- La Maman et la Putain
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La Maman et la Putain est un film français de Jean Eustache réalisé en 1973.
La Maman et la Putain
Données clés Réalisation Jean Eustache Scénario Jean Eustache Acteurs principaux Jean-Pierre Léaud
Françoise Lebrun
Bernadette LafontPays d’origine France Sortie 1973 Durée 220 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Sommaire
Synopsis
Ce film-marathon se concentre sur la vie de trois Parisiens d'une vingtaine d'années, qui vivent un ménage à trois peu conventionnel : Alexandre (Jean-Pierre Léaud) est un dandy narcissique pauvre et oisif, qui consacre son temps au bavardage, avec ses amis, ses connaissances, ses maîtresses et ses ex-maîtresses. Il vit avec sa petite amie, Marie (Bernadette Lafont), mais rencontre à la terrasse du café des Deux Magots une jeune infirmière polonaise, Veronika (Françoise Lebrun), après une tentative infructueuse de réconciliation avec son ancienne petite amie Gilberte. Ainsi commence une aventure décousue avec Veronika, qui est la trame principale du film. Bien que Marie proclame son indifférence aux aventures d'Alexandre, elle change bientôt d'avis en le voyant devenir si proche de Veronika - ce qui conduit, dans la seconde moitié du film, à un éloignement croissant entre elle et Alexandre. Durant environ trois heures et demie, le film se concentre moins sur l'intrigue ou la narration que sur le style de vie confus et ambigu de ces trois âmes perdues dans le Paris d'après Mai 68.
Fiche technique
- Titre original : La Maman et la Putain
- Réalisation : Jean Eustache
- Scénario : Jean Eustache
- Direction artistique :
- Décors :
- Costumes :
- Photographie : Pierre Lhomme
- Son : Jean-Pierre Ruh
- Montage : Jean Eustache
- Musique :
- Direction musicale :
- Chorégraphie :
- Production : Pierre Cottrell
- Société(s) de production : Elite Films, Ciné Qua Non, Les Films du Losange, Simar Films, V.M. Productions.
- Société(s) de distribution :
- Budget :
- Pays d’origine : France
- Langue : Français
- Format : Noir et blanc, 16 mm gonflé en 35mm
- Genre :
- Durée : 220 minutes
- Dates de sortie :
- France : 1973
Distribution
- Jean-Pierre Léaud : Alexandre
- Bernadette Lafont : Marie
- Françoise Lebrun : Veronika
- Isabelle Weingarten : Gilberte
- Jacques Renard : l'ami d'Alexandre
- Jean-Noël Picq : l'amoureux d'Offenbach
- Jean-Claude Biette
- Pierre Cottrell
- Jean Douchet
- Douchka
- Bernard Eisenschitz
- Jean Eustache, l'homme dans le supermarché
- Caroline Loeb
- André Téchiné
- Noël Simsolo
- Berthe Granval
Citation
« Avant de tourner ce film, j’étais dans une passe difficile. Tout le monde aimait mes films.(…) J’avais de très bonnes critiques et aucun de mes films n’était déficitaire. Mais personne ne voulait me donner de l’argent pour en produire un nouveau. Cette situation contradictoire me mettait en rage. Et c’est cette rage qui m’a permis d’écrire les dialogues de La Maman et la Putain. »
(Eustache 2001, p. 7)
Tournage
Le film a été tourné en quatre semaines[1].
Musique du film
Il n'y a pas de musique autre que celle que les personnages écoutent dans le film.
- L'ami d'Alexandre écoute Zarah Leander Ich weiss, es wird einmal ein Wunder gescheh'n[2] : « C'est la chanteuse que les Allemands ont essayé de lancer... Pour remplacer Marlène Dietrich après son départ. Et comme toutes les imitatrices, elle est bien meilleure que l'original. Elle ne traîne rien derrière elle. » (Eustache 2001, p. 23)
- Quand il téléphone à Veronika, Alexandre écoute la chanson Un souvenir de Damia[2],[3].
- En faisant sa toilette, il écoute La Belle Hélène de Jacques Offenbach[2],[4]. Pick fait aussi référence à la Belle Hélène[5].
- Veronika a envie d'écouter un disque de Marlene Dietrich[6].
- Marie écoute Les amants de Paris chanté par Edith Piaf (texte et musique de Léo Ferré)[2].
- Concerto for group and orchestra de Deep Purple[2].
- Falling in love again de Marlene Dietrich[2].
- La Chanson des Fortifs de Fréhel[2].
- Le Requiem de Mozart[2].
Distinctions
Récompenses
- Grand Prix Spécial du Jury au festival de Cannes 1973[7].
Nominations
Box-office
Analyse
Dernier film emblématique de la Nouvelle Vague, La Maman et la Putain étonne par sa thématique décalée : alors que la société revendique une redéfinition des rapports amoureux, le film de Jean Eustache s'achève sur une très traditionnelle demande en mariage, et montre la tristesse d'une certaine « liberté sexuelle » ou encore le désespoir lié à l'interruption volontaire de grossesse. La jalousie, sentiment que chacun affecte d'évacuer, frappe à son tour chacun des personnages principaux du film[travail inédit ?].
