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Jules Dassin
Jules Dassin, de son vrai nom Julius Dassin, était un réalisateur et acteur américain, né le 18 décembre 1911 à Middletown, dans le Connecticut, et mort à Athènes (il était citoyen d'honneur grec) le 31 mars 2008.
On le connaît surtout pour ses films Les Forbans de la nuit (1950) et Du rififi chez les hommes (1955). Il s'exila en Europe à l'époque de la liste noire de Hollywood. Il rencontra l'actrice grecque Melina Mercouri qu'il mit en scène dans huit films dont Jamais le dimanche (1960) ou encore Topkapi (1964) et qu'il épousa en 1966. Il est le père de Joe Dassin.
Il est mort le lundi 31 mars 2008 à l'âge de 96 ans des suites d'une grippe.
Sommaire
Biographie
Jules Dassin était l'un des huit enfants d'un coiffeur qui avait immigré de Russie, Samuel Dassin et de Berthe Vogel. Né à Middletown, il a grandi à Harlem à New York et alla à la Morris High School dans le Bronx. Il adhéra au Parti communiste dans les années 1930. Il quitta le parti après le Pacte germano-soviétique à l'été 1939[1]. Il fut une des victimes du maccarthisme et inscrit sur la liste noire du cinéma.
Il épousa en 1933 la violoniste hongroise Béatrice Launer avec laquelle il eut trois enfants: Joe Dassin (1938 - 1980), chanteur français populaire, Richelle Dassin, "Rickie" (1940), auteur compositeur et Julie Dassin (1945), actrice.
En mai 1954, il rencontra Melina Mercouri lors du Festival de Cannes. Ce fut à peu près au même moment qu'il découvrit la littérature de Níkos Kazantzákis. Les deux rencontres le lièrent définitivement à la Grèce[2]. Il divorça de Béatrice Launer en 1962. Il épousa Melina Mercouri en 1966. Le couple dut quitter la Grèce suite au coup d'État des colonels. Ils furent accusés en 1970 d'avoir financé une tentative de renversement de la dictature. Les charges furent rapidement abandonnées[1].
Carrière cinématographique
Jules Dassin considérait qu'il avait eu trois carrières cinématographiques : une d'apprentissage lorsqu'il tournait des séries B à Hollywood ; une en Europe où il chercha surtout à tourner et enfin une en Grèce, celle de sa maturité[3].
Jules Dassin étudia l'art dramatique en Europe au milieu des années 1930. De retour à New York, il s'engagea dans la Yiddish Theatre[1].
Début de carrière hollywoodienne
Il vint au cinéma par la mise en scène théâtrale. Il fut engagé en 1940 comme stagiaire par la RKO après avoir monté une pièce à New York. Il fut assistant d'Alfred Hitchcock sur le tournage du film Joies matrimoniales[4]. La technique et la direction d'acteur d'Hitchcock l'impressionnèrent durablement[5]. Non retenu par la RKO, il réalisa un court métrage pour la MGM. D'abord refusé, Le cœur révélateur, d'après une nouvelle de Poe, rencontra un vif succès qui surprit le réalisateur. Lui-même jugea ce premier essai « très avant-garde et surtout très mauvais »[6]. Il considéra, à l'inverse, son deuxième long métrage The affairs of Martha dont le coût n'excéda pas 200 000 $ comme son meilleur film.
Pour la MGM, il fit des travaux de commande, comme Quelque part en France avec John Wayne et Joan Crawford[1]. Il rejoignit alors les studios Universal pour qui il tourna Les Démons de la liberté avec Burt Lancaster puis La Cité sans voiles. Mais, le premier fut jugé trop violent et le second déplut aussi au studio. Les deux films furent coupés et remontés. Jules Dassin se sentit trahi et quitta Universal. Il rejoignit la Fox chez qui il réalisa Les Bas-fonds de Frisco, sur un scénario de l'auteur engagé à gauche, Bedderides[7].
Lors de la « chasse aux sorcières » du House Un-American Activities Committee à la fin des années 1940, il fut dénoncé par Edward Dmytryk[7]. Inscrit sur la « liste noire », il s'exila en Europe en 1949. À Londres, il tourna Les Forbans de la nuit avec Richard Widmark. Darryl F. Zanuck lui avait donné le roman juste avant qu'il soit convoqué devant le comité. Il fut alors annoncé aux producteurs européens que les films de Jules Dassin ne pourraient être distribués aux USA. Sa carrière s'arrêta.
Ses films noirs mêlaient « documentaire et lyrisme ». Jules Dassin considérait que c'était « ma pauvre recherche de la vérité, limitée par des séries noires »[8].
Carrière en France
Il recommença à tourner, en France, en 1955, avec Du rififi chez les hommes qui lui valut le Prix de la Mise en scène à Cannes. Il y interprétait le rôle d'un expert en coffre-fort, sous le pseudonyme de Perlo Vita[1].
Carrière en Grèce
Il vint tourner Celui qui doit mourir d'après le roman Le Christ recrucifié de Níkos Kazantzákis, avec Melina Mercouri, Pierre Vaneck et son fils Joe.
Il retourna quelques temps à Londres où il collabora avec Joseph Losey sur Temps sans pitié et L'Enquête de l'inspecteur Morgan[7].
