- L'Aube du monde
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L’Aube du monde
L'Aube du monde Réalisation Abbas Fahdel Acteurs principaux Hafsia Herzi
Hiam Abbass
Karim Saleh
Sayed Ragab
Waleed Abou El Magd
Mahmoud NaguiScénario Abbas Fahdel Dialogues Abbas Fahdel Musique Jürgen Knieper Décors Hussein Baydoun Photographie Gilles Porte Montage Sylvie Gadmer Société de production ADR Productions
27 Films ProductionSociété de distribution Rezo Films Format Couleur - 1,85:1
35 mm - DolbyGenre Drame Durée 95 minutes Sortie France: 27 mai 2009 Langue(s) originale(s) arabe Pays d’origine France
Allemagne
IrakL'Aube du monde est un film de fiction produit en 2008 et réalisé par le cinéaste franco-irakien Abbas Fahdel.
Sommaire
Synopsis
Rescapé de la guerre du Golfe, le soldat Riad se réfugie dans la région des grands marais, au sud de l'Irak. Il rêve d'y mener une nouvelle existence, aux côtés de Zahra, jeune veuve d’un camarade mort à la guerre. Mais un nouveau conflit armé éclate, opposant des insurgés locaux aux troupes de Saddam Hussein.
Cadre géographique
Le film a pour cadre géographique la région des grands marais du delta du Tigre et de l’Euphrate, où se situait selon la légende le Jardin d'Éden biblique. C’est dans ce paysage d'aube du monde que vivent les Arabes des marais, de la même façon aujourd’hui qu’il y a 5.000 ans. C’est là aussi que se sont réfugiés les vaincus des batailles épiques qui ont marqué l’histoire de la Mésopotamie depuis Sumer et Babylone, et plus récemment les milliers de déserteurs irakiens de la guerre Iran-Irak et les survivants de l'insurrection en Irak de 1991. Pour faire disparaitre de la carte ce sanctuaire difficile à contrôler, Saddam Hussein avait ordonné d'assécher les marais, provoquant un désastre écologique qui sera qualifié par Klaus Töpfer (directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l'environnement) de « catastrophe environnementale majeure qui restera dans la mémoire de l'humanité comme l'un des pires désastres environnementaux orchestrés par l'homme.» [1]
Toile de fond historique
Le film a pour toile de fond historique la guerre Iran-Irak, la guerre du Golfe (1990-1991), l'Insurrection en Irak de 1991 et la répression qui s'en était suivie à l'encontre notamment des Arabes des marais. Qualifiée de génocide, cette répression faisait partie des actes d’accusations dont Saddam Hussein devait répondre devant le Tribunal spécial irakien.
Références mythologiques
L'action du film se déroule principalement dans le delta du Tigre et de l'Euphrate, région où, selon le Livre de la Genèse, se trouvait le légendaire Jardin d'Éden. Ce pays "entre deux fleuves" (Mésopotamie) est aussi celui où naquit le mythe du Déluge, relaté dans le Poème du Supersage (XVIIIe siècle av. J.-C.) et dans l'Épopée de Gilgamesh (1200 avant J.-C.) avant d'être repris dans la Bible et le Coran. Le "Supersage" du mythe, qui deviendra Noé dans la Bible et Noh dans le Coran, est évoqué dans L'Aube du monde au travers du personnage du vieux sage Hadji Noh (Pèlerin Noé en arabe). On peut aussi voir en Riad et Zahra, les deux protagonistes survivants dans les vestiges dévastés du Jardin d'Éden, comme l’incarnation des figures mythiques d’Adam et Ève: les Adam et Eve d'un monde post-apocalyptique.[2]
Références cinématographiques
Ayant aussi exercé le métier de critique de cinéma, le réalisateur Abbas Fahdel explique dans un entretiein en quoi l’approche théorique du cinéma a pu influencé son travail de cinéaste: "L’approche théorique forge le goût et apprend à se poser la question du « point de vue », considérée tant sous l’angle éthique qu’esthétique. Pendant le tournage de L’Aube du monde, j’avais sur moi une copie du découpage illustrée par des photos tirées des films de Kenji Mizoguchi, Andreï Tarkovski, Ingmar Bergman et quelques autres réalisateurs dont l'œuvre exprime une idée du monde en même temps qu’une idée du cinéma. Je me servais de ces photos comme références et elles ont facilité mon dialogue avec le chef opérateur et le chef-décorateur."[3]
Les personnages
- Zahra (Hafsia Herzi)
16 ans. Enfant des marais, elle incarne l’innocence bafouée en temps de guerre. Jeune veuve à peine mariée, elle se voit vivre avec les souvenirs et les regrets, mais sa rencontre avec Riad va tout changer.
