- Jérid
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Le Jérid ou Djérid (الجريد), littéralement « palme de dattier », est une région semi-désertique s'étendant au sud-ouest de la Tunisie et comprenant une partie en Algérie et en Libye.
Elle est parsemée d'oasis et de plusieurs chotts, le plus célèbre d'entre eux étant le Chott el-Jérid. Économiquement, elle constitue un important centre de production de dattes et un important gisement de phosphate.
Sa population d'environ 50 000 habitants se concentre principalement dans les villes de Tozeur et Nefta. Elle s'est historiquement métissée entre Arabes, Berbères et esclaves venus d'Afrique subsaharienne. Toutefois, la majorité se réclame aujourd'hui de l'arabité.
Sommaire
Histoire
Le Jérid était déjà habité au temps des Numides. Par la suite, les Romains y érigent des fortifications (limes) à la frontière méridionale de la province d'Afrique dans le but de se protéger des incursions des populations nomades du Sahara.
Avec l'arrivée du christianisme, la région abrite deux sièges épiscopaux à Thusurus (Tozeur) et Nepte (Nefta). Après le passage rapide des Vandales et des Byzantins, le Jérid, comme le reste de la Tunisie, est arabisé et islamisé au VIIe siècle suite à la conquête omeyyade[1].
Au Moyen Âge, les villes du Jérid connaissent un essor économique important de par leur rôle d'étapes sur la route des caravanes reliant l'Afrique sub-saharienne et le bassin méditerranéen. Parmi les biens transportés figurent de nombreux esclaves qui sont rachetés afin de travailler comme métayers dans les oasis. Durant la période ottomane, la région connaît des révoltes contre les taxes élevées et des incursions nomades. Le relatif déclin de la région est dû à la perte du caractère stratégique et marchand du commerce transsaharien.
Économie
Le Jérid possède près de 1,6 million de palmiers-dattiers et constitue de ce fait la région d'oasis la plus lucrative de Tunisie : elle produit plus de la moitié de la production annuelle de dattes du pays. Malgré les conditions climatiques extrêmes — les températures maximales avoisinent les 50°C et les précipitations annuelles se limitent entre 80 et 120 millimètres — les oasis du Jérid sont très productives en raison des ressources en eaux tirées aujourd'hui des nappes d'eau souterraines très profondes au moyen de forages modernes. L'irrigation est utilisée dans la région depuis le XIIIe siècle au travers d'un réseau de petits canaux (condition sine qua non d'une agriculture en milieu désertique) aménagés en nettoyant, curant et captant des milliers de filets d'eau résurgente et en les rassemblant en rivières artificielles (oued). L'eau est ensuite partagée entre les milliers de jardins de la palmeraie.
Les richesses sont très inégalement réparties entre quelques grands propriétaires et de nombreux petits métayers. De plus, l'accroissement du nombre de puits, la croissance démographique de la population locale et l'afflux de touristes conduisent à une surexploitation des réserves en eau. La diminution du niveau des nappes d'eau souterraines menace donc le mode de vie des agriculteurs locaux.
Notes et références
Bibliographie
- Vincent Battesti et Nicolas Puig, « Le sens des lieux. Espaces et pratiques dans les palmeraies du Jérid (Sud-ouest tunisien) », JATBA. Revue d'ethnobiologie, 1999 (lire en ligne)
- Vincent Battesti, Jardins au désert, Évolution des pratiques et savoirs oasiens. Jérid tunisien, éd. IRD, coll. À travers champs, Paris, 2005 (ISBN 2709915642) (lire en ligne)
- Abdellatif Mrabet, L'art de bâtir au Jérid : étude d'une architecture vernaculaire du Sud Tunisien, éd. Faculté des lettres et des sciences humaines, Tunis, 2004
Voir aussi
Wikimedia Foundation. 2010.