K2

K2
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K2
Le K2
Le K2
Géographie
Altitude 8 611 m
Massif Karakoram
Coordonnées 35° 52′ 53″ Nord
       76° 30′ 49″ Est
/ 35.88139, 76.51361
35°52′53″N 76°30′49″E / 35.88139, 76.51361
Administration
Pays Drapeau de Chine Chine
Drapeau du Pakistan Pakistan
Région autonome
Zone
Xinjiang
Gilgit-Baltistan
Préfecture
District
Kachgar
Skardu
Ascension
Première 31 juillet 1954 par Achille Compagnoni et Lino Lacedelli
Voie la plus facile Arête d'Abruzzi

Géolocalisation sur la carte : Pakistan

(Voir situation sur carte : Pakistan)
K2

Géolocalisation sur la carte : Chine

(Voir situation sur carte : Chine)
K2

Le K2 (appelé aussi Qogir Feng, mont Godwin-Austen, Chogori ou Dapsang) est un sommet du massif du Karakoram (ou Karakorum) situé sur la frontière sino-pakistanaise dans la région autonome du Gilgit-Baltistan (district de Skardu). C'est le deuxième plus haut sommet du monde (après l'Everest) avec une altitude officielle de 8 611 m.

L'ascension du K2 est considérée comme bien plus difficile que celle de l'Everest. En juillet 2010, seules 302 personnes l'avaient réalisée (contre 2 700 personnes ayant atteint le sommet de l'Everest à la même date). Soixante-dix personnes ont trouvé la mort sur ses pentes, dont treize pour la seule année 1986. Le 2 août 2008, onze alpinistes trouvèrent la mort, victimes d'une chute de sérac ayant emporté les cordes fixes au-dessous du sommet ; deux alpinistes néerlandais furent cependant sauvés.

Les pentes du K2 et le camp de base de la voie normale ont été nettoyés par une équipe de Mountain Wilderness en 1990, opération ayant mis en évidence la dégradation des sites les plus reculés de l'Himalaya par une trop importante fréquentation d'alpinistes en très grande majorité étrangers. Le K2 a servi de modèle pour dénommer certaines surfaces complexes en mathématiques[1].

Sommaire

Histoire

Le K2 fut exploré pour la première fois par une équipe européenne en 1856, dirigée par Henry Haversham Godwin-Austen. Thomas Montgomery était membre de l’équipe. C’est lui qui baptisa le mont « Karakoram 2 », croyant alors qu’il n’était que le second sommet le plus haut du massif derrière le Masherbrum, appelé aussi K1 (qui ne culmine en réalité qu’à 7 821 mètres). D'autres pics furent baptisés K3, K4 et K5, mais furent plus tard renommés respectivement Broad Peak, Gasherbrum II et Gasherbrum I. Ces trois sommets comptent tous parmi les 14 sommets de plus de 8 000 mètres.

La première tentative sérieuse d'ascension du K2 fut organisée et entreprise en 1902 par Oscar Eckenstein et Aleister Crowley. Après cinq tentatives sérieuses et coûteuses, aucun membre de l'équipe ne parvient à atteindre le sommet. Cet échec est probablement dû à la fois à une mauvaise préparation physique, à des conflits de personnalité et aux conditions météorologiques - sur un total de 68 jours passés sur le K2 (alors record de temps passé à une telle altitude) seulement huit offrirent une météo correcte.

D’autres tentatives suivirent en 1909, 1934, 1938, 1939 et 1953. L'expédition de 1909, menée par le prince italien Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes, a atteint une altitude de 6 666 mètres. Les membres de l’expédition firent demi-tour sur ce qui est maintenant connu sous le nom la dent d'Abruzzi (ou arête d'Abruzzi). Elle fait désormais partie de la voie normale de l’ascension. La même année une seconde expédition dirigée cette fois par le duc de Spoleto, neveu du duc des Abruzzes, échoue à cause du mauvais temps. L'expédition se concentre alors sur les travaux scientifiques. Il en ressortira de nombreuses photographies de grande qualité et une précision des repérages qui constitueront une importante source d'enseignement, notamment sur l'évolution de certains glaciers et plus particulièrement le glacier du Baltoro.