- Riad (Karim Saleh)
25 ans, originaire de Bagdad. Survivant de la guerre du Golfe, il semble condamné à vivre au sein de l'incompréhensible, avec son dégoût impuissant et son désir de fuir. Mais sa rencontre avec Zahra va lui redonner le goût de vivre et d’espérer.
- Mastour (Waleed Abou El Magd)
18 ans. Naïf et innocent, il a toujours vécu dans les marais, jusqu’à ce que les émissaires du gouvernement viennent l’y chercher pour l’envoyer à la guerre. Dans l’armée, il se lie avec Riad au point de lui confier la mission de protéger sa femme Zahra après sa mort.
- La mère de Mastour (Hiam Abbass)
40-45 ans. Une belle femme à la forte personnalité qui, suite à la perte de son fils unique, vacille et perd presque la raison. Par affection pour sa belle-fille Zahra, elle semble prête à laisser l'étranger Riad prendre la place de son fils défunt.
- Hadji Noh (Sayed Ragab)
Avec son nom biblique (Hadji Noh : pèlerin Noé en arabe), il incarne la sagesse. Malgré son âge avancé, c’est encore un solide gaillard auprès de qui Riad trouve soutien et conseil.
- Zingi (Mahmoud Nagui)
20 ans, ami d’enfance de Mastour. Déserteur en rébellion contre les autorités, il est une sorte de Robin des Bois des marais, frustre et courageux à la fois.[4]
Le scénario
- Avant d'être porté à l'écran, le scénario de L'Aube du monde a obtenu deux prix : le Grand Prix du Meilleur Scénariste et le Trophée du premier scénario, décerné par le Centre national de la cinématographie.
- Le scénario de L'Aube du monde a été sélectionné par le Festival Premiers plans d'Angers 2007, pour une lecture en public faite par le comédien et réalisateur Didier Bourdon.
- Sélectionné par les ateliers d’écriture de scénario éQuinoxe TBC, le scénario de L'Aube du monde a été lu et discuté durant une semaine par un groupe de professionnels (réalisateurs et scénaristes) présidé par Paul Haggis, réalisateur de Collision et Dans la vallée d'Elah, et scénariste de Million Dollar Baby et des deux derniers James Bond: Casino Royale et Quantum of Solace. Le groupe comprenait également Martin Sherman, dramaturge auteur de Bent et scénariste de Madame Henderson présente de Stephen Frears, Mary Sweeney, productrice, scénariste et monteuse des films de David Lynch (Lost Highway, Mulholland Drive, Une histoire vraie), Coleman Hough, scénariste de Steven Soderbergh (Full Frontal, Bubble), Shane Connaughtan, scénariste de My Left Foot, Randa Chahal Sabbag, réalisatrice-scénariste du Cerf-volant, David Field, scénariste de La Force du silence de Mike Newell...
La musique
- La musique originale de L'Aube du monde est composée par l'allemand Jürgen Knieper, connu notamment pour ses compositions pour Wim Wenders (L'Ami américain, Les Ailes du désir). Victime d'une grave maladie en 1999, Knieper avait cessé de composer pour le cinéma, avant d'y revenir avec L'Aube du monde.
- La bande originale comporte aussi une chanson du groupe britannique Massive Attack: Hymn of the Big Wheel (album Blue Lines), et deux chansons de la chanteuse palestinienne Rim Banna: Jammal (album The mirrors of my soul) et Ya Lel Ma Atwalak (album Lullabies from the Axis of Evil).
Autour du film
- Le film a été tournée dans différents endroits en Egypte: Le Caire, le lac Manzala, l'oasis d'Al-Farafra, le Désert Blanc...
- Pour les besoins du film, une île artificielle et un village lacustre composé d'une quinzaine de maisons de roseaux ont été bâtis au milieu du lac Manzala, près de Port-Saïd.
