- Kelsch
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Le kelsch est à l'origine un simple support tissé de fil de lin, comprenant des dessins géométriques de couleurs bleu et rouge. Le terme provient vraisemblablement d'une altération de l'adjectif désignant Cologne ou Köln, grande cité de la vallée du Rhin.
Ce tissu à carreaux autrefois commun dans les vallées rhénanes, sans doute bien avant la guerre de Trente Ans, a la particularité d'être confectionné avec du fil de lin crème. Si le fil est blanc, ce textile fait partie de la gamme des tissus écossais.
Sommaire
Aléa d'une tradition linière rhénane
Les villages alsaciens du Ried, en particulier au nord ou à proximité de Sélestat, ont conservé longtemps savoir-faire et confection dans un cadre traditionnel qui n'empêchait nullement l'exportation du kelsch dans toute la vallée du Rhin. Les tisserands locaux valorisaient la toile de lin par une teinture à partir des matières tinctoriales extraites d'espèces naturelles.
Profitant de leur hégémonie sur les marchés de la confection et de la distribution, les industriels de Sainte-Marie-aux-Mines au dix-neuvième siècle ont organisé la collecte et l'apprêt ultime des toiles fabriquées dans les villages de Baldenheim, Mussig, Boesenbiesen, Artolsheim, Heidolsheim, Ohnenheim, Muttersholtz comme aussi Sélestat[1].
Après une disparition artisanale de 1890 à 1970, cet art textile se perpétue aujourd'hui, en partie par une fragile diversification textile, peut-être due à la renaissance d'une forme de folklore.
Le kelsch à toile de coton des tisserands vosgiens
Les tisserands du Val de Villé ont d'abord échangé le fil de lin par le fil de coton plus commun et pratique après 1840[2]. Et tout en gardant le nom générique de kelsch, la production s'est spécialisée dans divers modèles, sous forme de foulards, de fichus et garnitures de robe ou de mouchoirs, exportés vers les pays méditerranéens, notamment en Espagne. Ces débouchés ont attiré la convoitise des industriels du val de Villé et des autres vallées vosgiennes, producteurs ou grossistes à plus grande échelle.
Mouchoir ou foulard en coton confectionnés par l'industrie
Imitant les fabrications artisanales, les industriels pionniers de Sainte-Marie-aux-Mines, à l'instar d'autres entrepreneurs et industriels du textile vosgien, ont accaparé un quasi-monopole des productions destinées à la vente et développé leurs parts de marché vers les contrées méridionales, voire au-delà des mers.
Le Val de Villé a notamment exporté des mouchoirs "Tuechel" de taille 80 cm x 85 cm et des fichus méditerranéens dénommés Calcutta, Milanaise, Bombay ou Venitienne[3].
Notes et références
- pp. 157-160 Jean Marie JOSEPH, Le kelsch, Les Amis de la Bibliothèque humaniste de Sélestat, Annuaire 2007,
- Ils n'auraient jamais utilisé le lin, comme l'affirme Claude Dirwimmer, Industrie textile du Val de Villé, Bulletin de la Société d'Histoire du Val de Villé, 1991,1992,1993
- Jean Marie JOSEPH, Le kelsch, Idem
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