Finalement c’est une autre expédition italienne qui réussit à gravir le sommet du K2 le 31 juillet 1954. L'expédition fut menée par Ardito Desio. Les deux premiers hommes à atteindre le sommet furent Lino Lacedelli et Achille Compagnoni. Un membre pakistanais faisait partie de l’équipe, le colonel Muhammad Ata-ullah. Celui-ci avait fait partie d'une expédition américaine en 1953 qui échoua suite à la mort d’un des membres clé de l’équipe, Art Gilkey, lors de l’assaut final.

Le 9 août 1977, 23 ans après l'expédition italienne, Ichiro Yoshizawa emmena la deuxième expédition à atteindre le sommet. Parmi les membres de l’expédition, Ashraf Amman fut le premier grimpeur d’origine pakistanaise à fouler le point culminant de son pays. L'expédition japonaise monta par la voie de la dent d'Abruzzi, tracée par les Italiens. Ils eurent recours à plus de 1 500 porteurs pour atteindre leur objectif.

La troisième ascension du K2 eu lieu en 1978, via un nouvel itinéraire, la longue route par la corniche est (la partie sommitale de l’itinéraire traverse la face est sur la gauche pour éviter le dernier mur vertical et rejoint la dernière partie de l'itinéraire d'Abruzzi). Ce tracé fut réalisé par une équipe américaine, menée par l’alpiniste James Whittaker ; Louis Reichardt, James Wickwire, John Roskelley, et Rick Ridgeway atteignirent le sommet. Wickwire endura un bivouac d'une nuit à environ 150 mètres du sommet, représentant le record d’altitude de l’époque.

Une autre ascension japonaise notable fut celle de la difficile arête nord, sur le versant chinois en 1982. Une équipe de l'Association d'Alpinisme du Japon menée par Isao Shinkai et Masatsugo Konishi conduisit trois membres au sommet le 14 août ; Naoe Sakashita, Hiroshi Yoshino et Yukihiro Yanagisawa. Cependant Yanagisawa fit une chute mortelle lors de la descente. Quatre autres membres de l'équipe atteignirent le sommet le jour suivant[2].

Désormais le sommet a été atteint par presque toutes ses arêtes mais aucune ascension hivernale n'a encore été fructueuse.

Bien que l'Everest culmine à une altitude plus élevée, le K2 est considéré comme plus difficile, en particulier à cause des conditions météorologiques, des difficultés techniques et du fait de la dénivellation plus importante depuis le camp de base. Son ascension est considéré par beaucoup comme la plus difficile et la plus dangereuse au monde, d’où son surnom de « Montagne Sauvage ». En août 2004, seulement 246 personnes en avaient accompli l’ascension[3], en comparaison aux 2 238 grimpeurs qui ont atteint l’Everest, plus facile et plus populaire. Au moins cinquante-six personnes sont mortes lors d’une tentative[3] ; dont treize appartenant à différentes expéditions en 1986 lors de la tragédie au K2[4], sous une violente tempête. Le 3 août 2008, onze hommes appartenant à la même expédition sont morts dans la redescente, ce qui porte ce nombre à au moins soixante-sept.

La légende a par le passé attribué au K2 une « malédiction sur des femmes. » La première femme à atteindre le sommet fut la Polonaise Wanda Rutkiewicz, en 1986, avec la Française Liliane Barrard. Les cinq suivantes ont toutes succombé à un accident mortel dont trois lors de la descente. Rutkiewicz elle-même est morte sur les pentes du Kangchenjunga en 1992. En 2004, Edurne Pasaban réussit à redescendre du sommet avec succès, puis en 2006 quand Nives Meroi d'Italie et Yuka Komatsu du Japon furent, respectivement, la septième et la huitième femme à atteindre le sommet K2, et la troisième et quatrième à en redescendre.