- Dialogué en irakien, le film réunit des acteurs de différentes origines, dont la Française Hafsia Herzi (César du meilleur espoir féminin pour La Graine et le Mulet), la Palestinienne Hiam Abbass (La Fiancée syrienne, Les Citronniers, The Visitor) et le Libanais Karim Saleh (Munich, Kingdom of Heaven).
- La photo du film est signée Gilles Porte, lauréat en tant que réalisateur du César du meilleur premier film en 2005 pour Quand la mer monte...
Fiche technique
- Titre : L'Aube du monde
- Titre anglais (international) : Dawn of the World
- Titre arabe : فجر العالم
- Réalisation : Abbas Fahdel
- Scénario et dialogues : Abbas Fahdel
- Production : Pascal Verroust (producteur délégué), Oliver Damian (co-producteur)
- Société de production : ADR Productions (Paris), 27 Films Production (Berlin)
- Distribution : Rezo Films
- Musique originale : Jürgen Knieper
- Musiques aditionnelles (chansons): Rim Banna, Massive Attack
- Décors et costumes : Hussein Baydoun
- Photographie : Gilles Porte
- Son : Emmanuel Zouki
- Montage : Sylvie Gadmer
- Langue originale : arabe
- Pays d'origine : France Allemagne Irak
- Format : Couleur par Kodak - 1,85:1 - 35 mm - Son Dolby
- Genre : drame
- Durée : 95 minutes
- Sortie : France: 27 mai 2009
Distribution
- Hafsia Herzi : Zahra
- Hiam Abbass : mère de Mastour
- Karim Saleh : Riad
- Sayed Ragab : Hadji Noh
- Waleed Abou El Magd : Mastour
- Mahmoud Nagui : Zingi
Récompenses
- Grand prix du jury - Festival international du cinéma d’auteur de Rabat, Maroc, 2009.
- Grand Prix - Gulf Film Festival, Emirats Arabes Unis, 2009.
- Prix du Public et Prix du jury NETPAC - Festival international des cinémas d'Asie, Vesoul, 2009.
- Grand Prix du Meilleur Scénariste - SOPADIN. [5]
- Trophée du premier scénario - Centre national de la cinématographie.
Sélections Officielles
- MedFilm Festival, Rome, 2009
- Festival international du film de Rio de Janeiro, Brésil, 2009.
- Festival international du film de Beyrouth, Liban, 2009.
- Festival du film Open Doek, Belgique, 2009.
- Festival du film arabe de Fameck, France, 2009.
- Fenêtres sur le cinéma du Sud, Lyon, France, 2009.
- Festival du film franco-arabe, Amman, Jordanie, 2009.
- Festival Douro Film Harvest, Portugal, 2009.
- Festival international du film de Dubaï, 2008.
- Festival international du film de Pusan, Corée du Sud, 2008.
Critiques Presse
- "L'Aube du monde est une vraie surprise. Un film qui semble venir de loin, signé par Abbas Fahdel, un réalisateur né en Irak, qui a fait ses études en France et qui a déjà réalisé deux documentaires. Il a aussi été critique avant de devenir cinéaste et cela se voit : il cadre avec soin, varie les points de vue, procède par métaphores. Sa fable moderne décrit le sort malheureux des Arabes du marais, mais puise aussi dans la mythologie. La guerre, la malédiction, les traditions sont, ici, autant de barrages qui empêchent Riad d'être fidèle à sa promesse. Servi par une photographie splendide, le film emprunte des détours sinueux, oscille entre espoir et désolation, et s'approche de la fantasmagorie. Jusqu'à finir par la vision hallucinante d'une cohorte de survivants hagards et abandonnés, possible tableau d'un lendemain d'apocalypse." Jacques Morice, Télérama, 30 mai 2009.
- "Loin de l’exotisme ou du folklore, la musique composée par l’Allemand Jürgen Knieper, compositeur fétiche de Wim Wenders, achève de faire de L’Aube du monde une expérience sensorielle. Fahdel lève avec cette histoire d’amour postapocalyptique le voile sur un territoire inconnu mais déjà disparu, effacé par la brutalité du monde moderne." Aurélia Hillaire, Libération, 27 mai 2009.
