'hôtel « des Trois empereurs », le père et la police les retrouvent. Séparés de force, le « matelot » partagera sa vie entre maisons de correction et fugues. Quant à Amélie, elle se séparera de lui définitivement au bout d'un an, préférant la compagnie plus réjouissante d'Hélène de Courtille, mère maquerelle, qui l'accueille chez elle et la lance sur le trottoir. Amies et amantes, elle fréquente le Paris de la nuit, le Paris indicible, le Paris des « Apaches » et de la pègre.
C'est d'ailleurs dans leur repaire, « La Pomme au lard », un des nombreux « salons du pauvre », les bistrots sans classe, qu'elle rencontre son futur compagnon, Bouchon, fraîchement sorti de prison, où il a purgé une peine pour proxénétisme.
Amélie est lassée de l'attachement d'Hélène et de sa jalousie, et se laisse tomber dans les bras de Bouchon, où plutôt sur son coin de trottoir. Mais se prostituer n'est pas un problème pour la gamine d'Orléans. Consciencieuse, elle regarde son activité comme un travail honorable et lui attribue même un rang social de prime importance. Elle rédigera d'ailleurs une table de commandements, dans lequel elle fait l'éloge de la prostituée parisienne. Lui attribuant un rôle humanitaire : « elle fournit du rêve aux hommes », « elle soulage des épouses », « elle recueillait les jeunes commis tirant la langue et les dorlotait dans ses bras » et lui confie également une fonction économique en prétendant qu'elle « est un mode de circulation de la richesse publique ».
Cependant, les éloges sur son métier s'arrêteront là. Sous la main de Bouchon, elle passe de prostitution régulière à véritable abattage. Bouchon devenant de plus en plus violent et de plus en plus exigeant, elle craque.
À 19 ans, elle s'enfuit donc de Charonne, mais recherchée par Bouchon qui a lancé ses hommes de main sur sa trace, elle est contrainte à quatre jours d'errance dans Paris.
Son parcours se poursuivra place de la Contrescarpe avec la rencontre de Joseph Pleigneur, dit Manda, un chef de bande de 22 ans. Il lui propose son aide à commencer par impressionner Bouchon, qui n'insiste pas, puis en plantant un couteau dans le dos de Ballet, comparse de Bouchon auquel ce dernier a « refilé » Amélie.
Cependant, ses activités ne changent pas : Manda, qui vit essentiellement du racket de commerçants et de prostitution, la range sur un nouveau trottoir.
Mais Manda, s'il semble être un homme agréable à vivre, n'en oublie pas moins ses affaires et reste souvent absent pour les régler. Ce que sa régulière supporte moins bien. Au lieu de l'attendre à la maison, elle préfère sortir et se consoler auprès d'amants et d'amantes, et finit à 22 ans, par le quitter supportant difficilement une de ses infidélités.
L'affaire Manda-Leca
Elle rencontre un première fois Leca sur le boulevard Voltaire, puis une deuxième fois aux Halles. Lui aussi est chef d'une bande, et il germe dans l'esprit de la jeune femme l'idée d'une vengeance contre son ex infidèle.
Elle s'installe avec Leca, consciente qu'un chef de bande ne peut laisser son honneur sali par une telle situation et devient ainsi l'enjeu du combat des chefs à venir.
Manda déclenche les hostilités en infligeant un coup de couteau à Leca. Manda est arrêté, mais Leca ne le reconnait évidemment pas devant la police, il est immédiatement relâché. Manda confortera son avantage en attaquant l'hôtel où résident Leca et Amélie, sans que personne ne soit blessé. Mais la guerre est déclarée, et une bataille rangée aura lieu une semaine plus tard entre la bande de Manda et celle de Leca. Leca en sortira avec deux balles de revolver dans le bras et la cuisse et attendra trois jours avant de se faire soigner à l'hôpital Tenon où la police vient l'interroger et devant laquelle il observera le même silence.
À sa sortie de l'hôpital, la bande à Manda, par le bras armé d'un certain Polly, portera trois nouveaux coups à Leca, au couteau cette fois-ci, dans le fiacre qui ramène le blessé. De retour à l'hôpital, l'affaire Manda/Leca, fait la une de la presse.
Un journaliste du Petit Journal, Arthur Dupin, s'indigne :
« Ce sont là des mœurs d’Apaches, du Far West, indignes de notre civilisation. Pendant une demi-heure, en plein Paris, en plein après-midi, deux bandes rivales se sont battues pour une fille des fortifs, une blonde au haut chignon, coiffé à la chien ! »Le terme d'Apache était né pour désigner les malfrats de la capitale.
La police interroge à nouveau Leca, se heurte au même silence que briseront les parents, épuisés par ces incessantes agressions de leur fils, en livrant le nom de Manda qui à la nouvelle de sa dénonciation prend la fuite.
Après une planque chez un souteneur du XIIIe, un exil d'une semaine à Londres et un retour à Alfortville, c'est dans cette dernière ville qu'il est reconnu, dénoncé et cueilli par un détachement d'un cinquantaine de policiers.
La presse se rue, les écrivains produisent à tour de bras chansons, pièces de théâtre, et Casque d'Or la prostituée entre dans la légende.
Leca et Amélie y trouvent leur compte et vivent de ces revenus inattendus. Un bonheur de courte durée puisque la bataille Manda/Leca se poursuit, mais cette fois-ci, Leca endosse le rôle de repris de justice et se réfugie en Belgique où il est rattrapé.
Pour Amélie rien ne change, une foule immense vient au procès Manda en mai 1902, uniquement pour la voir. Manda et Leca seront condamnés au travaux forcés et au bagne. Ils partiront pour l'île du Diable pour ne plus en revenir.
Ses dernières années
Casque d'Or cessera la prostitution, mais suivront d'autres amants, avant qu'elle ne se marie à un bonnetier dont elle élèvera les quatre enfants.
Elle s'éteindra en 1933, à 52 ans.
Au cinéma
Son histoire inspirera le film Casque d'or de Jacques Becker, qui devait rendre célèbre l'actrice Simone Signoret en 1951.
Sources
- Les Mémoires de Casque d'Or parus initialement en feuilleton dans le journal Le Fait divers en 1902 ont servi de base pour une biographie romancée d'Amélie Elie, écrite par Madeleine Leveau-Fernandez, chez Calmann-Lévy en 1999, et ont été réédités dans Chroniques du Paris apache (1902-1905), collection Le Temps retrouvé au Mercure de France en 2008.
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