Le jeu des acteurs, qui semble au départ un peu faux - ils récitent un texte théâtral, très écrit, très éloigné du langage parlé - aboutit pour finir à des scènes très intenses, comme le long monologue de Veronika à la fin du film, ou, un peu plus tôt, le récit de sa rupture avec Gilberte par Alexandre[travail inédit ?].
À sa sortie, le film créera un scandale important pour différentes raisons. Son titre, pour commencer, et ses différentes affiches qui évoquent l'amour à trois ; sa thématique jugée réactionnaire par la génération soixante-huitarde : des emblèmes de la gauche sont moqués - Sartre est traité d'alcoolique, Duclos de rat - et le mot d'ordre « jouissez ! » est retourné contre lui-même ; sa trivialité, enfin, dans certains dialogues et dans certaines scènes comme celle où Alexandre doit ôter un tampon à Veronika[travail inédit ?].
Les lieux du film
L'action du film se déroule entièrement à Paris.
- L'appartement de Marie.
- La boutique de Marie.
- Les Deux Magots.
- Le café de Flore.
- Le café Le Saint Claude[8]
- L'appartement de l'ami.
- La chambre d'infirmière. D'après le scénario, Veronika est infirmière à l'hôpital Laennec de Paris[9].
- Le restaurant Le Train Bleu dans le hall de la Gare de Lyon[10]
- Plusieurs scènes se déroulent aussi dans les rues de Paris.
Références au cinéma
Dans le film, Alexandre propose à Marie d'aller au cinéma. Il prend le programme, lit à voix haute le synopsis de La classe ouvrière va au paradis d'Elio Petri et referme le programme furieux. Alexandre déclare alors : « Je préfère encore regarder la télévision. Au moins Bellemare et Guy Lux portent leur connerie sur leur figure. C'est plus franc. » (Eustache 2001, p. 22)
Alexandre fait référence à Nicholas Ray quand il parle de l'Affaire Fauqueux : « Des gens aussi beau qu'un film de Nicholas Ray » (Eustache 2001, p. 29).
Il rend hommage à Robert Bresson : « Une femme me plaît par exemple, parce qu'elle a joué dans un film de Bresson, ou parce qu'un homme que j'admire est amoureux d'elle. » (Eustache 2001, p. 34)
Au restaurant, il parle de Murnau : « Ça ressemble à un film de Murnau. Les films de Murnau, c'est toujours le passage de la ville à la campagne, du jour à la nuit. Il y a tout ça ici. » (Eustache 2001, p. 43)
Il fait son lit en se jetant dessus avec la couette, exactement comme Angela dans Une femme est une femme de Jean-Luc Godard. Il déclare : « J'ai vu faire ça dans un film. Les films ça sert à ça, à apprendre à vivre, à apprendre à faire un lit. » (Eustache 2001, p. 74)
Références à la littérature
Alexandre cite Georges Bernanos. Il fait référence aux deux citations suivantes toutes deux extraites de la préface des Grands Cimetières sous la lune[11] :
- « J'écris dans les cafés au risque de passer pour un ivrogne, et peut-être le serais-je en effet si les puissantes Républiques ne frappaient de droits, impitoyablement, les alcools consolateurs. »
- « J'écris sur les tables de cafés parce que je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine dont je crois avoir essayé de parler noblement. »
Alexandre dit : « Bernanos disait : "Je ne peux pas me passer longtemps du visage et de la voix humaine, j'écris dans les cafés." Moi j'en fais un peu moins. Je viens y lire. Il disait aussi qu'il le ferait encore davantage si les puissantes républiques ne taxaient impitoyablement les alcools. » (Eustache 2001, p. 17)
Réception critique
Autour du film
- En 1996, le groupe de rock Diabologum a repris le monologue final de Veronika dans un morceau nommé La maman et la putain sur l'album "#3".
- En 2008, le cinéaste Vincent Dieutre a repris ce même monologue dans un court métrage intitulé Ea2, 2e exercice d'admiration : Jean Eustache.
Références
- Philippon 1986, p. 114
- Hanska 2001, p. 325-326
- Eustache 2001, p. 31
- Eustache 2001, p. 36
- Eustache 2001, p. 55
- Eustache 2001, p. 66
- Hanska 2001, p. 309
- Eustache 2001, p. 40
- Eustache 2001, p. 35
- Eustache 2001, p. 42
- Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune, Le Seuil
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Maman et la putain, La sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- La maman et la putain sur AlloCiné
Bibliographie
- Jean Eustache, La Maman et la Putain : Scénario, Cahiers du Cinéma, 7 mars 2001, 122 p. (ISBN 978-2866422080)
- Alain Philippon, Jean Eustache, Cahiers du Cinéma, 1er mai 1986, 1re éd., 126 p. (ISBN 978-2866424282)
- Jean-Michel Frodon, Le Cinéma français, de la Nouvelle Vague à nos jours, Paris, Cahiers du Cinéma, 2010
- Denis Desjardins « La Maman et la Putain, de Jean Eustache » Séquences : La revue de cinéma, n° 198, 1998, p. 20-21 lire en ligne.
- Evane Hanska, Mes années Eustache, Flammarion, coll. « Documents », 10 avril 2001, 1re éd., 331 p. (ISBN 978-2080679208)
- (en) Martine Pierquin, « La Maman et la putain », dans Senses of cinema, no 48, 27 août 2008 [texte intégral (page consultée le 6/11/2011)]
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