- "Pour son premier film, Abbas Fahdel frappe fort. Sa caméra est comme la plume d’un poète désenchanté cueillant la beauté avant qu’elle ne se fasse faucher. Nombre de scènes sont à la lisière du poétique et du fantastique, telles ces déambulations superbes dans le delta du Tigre et de l’Euphrate (emplacement supposé du jardin d’Eden), ou cette déambulation effrayante de Mastour et Riad, perdus dans le désert et suivant tels des zombies un sentier bordé de cadavres à moitié ensevelis sous le sable. (...) Tout est au diapason dans ce film, à commencer par les dialogues, simples, sans un mot de trop, intenses, la photographie magnifique de Gille Porte ou encore la musique minimaliste mais envoûtante de Jürgen Knieper. Les costumes et les décors de Hussein Baydoun achèvent d’installer cette atmosphère poétique et réaliste propre au film, et propice au développement de l’un de ses thèmes principaux, à savoir le morcellement des corps, des familles et des peuples qu’induit la guerre. Par petites touches, Abbas Fahdel montre des corps réduits à une seule partie de leur anatomie, des familles décimées et le village de Zahra se déliter peu à peu jusqu’à n’être habité que par deux veuves sombrant dans la folie. L’Aube du monde est alors un réquisitoire magnifique et désolant contre la guerre : l’aube d’un jour nouveau fait toujours suite au crépuscule d’un jour mort." Morgan Le Moullac, Cinéma.evous.
- "Fadhel modifie intelligemment le territoire sonore de son métrage − jusqu’alors baigné dans la quiétude − en le contaminant par des bruits d’hélicoptères et par le souffle d’un vent aux sonorités morbides. La guerre et le totalitarisme ne sont pas montrés ; ils sont esquissés par quelques sons, des cadavres et une photo d’Hussein qui en dit plus que de longues séquences explicatives. Belle économie de moyen au service du récit. Les acteurs sont utilisés comme des figures spectrales, véritables corps réceptacles sur lesquels reflètent les malheurs d’un peuple. (...) La force du film réside surtout dans sa symbolique magnifiée par la belle composition des plans à l’aspect onirique et rêvé (la photographie relève d’une intéressante poésie crépusculaire). Fadhel joue sur l’opposition entre terre et eau, entre ville et nature, les marais étant représentés comme une oasis menacée par l’arrivée des bateaux militaires irakiens. L’environnement naturel est filmé dans un style tarkovskien avec des séquences qui insistent sur la puissance de l’élément eau. Inspiré par le cinéma de la modernité, Fadhel use également de plans à la Ozu, sorte de blocs de temps en forme d’interludes, qui permettent de souligner le caractère calme et rêvé de lieux naturels considérés comme le jardin d’Eden par la Bible (entre le delta du Tigre et de l’Euphrate). Ce jardin va être contaminé par un mal guerrier et moderne représenté par le déserteur Riad : il amène sans le savoir la fin d’un paradis (magnifié par la musique envoûtante de Jürgen Knieper )." Stéphane Caillet, Kritikat
- "C’est un genre de film de guerre où les coups de feu sont rares et silencieux. Cela peut évoquer « L’Odyssée », les embûches et le temps qu’il faut pour retrouver sa terre après la guerre, du point de vue de celles qui attendent. Cela se passe pendant la première guerre du Golfe, où un soldat irakien trouve refuge dans un hameau marécageux, au sud de l’Irak, le jardin d’Eden, selon la Bible. Les femmes sont au premier plan, mariées de force à des hommes qui ne cessent d’être envoyés à la mort, à moins qu’ils ne reviennent seize ans après, comme Mastour, le jeune marié. Il y a la beauté sidérante de Hafsia Herzi, déjà veuve alors que son mariage vient d’avoir lieu. Les plans sont longs et fixes, mais lorsqu’ils se portent sur la jeune actrice découverte dans La Graine et le Mulet, ils pourraient être encore plus longs et fixes, on ne s’ennuierait pas." Anne Diatkine, ELLE
Liens externes
(fr+en) L'Aube du monde sur l’Internet Movie Database
- page officielle de L'Aube du monde sur Facebook
- Site officiel du film
- L'Aube du monde sur AlloCiné
- (fr) L'Aube du monde sur Commeaucinema.com
- L'Aube du monde - dossier de presse
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