Pour la majeure partie de l’histoire de son ascension, le K2 fut grimpé en pur style alpin ; les grimpeurs n’ont en général pas recours à l’oxygène artificiel, et les expéditions sont souvent restreintes et légèrement équipées. Cependant la saison 2004 a vu une forte augmentation de l'utilisation de l'oxygène : vingt-huit des quarante-sept réussites y ont eu recours.

L’utilisation massive de l’oxygène artificiel, de même que l’installation abusive de cordes fixes et le recours à une colonie de porteurs, devient de plus en plus un sujet de controverse dans l’himalayisme, aussi bien au K2, qu’à l’Everest ou les autres sommets de plus de 8 000 mètres[5].

Durant l'été 1986, le professeur d'astronomie George Wallerstein, de l'université de Washington, accompagne une expédition américaine sur l'arête Nord du K2, menée par l'alpiniste Lance Owens, avec un récepteur Doppler d'une trentaine de kilos, pour acquérir les signaux d'un satellite de l'U.S. Navy, et permettant de déterminer avec une précision métrique la position et l'altitude. À cause de la tempête qui cause la mort de treize alpinistes pendant l'été dans le versant sud de la montagne, l'équipe d'alpinistes ne parvient pas au sommet d'alpiniste[6]. Le récepteur reste au camp de base et, faute de temps et suite à un problème de batterie, Wallerstein n'acquiert qu'un seul passage du satellite (alors qu'en principe 10 à 12 sont nécessaires pour confirmer les résultats)[7]. Les signaux sont cependant propres, et il obtient ainsi une référence altimétrique à partir de laquelle, il fait des mesures de triangulation géodésique classiques, sur des sommets environnants)[8]. De retour aux États-Unis, il constate que ses résultats sont plus hauts que ceux réalisés en 1937 par l'explorateur anglais Michael Spender, qui avait pris comme référence une altitude du K2 fixée à 8 611 m ; Wallerstein en déduit que l'altitude du K2 avait peut-être été sous-estimée et serait entre 8 859 et 8 909 m, donc peut-être supérieure à celle de l'Everest[9].

Ces résultats, qualifiés de préliminaires, sont annoncés en mars 1987 dans le New York Times[10]. Cette annonce fait un certain bruit, notamment en Italie, les premiers hommes sur le toit du monde devenant Lino Lacedelli et Achille Compagnoni le 31 juillet 1954 ; selon Jon Krakauer : « En plus des Italiens, beaucoup d'alpinistes un peu partout dans le monde (à l'exception peut-être de ceux qui avaient escaladé l'Everest) mettaient de grands espoirs dans le K2, ayant le sentiment que cette montagne, qui est à la fois plus belle et plus difficile, méritait d'être la plus haute »[11]. Aussitôt, une expédition italienne menée par Ardito Desio (qui avait dirigé l'expédition victorieuse au K2 en 1954) et Alessandro Caporali, part faire des mesures utilisant le GPS au K2 et à l'Everest et annonce, en octobre 1987, 8 616 m pour le K2 et 8 872 pour l'Everest, qui reste donc le plus haut sommet du monde[12],[13].

Voies d’ascension

Il y a plusieurs voies pour atteindre le sommet du K2, de caractères quelque peu différents, mais elles comportent toutes un passage clé et des difficultés intrinsèques aux sommets de plus de 8 000 m. La première difficulté est la haute altitude et la diminution partielle de la pression en oxygène : il y a une pression en oxygène deux tiers inférieure au sommet du K2 qu’au niveau de la mer. D’autre part les conditions météorologiques à cette altitude sont extrêmes et changent rapidement. De violentes tempêtes s’abattent sur la montagne et ont déjà bloqué des expéditions pendant plusieurs jours, causant la mort de nombreux alpinistes. Les vents sont quasi omniprésents. Enfin le K2 est réputé pour être le sommet de plus de 8 000 m le plus difficile techniquement. Ajouté à la fatigue et à l’altitude, cela rend la descente et les retraites au cours d’une tempête particulièrement dangereuses. Malgré de multiples tentatives, l'ascension hivernale du K2 n’a jamais été réalisée.

