Kanga Moussa

Kanga Moussa
Kanga Moussa
Mansa Musa.jpg
Représentation de Kanga Moussa dans l'Atlas catalan

Titre
10e Mansa de l'Empire du Mali
1312 – 1332/1337
Prédécesseur Aboubakri II
Successeur Maghan
Biographie
Titre complet Mansa de l'Empire du Mali, El Hajj
Date de décès 1325/1332/après 1337 (?)
Mère Kankou
Enfants Maghan

Kanga Moussa est le dixième « mansa » (roi des rois) de l'empire du Mali de 1312 à 1332[1] ou 1337[2]. Lors de son ascension sur le trône, l'empire du Mali est constitué de territoires ayant appartenu à l'empire du Ghana et à Melle (Mali) ainsi que les zones environnantes. Moussa porte de nombreux titres, émir de Melle, seigneur des mines de Wangara, ou conquérant de Ghanata, Fouta-Djalon et, d'au moins une douzaine d'autres régions[3]. Il porte l’Empire du Mali à son apogée, du Fouta-Djalon à Agadez et sur les anciens empires du Ghana et des Songhaï. Il établit des relations diplomatiques suivies avec le Portugal, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte. Kanga Moussa est considéré comme l'un des souverains les plus riches de son époque et son règne correspond à l'âge d'or de l'empire malien.

Sommaire

Noms

Kanga Moussa signifie « Moussa, fils de Kankou » en référence à sa mère, d'autres variantes de ce nom sont Kankou Moussa et Kankan Moussa. Il est la plupart du temps désigné sous le nom de Mansa Moussa dans les textes historiques européens et dans la littérature. D'autres variantes de son nom telles que Mali-koy Kankan Moussa, Gonga Moussa et le « lion du Mali » existent[4],[5].

Origines et ascension au pouvoir

Les éléments historiques dont nous disposons sur l'empire du Mali proviennent des écrits des savants arabes ayant voyagé et séjourné dans le Sahel, Al-Umari, Abu-sa'id Uthman ad-Dukkali, Ibn Khaldoun, et Ibn Battuta. Selon l'histoire des dynasties maliennes que trace Ibn-Khaldoun, le grand-père de Kanga Moussa est Abou-Bakr (soit probablement Bakari ou Bogari au Mali), un frère de Soundiata Keïta, le fondateur de l'empire du Mali selon les traditions orales. Abou-Bakr ne montera pas sur le trône, et son fils, le père de Kanga Moussa n'a aucune espèce d'importance dans l'histoire du Mali[6] .

Kanga Moussa parvient au pouvoir grâce à la pratique voulant que le roi nomme un représentant lors de son pèlerinage à la Mecque puis en fasse son dauphin. Ainsi Moussa est choisi en tant que représentant, puis prend le pouvoir. Son fils, Mansa Magha deviendra aussi roi du Mali grâce à cette tradition[7].

Kanga Moussa est également réputé pour l'étrange étiquette de sa cour. Ainsi il était d'usage au moment de se présenter devant le roi de s'agenouiller et de se recouvrir la tête et les épaules de terre en signe de soumission. Il était également interdit d'éternuer devant Moussa, sous peine de bastonnade.[réf. nécessaire]

Pèlerinage à la Mecque

Le pèlerinage à la Mecque de Kanga Moussa le rendit célèbre en Afrique du Nord et dans le Proche-Orient. Il part pour l'Arabie en 1324, sa suite comprend 60 000 hommes, 12 000 esclaves, des hérauts vêtus de soie et porteurs de bâtons d'or s'occupent des chevaux et des sacs. Moussa fournit tout ce dont a besoin la procession, fournissant nourriture aux hommes et aux animaux[8]. Au sein de la caravanes se trouvent aussi, selon certains récits 80 dromadaires portant entre 50 et 300 livres d'or en poudre chacun. Dans chaque ville qu'il traverse, Moussa offre ses richesses. Il est aussi indiqué qu'il construit une nouvelle mosquée chaque vendredi, quelle que soit la localité où il s'arrête ce jour-là.

Plusieurs témoins directs rendent compte de son voyage. Ils sont tous impressionnés par la richesse du souverain et par l'importance de sa suite, dont le souvenir est rapporté dans de multiples sources. Sa rencontre avec le sultan mamelouk An-Nâsir Muhammad ben Qalâ'ûn en Égypte en juillet 1324 est documentée[9].

Cependant, la générosité de Moussa provoque des effets secondaires dévastateurs, ruinant l'économie des régions qu'il traverse. Au Caire, à Médine et à La Mecque, l'afflux soudain d'or provoque une dévaluation de ce métal qui durera pendant dix ans. Le prix des biens de consommation connaît une forte inflation, le marché tentant de s'adapter à l'afflux de richesses accompagnant la venue du roi malien. Afin de rectifier le cours de l'or, Moussa emprunte à haut intérêt tout l'or qu'il peut emporter aux prêteurs du Caire. C'est la seule fois dans l'histoire qu'un homme contrôle directement le prix de l'or du bassin méditerranéen[8].

Retour au Mali

Lors de son long voyage de retour depuis la Mecque en 1325, Moussa apprend que son armée avec à sa tête le général Sagamandia a repris Gao, en pays Songhaï. Cette ville avait fait partie de l'empire avant même le règne de Sakoura et constitue à cette époque un important centre commercial bien que ses tendances rebelles soient notoires. Moussa fait un détour par la ville où il reçoit en otages les deux fils du dia songhaï Yasibo, Ali Kolen et Souleyman Nar. Il revient ensuite à Niani avec les deux garçons et les fait éduquer à sa cour[10].

