La Mary Rose

La Mary Rose

Mary Rose

Épave de la Mary Rose, à Portsmouth

La Mary Rose était le navire emblême des Tudor et faisait partie du programme naval du roi Henri VIII d'Angleterre. Fabriqué en 1509-1510, il a été coulé lors d'une bataille contre la flotte française le 19 juillet 1545. Ce qui reste du navire a pu être récupérée en 1982 et est exposé au port de Portsmouth.

Sommaire

Histoire

La Mary Rose, sur un document de 1546

Dès son couronnement en 1509, Henri VIII, roi d’Angleterre, qui avait hérité de son père de la flotte royale comptant déjà de grands bâtiments comme le Regent (1000 tonnes) et le Sovereign (800 tonnes), a relancé un vaste programme de réarmement maritime.

La puissance de feu des anciens navires était limitée par le poids des canons qu’ils pouvaient porter sur le pont sans affecter leur stabilité. Ce n’est que plus tard qu’on put ouvrir dans les coques des écoutilles munies d’un joint étanche qu’on pouvait refermer lors de navigation par gros temps : les sabord. Quelques bateaux avaient des ouvertures de chargement latérales mais très au-dessus de la ligne de flottaison.

On a retrouvé en 1912 les restes d’un bateau que l’on pense être le Sovereign près de la centrale électrique de Woolwich. Sa coque en madriers présentait un pont lisse de bord à bord attaché avec des chevilles de chêne, probablement déjà restauré en 1509 pour plus de £ 190 de l’époque.

Portsmouth était alors une ruche d’activité. Deux nouveaux bateaux furent alors commandés : Le Mary Rose et le Peter Pomegranate. On n’a plus aucun document ni plan pour savoir comment ces bateaux ont été construits.

Le Mary Rose a été construit presque entièrement en chêne avec une quille en orme. La quille était constituée de trois morceaux d’orme chevillés ensemble pour donner une longueur totale de 32 mètres. Puis la proue et la poupe ont été montés sur la quille avec des chevilles. Les planchers ont été fixés à la quille par des boulons de fer cachés par des chapeaux de bois. La forme du bateau est déterminée par les armatures et le constructeur a probablement utilisé des gabarits dessinés sur un plancher de traçage.

Trente-six arpents de forêts du sud de l’Angleterre auraient été abattus pour fournir le bois nécessaire à la construction d’un bateau de cette taille. Si aucun plan de construction ne subsiste, les similitude entre ce bateau et des bateaux basques retrouvés au Labrador laissent penser qu’il y aurait eu des contacts entre les artisans d’Espagne et de Grande-Bretagne.

En 1514, après la guerre contre la France, le Mary Rose a été mis dans la flotte de réserve. Il était armé de 7 canons de bronze lourds et de 34 canons de fer lourds. Le développement de l’armement lourd au XVIe siècle coïncide justement avec la possibilité de percer des ouvertures basses dans la coque munies de couvercles étanches. On trouvait dès lors des systèmes d’armes à longue et courte portée sous le pont principal et des canons plus légers sur des plates-formes sur le pont, ainsi que des petits canons antipersonnel même dans les châteaux.

« Les batailles en mer sont plus dangereuses et plus féroces que les batailles sur terre. Car sur mer, il n’y a aucun recul ou fuite ; il n’y a aucun remède sinon combattre et avoir la chance, et chaque homme doit montrer sa bravoure » (Froissart, XIVe siècle)

Pour l’équipage du Mary Rose, quand il a coulé, il n’y avait aucun repli ou fuite possible. Ils ont été emprisonnés à leurs postes et dans le ventre du bateau.

Chronologie

Construit à Portsmouth dans le dock le plus ancien du monde pour le roi Henri VIII. La cloche de bronze a été récupérée en 1982. Elle porte une inscription en flamand datée de 1510, probablement moulée par Peter van den Ghein I de Malines.

Reconstruit et renforcé à 700 tonnes, le Mary Rose et équipé de nouveaux canons en bronze de fonte, à chargement par la gueule. Certains gravés de l’inscription « Pour Defender » 1535.

Le Mary Rose est coulé pendant une bataille avec la flotte française à un mille et quart du port de Portsmouth, à quarante pieds de profondeur. Peu d’hommes ont survécu.

John et Charles Deane, plongeurs pionniers, retrouvent l’épave et récupèrent un fût en bronze de demi-canon probablement réalisé à Londres en 1542 par le fondeur Archangelo de Arcanis. Ce canon s’adapte sur un chariot découvert sur le pont principal à la poupe par des archéologues en 1981.

Des plongeurs menés par Alexander McKee repèrent le bateau en utilisant un système de balayage et un sonar. Un comité « Mary Rose » est créé en 1967 et un programme de fouille a été lancé et s’est poursuivi jusqu’en 1979.

Le plancher, des poutres de plate-forme, des fenêtres ont été identifiés et des fouilles extérieures au bateau ont été entamées. En 1978, un forage à travers l’épave a confirmé que deux ponts subsistaient in situ. C’est alors qu’il fut décidé que le bateau devait être extrait. Un comité de sauvegarde a été créé avec le Prince Charles comme président. Un personnel à temps plein a été nommé pour procéder à l’excavation du bateau et de son contenu. Plus de 600 plongeurs et beaucoup de volontaires à terre ont collaboré.

Le bateau a été extrait de la vase, tout a été répertorié et les travaux de restauration ont commencé. Au total 16 000 pièces répertoriées ont été ramenées à terre.

Le 11 octobre 1982, le Mary Rose émergeait, accroché dans une coque spécialement conçue après presque une année de travail : arrimage, armature tubulaire, câbles, sacs d’air pour former un lit à la forme de la coque, crics hydrauliques, sangles de cuir accrochées à une grue. Le « colis » de 580 tonnes est délicatement déposé sur une barge et amené dans le port de Portsmouth. Le travail se poursuit pour préserver le bateau et ses « trésors ».

La coque du Mary Rose est logée à l’abri dans le dock 3. Les deux tiers du dock sont couverts de double paroi, le toit thermiquement isolé. Il est maintenu à une température inférieure à 5°C, avec une atmosphère à 95% d’humidité et le bateau est aspergé d’eau douce recyclée vingt heures sur vingt-quatre. Les bois de la coque sont constamment examinés pour éviter toute trace de dégradation biologique par des insectes, des bactéries ou des mycéliums. En 1984 et 85 la coque a été progressivement redressée et déposée sur un nouveau support en titane.

La coque est ensuite desséchée et un traitement du bois par injection sous pression de polyéthylène glycol inerte a débuté en 1994.

L'équipe de conservation du Mary Rose monte actuellement dans le dock un nouveau système de jet sur le bateau de sorte qu'une plus forte concentration de polyéthylène-glycol plus épaisse et plus chaude puisse être pulvérisée sur la coque et les bois de construction. Ceci prendra 5 ans. Les pulvérisateurs seront arrêtés. Trois à quatre ans seront alors nécessaires pour que la coque se dessèche sous atmosphère strictement contrôlée.

Voir aussi

Lien externe

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