Arête d'Abruzzi

L'arête d'Abruzzi est l'arête sud-est du K2, culminant à 6 666 m (dent d'Abruzzi). Cette voie d'accès est la plus facile et la plus fréquentée pour atteindre le sommet mais elle reste dangereuse notamment à cause de ses chutes de séracs, qui ont tué 11 personnes le 2 août 2008[14].

Arête Nord

L'arête nord est l'une des voies les plus dures pour atteindre le sommet.

Autres voies

  • Arête nord-ouest (rejoignant l'arête nord), première ascension en 1991.
  • Arête ouest, 1981.
  • Pilier sud-ouest ou Magic Line, techniquement difficile, 1986.
  • Face sud ou Polish Line, (particulièrement exposée et dangereuse) première et unique ascension en 1986.
  • Dent sud-sud-ouest (rejoignant la voie d'Abruzzi ; variante possible plus sûre), 1994.
  • Arête nord-est (voie longue sur corniche, rejoignant la voie d'Abruzzi sur la partie sommitale), 1978.
  • Face nord-ouest, 1990.

Ascensions remarquables

Notes et références

  1. Elles doivent leur nom à André Weil, à la fois mathématicien et alpiniste, selon Daniel Parrochia
  2. American Alpine Journal, 1983, p. 295
  3. a et b American Alpine Journal, 2005, p. 351–353
  4. Paul MOLGA, Tragédie au K2, Ed Arthaud, 2004.
  5. Joe Simpson,La face voilée, Ed Grenoble, Glénat, 1998.
  6. Krakauer 1999, p. 184 ; sur la tragédie Jon Krakauer, Rêves de montagnes, Presses de la Cité, 1999, chap. 11 (« Un été de chien au K2 »), p. 211-228  ou Jim Curran, K2 : Triump and Tragedy
  7. Krakauer 1999, p. 182-184
  8. Krakauer 1999, p. 182
  9. Krakauer 1999, p. 183
  10. John Noble Wilford, « New Data Show Everest May Take Second Place », The New York Times, 7 mars 1987
  11. Krakauer 1999, p. 184-185
  12. Krakauer 1999, p. 185
  13. Ardito Desio, « Which is the highest mountain in the world ? Report of the expedition Ev- K2-CNR 1987 to the Mt Everest and K2 » in Memorie : Matematica, meccanica, astronomia, geodesia e geofisica, Volume 19, Accademia nazionale dei Lincei, 1987
  14. (en) Climber: 11 killed after avalanche on Pakistan's K2, CNN

Bibliographie

Films

  • K2 : The Ultimate High - 1991. Drame à propos d'une équipe américaine fictive tentant l'ascension du K2.
  • Vertical Limit - Peter Garrett, un jeune alpiniste ne voit plus sa sœur Annie depuis un grave accident ayant provoqué la mort de leur père. Trois ans plus tard, le hasard les réunit à nouveau au pied du K-2, une des plus hautes montagnes au monde. Suite à une avalanche, Annie et son équipe se retrouvent prisonniers d'une crevasse à près de 8 000 mètres d'altitude. Peter et une poignée d'alpinistes chevronnés, dont le mystique Montgomery Wick se lancent à leur secours. (Film d'action, avec explosions et cascades spectaculaires. Très peu réaliste.)
  • Vertical Limit sur AlloCiné
  • K2 : la montagne inachevée - Retrace la tentative d'une expédition française en 1979.

Liens externes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article K2 de Wikipédia en français (auteurs)

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