Il tourna ensuite avec Melina Mercouri un de leurs plus grands succès : Jamais le dimanche dont il signa aussi le scénario. Jules Dassin lui-même y interprétait un jeune philhellène, Homer Thrace, né à Middletown dans le Connecticut, tentant de faire rentrer dans le droit chemin une prostituée, Ilya. Le mélange de la modernité en marche dans un Pirée en mutation et d'éléments folkloriques fit le succès du film, en Grèce et dans le monde[9]. Melina Mercouri remporta le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1960 et la célèbre musique de Mános Hadjidákis, surtout la chanson Les Enfants du Pirée, remportèrent l'Oscar de la meilleure musique de film en 1961. Jules Dassin fut aussi nommé dans les catégories « Meilleur Réalisateur » et « Meilleur scénario »[10].
Point noir (Up Tight) en 1968 était un remake du Mouchard de John Ford. C'était aussi son premier film tourné aux USA depuis qu'il avait dû s'exiler[1].
Son Phaedra, sur un scénario de Marguerite Liberaki, transposait la tragédie dans la Grèce contemporaine, dans un milieu de riches armateurs. The Rehearsal de 1974 fut une reconstitution de la révolte des étudiants de Polytechnique à la fin de la dictature des colonels, le 17 novembre 1973. Le film était surtout destiné au public étranger. Cri de femmes (1978) est encore une réflexion sur la mythologie grecque, la Grèce contemporaine et aussi la mise en scène. Une actrice devant interpréter Médée sur scène rend visite en prison à une Américaine qui pour venger son honneur a tué ses trois enfants[11].
Il recommença aussi à mettre en scène au théâtre. En 1967, il monta à Broadway, Ilya Darling, une adaptation de Jamais le dimanche, avec toujours Melina Mercouri dans le rôle principal[1]. Il monta sur la fin de sa vie à Athènes L'Opéra de quat'sous[4].
Engagement politique
Jules Dassin et Melina Mercouri, politiquement engagés à gauche, quittèrent la Grèce lors de la dictature des colonels et se réfugièrent à Paris[10].
Melina Mercouri, devenue Ministre de la Culture, demanda le retour des marbres du Parthénon. Son mari, Jules Dassin, participa à ce combat. Il devint après la mort de son épouse, Président de la Fondation Melina Mercouri qui travaille au rapatriement des marbres en Grèce[10].
Filmographie
- 1941 : Le Cœur révélateur (The Tell-Tale Heart), court métrage
- 1941 : Nazi agent
- 1942 : The Affairs of Martha
- 1942 : Quelque part en France (Reunion in France)
- 1943 : Young Ideas
- 1944 : Le Fantôme de Canterville (The Canterville Ghost)
- 1946 : A letter for Evie
- 1946 : Two Smart People
- 1947 : Les Démons de la liberté (Brute Force)
- 1948 : La Cité sans voiles (The Naked City)
- 1949 : Les Bas-fonds de Frisco (Thieves Highway)
- 1950 : Les Forbans de la nuit (Night and the City)
- 1955 : Du rififi chez les hommes
- 1957 : Celui qui doit mourir (Ο Χριστός ξανασταυρώνεται)
- 1958 : La Loi (La Legge)
- 1960 : Jamais le dimanche (Never on Sunday, Pote tin Kyriaki, Ποτέ την Κυριακή)
- 1962 : Phaedra
- 1964 : Topkapi
- 1966 : Dix heures et demie du soir en été (10.30 P.M. Summer)
- 1968 : Comme un éclair (Hamilchama al hashalom), documentaire
- 1968 : Point noir (Up Tight)
- 1970 : La Promesse de l'aube (Promise at Dawn)
- 1974 : The Rehearsal
- 1978 : Cri de femmes (A Dream of Passion, Κραυγή γυναικών)
- 1980 : Circle of Two
Notes et références
Bibliographie
- (fr) Michel Demopoulos (dir.), Le Cinéma grec, Cinéma/Pluriel, Centre Georges Pompidou, 1995. (ISBN 2858508135)
- (fr) Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité. », in Michel Demopoulos (dir.), Le Cinéma grec, Cinéma/Pluriel, Centre Georges Pompidou, 1995.
Liens externes
- (fr) Nécrologie dans Le Monde
- (en) Nécrologie dans le New York Times
- (en) Nécrologie dans Ekathimerini
- (fr+en) Jules Dassin sur l’Internet Movie Database.
- (fr) Vidéo: Jules Dassin en 1961, il s'exprime sur la Nouvelle vague au cinéma, une archive de la Télévision suisse romande
Notes
- ↑ a , b , c , d , e , f et g Nécrologie dans le New York Times
- ↑ Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité. » p. 211.
- ↑ Michel Démopoulos et Achilleas Kyriakidis, « En bavardant avec Jules Dassin. » in Jules Dassin, éditions du Festival international du film de Thessalonique ; cité par Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité. » p. 211.
- ↑ a et b Le Cinéma grec, p. 216
- ↑ « Entretien avec Jules Dassin », réalisé par Claude Chabrol et François Truffaut, Cahiers du cinéma, avril 1955, p. 3.
- ↑ « Entretien avec Jules Dassin », p. 4.
- ↑ a , b et c Nécrologie dans Le Monde
- ↑ « Entretien avec Jules Dassin ».
- ↑ Le Cinéma grec, p. 58.
- ↑ a , b et c Nécrologie dans Ekathimerini
- ↑ Nikos Kolovos, « Jules Dassin : la période grecque ou le temps de la maturité. » p. 211.
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