Un roi bâtisseur

Moussa fait construire de nombreuses mosquées et madrasas à Tombouctou[11] et à Gao, son œuvre la plus connue restant la médersa de Sankoré. À Niani, il fait construire une salle d'audience, un bâtiment communiquant par une porte intérieure avec le palais royal. L'édifice construit en pierre de taille est surmonté d'un dôme décoré d'arabesques colorées. Les fenêtres de l'étage supérieur sont ornées d'argent, celles de l'étage inférieur d'or.

Durant le règne de Kanga Moussa, les centres urbains connaissent un développement important au Mali. Sergio Dominian, architecte et historien de l'art italien indique à ce sujet; « Ainsi fût initié la fondation d'une civilisation urbaine. À l'apogée de sa puissance, le Mali ne comptait pas moins de 400 villes importantes et le delta intérieur du Niger avait une population très dense[12]. »

Influence à Tombouctou

La mosquée Djingareyber datant du règne de Kanga Moussa.

Le souverain malien passe par Tombouctou à son retour de la Mecque et y installe des architectes qu'il a fait venir d'Al-Andalus (dont Abou Ishaq es-Sahéli) et du Caire afin d'édifier son palais et la mosquée Djingareyber toujours existante[13].

Tombouctou est située sur un site favorable, à proximité du fleuve Niger, l'axe de transport principal de la région. La ville devient un carrefour religieux, culturel et commercial, ses marchés attirent les commerçants de l'Afrique occidentale comme d'Égypte, une médersa est fondée dans la ville (ainsi qu'à Djenné et Ségou) ce qui contribue à la diffusion de l'islam, Tombouctou devient une ville renommée pour son enseignement islamique[14]. Les informations concernant la prospérité nouvelle de la ville parviennent jusqu'en Europe, les commerçants de Venise, Gênes et Grenade rajoutent la cité à leurs circuits commerciaux, ils y échangent des produits manufacturés contre de l'or[15] .

En 1330, la ville est conquise par le royaume Mossi, après en avoir rapidement repris le contrôle, Moussa y fait construire des remparts, un fort et y cantonne une armée de manière à protéger Tombouctou de futures attaques.

Mort

La date de la mort de Kanga Moussa fait l'objet de débats, si on prend en compte le règne de son successeur, son fils Maghan (1332-1336) ainsi que le fait qu'il aurait régné 25 ans, la date de sa mort serait 1332[16]. Cependant des sources historiques indiquent que Moussa aurait prévu d'abdiquer en faveur de son fils mais serait mort peu après son retour de la Mecque en 1325[9]. Cependant, d'après les écrits d' Ibn-Khaldoun, il aurait été vivant à la date de la prise de Tlemcen (1337) en Afrique du nord, occasion lors de laquelle il aurait envoyé un représentant en Algérie afin de féliciter les conquérants pour leur victoire[16],[5].

À la fin de son règne, l’empire du Mali s’étend de l’Atlantique à la rive orientale de la boucle du Niger et de la forêt à Teghazza au milieu du désert.

Culture populaire

Kankan Moussa est le dirigeant des Maliens dans le jeu vidéo Civilization IV.

Notes et références

  1. Maurice Delafosse Haut-Senegal Niger L'histoire Maisonneuve & Larose
  2. Jacques Giri Le Sahel demain : catastrophe ou renaissance ? KARTHALA Editions, 1983 (ISBN 2865370844 et 9782865370849)
  3. Goodwin 1957, p. 109
  4. Hunwick 1999, p. 9
  5. a et b Bell 1972, p. 224-225
  6. Levtzion 1963, p. 341-347
  7. Levtzion 1963, p. 347
  8. a et b Goodwin 1957, p. 110
  9. a et b Bell 1972, p. 224
  10. Selon Maurice Delafosse dans Haut-Senegal Niger. Charles Monteil place la fuite d'Ali Kolen en 1275 plutôt qu'en 1335 (Jean Rouch Les Songhay L'Harmattan, 2007 (ISBN 2747586154 et 9782747586153))
  11. Mansa Musa, Maafa: African Holocaust. Consulté le 27 février 2010
  12. Sergio Domian, Architecture soudanaise: vitalité d'une tradition urbaine et monumentale : Mali, Côte-d'Ivoire, Burkina Faso, Ghana, Harmattan, 1989, 191 p., p. 15 
  13. (en)De Villiers, Marq and Hirtle, Sheila. Timbuktu: Sahara’s Fabled City of Gold. Walker and Company: New York. 2007. p. 70.
  14. (en)De Villiers, Marq and Hirtle, Sheila. Timbuktu: Sahara’s Fabled City of Gold. Walker and Company: New York. 2007, p. 74.
  15. Ibid, pp. 87-88.
  16. a et b Levtzion 1963, p. 349-350

Biographie

  • Nawal Morcos Bell, « The age of Mansa Musa of Mali: Problems in succession and chronology », dans International Journal of African Historical Studies, vol. 5, 1989, p. 221-234 [texte intégral] .
  • A.J.H. Goodwin, « The Medieval Empire of Ghana », dans South African Archaeological Bulletin, vol. 12, 1957, p. 108-112 [texte intégral] .
  • John O. Hunwick, Timbuktu and the Songhay Empire: Al-Sadi's Tarikh al-Sudan down to 1613 and other contemporary documents, Leiden, 1999 (ISBN 9004112073) .
  • Nehemia Levtzion, « The thirteenth- and fourteenth-century kings of Mali », dans Journal African History, vol. 4, 1963, p. 341-353 [texte intégral] .
  • Ancient Ghana and Mali, Londres, Methuen, 1973 (ISBN 0841904316) .
  • Nehemia Levtzion et John F.P. Hopkins, Corpus of Early Arabic Sources for West Africa, Marcus Weiner Press, 2000 (ISBN 1-55876-241-8) .

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Kanga Moussa de Wikipédia en français (auteurs)

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