- La Petite Poucette
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Poucette
La Petite Poucette, dont le titre est Tommelise dans la version originale danoise, est un conte de fée du poète et conteur Hans Christian Andersen (1805–1875). Ce conte a pour la première fois été publié dans un petit livret des éditions C. A. Reitzel le 16 décembre 1835 à Copenhague au Danemark.
La Petite Poucette narre l’histoire d’un être humain minuscule qui se verra confronté à des ennemis et obstacles de sa dimension. L’histoire d’Andersen puise son inspiration dans le Petit Poucet de Charles Perrault (lequel a d’ailleurs inspiré la traduction en français du titre Tommelise), dans le conte populaire anglais adapté par les frères Grimm Tom Pouce pour ce qui est des péripéties rencontrées par l’héroïne, ainsi que dans les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.
Sommaire
Histoire
Une femme en mal d’enfants implore le Ciel de lui venir en aide. Un beau jour, une bonne sorcière entend son appel et dépose à son insu une graine. S’étonnant de la provenance de cette graine, la femme la plante néanmoins : une fillette minuscule sortira de la fleur. Elle décide d’appeler l’enfant Poucette, car elle n’est pas plus haute qu’un pouce.
Un soir, alors que la Petite Poucette est endormie dans la coquille de noix qui lui sert de berceau, elle est enlevée par un crapaud qui souhaite l’offrir en mariage à son fils. Elle parvient cependant à s’échapper en montant sur un tapis de lys voguant à la surface de la rivière voisine. La repérant de loin, un hanneton fond sur elle et la fait prisonnière ; il la montre à ses congénères qui, dégoûtés par l’apparence de Poucette, le rejettent. Dépité, le hanneton finit par s’en débarrasser au pied d’un arbre.
Les premières bourrasques annonçant l’hiver soufflent. La Petite Poucette peine à lutter contre le froid dans ses haillons. Blottie dans un tas de feuilles, elle remarque une hirondelle qui s’est cassé une aile. Poucette la soigne malgré la rudesse du climat, permettant ainsi à l’hirondelle de partir dans les pays chauds et ainsi de sauver sa vie. Elle toque à la porte d’un rat des champs qui lui accorde l’asile ; en échange, elle devra servir de bonne à tout faire. L’hiver passe, Poucette et le rat se lient d’amitié. Quelques mois plus tard, le rat lui suggère au cours d’une conversation inopinée d’épouser le voisin, une taupe. Ce projet n’étant pas du tout du goût de l’intéressée, elle proteste : le rat la menace de la mordre si elle ne se plie pas à sa volonté. Paniquée, elle s’enfuit de la maison.
Dans sa fuite, elle rencontre par hasard l’hirondelle qu’elle avait soignée dans les premiers jours de l’hiver. L’hirondelle l’emporte sur son dos très loin jusqu’à un champ de fleurs. Là, la Petite Poucette rencontre un prince des fleurs, de la même taille qu’elle. Les deux êtres se marient ; en cadeau de noces, la Petite Poucette se voit offrir des ailes pour accompagner son mari lors de ses voyages de fleur en fleur : elle sera désormais Maja, princesse des êtres des fleurs.
Publication et accueil
Le conte a pour la première fois été publiée par l’éditeur C.A. Reitzel le 16 décembre 1835 à Copenhague dans le recueil de trois contes intitulé Contes de Fées pour enfants. Première Collection. Deuxième Cahier. 1835. (Eventyr, fortalte for Børn. Første Samling. Andet Hefte. 1835.). La Petite Poucette (Tommelise) figurait avec Le Méchant Garnement (Den uartige Dreng) ainsi que Le Compagnon de Voyage (Reisekammeraten). Le conte a par la suite été réédité en décembre 1849 dans le recueil Contes. 1850. (Eventyr. 1850. ), puis en 1862 dans Contes et Histoires. Premier Volume. 1862. (Eventyr og Historier. Første Bind. 1862.).[1]
Les contemporains d’Andersen n’ont pas été tendres avec lui, d’autant que la Petite Poucette est l’une des toutes premières nouvelles que l’écrivain ait publiées. On lui reprochait de ne pas faire preuve du talent littéraire nécessaire à ce genre d’exercice. Dans sa biographie, Andersen souligne d’ailleurs combien ces critiques l’avaient blessé, mais qu’il était malgré tout revenu à l’écriture de contes, sa véritable vocation.[2]
Symbolique
On n’a cessé de reprocher à l’époque à Andersen de ne jamais énoncer explicitement la morale de ses histoires[3], contrairement aux publications de contes populaires qui faisaient référence à l’époque (comme ceux bien plus anciens de Charles Perrault entre autres). Ceci était d’autant plus embarrassant que la population cible de ses contes étaient des enfants, qui de facto n’avaient pas encore développé la subtilité d’esprit nécessaire à la lecture du conte sous une autre perspective.
La symbolique de la taille est un leitmotiv récurrent dans les contes européens. On trouvera des protagonistes exposés à des aventures incongrues en raison de leur taille différente de celle des autres dans des contes tels que Le Petit Poucet, Tom Pouce, Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift ou bien encore Meister Flak de E.T.A. Hoffmann. La Petite Poucette se présente, dans sa version française tout du moins, comme la version féminine du Petit Poucet. Le pouce faisait à l’époque partie du système de mesure employé par tous, avant que le système métrique ne s’impose peu à peu en Europe. D’ailleurs, dans le titre original de la nouvelle figure déjà l’idée, puisque tomme signifie pouce en danois.
Plus généralement, la Petite Poucette constitue un véritable plaidoyer pour le droit à la différence. Il s’agit en effet d’un des premiers contes d’Andersen où « l’auteur insiste sur les souffrances et les moqueries infligées à celui qui est différent ».[3]
La thématique du voyage est aussi omniprésente dans le conte. Ainsi, la Petite Poucette est enlevée de sa première maison et ne fait qu’errer jusqu’à la rencontre de son prince. L’hirondelle symbolise « l’oiseau migrateur dont le quotidien ressemblait à la propre vie d’Andersen[3] ».
En effet, la symbolique du retour aux sources rend la trame de fond de l’histoire circulaire. La Petite Poucette naît dans une fleur magique pour finalement rencontrer un alter ego qui n’est autre qu’un prince des fleurs. Le retour chez soi se présente surtout comme une fin heureuse, un soulagement final pour les enfants.
Divers
- La Petite Poucette fait une apparition surprise au bras de son alter ego masculin Tom Pouce lors de la montée des marches du château de Fort Fort Lointain dans le film d’animation Shrek 2. Toutefois, son nom a été traduit à tort dans la version française par Poucelina : en effet, le titre anglais du conte est Thumbelina et pouce se dit thumb en anglais.
- Le conte a fait l'objet d'adaptations télévisuelles : Poucelina, un film d'après le conte de Poucette.
- Le plus petit cheval du monde est une jument appelée par ses propriétaires Thumbelina, en référence directe au conte.
Notes et références
Catégories : Conte d'Andersen | Personnage de conte
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