- Joute nautique (méthode languedocienne)
-
La Joute nautique de méthode languedocienne est un sport pratiqué dans huit villes de l’Hérault (Béziers, Agde, Marseillan, Mèze, Balaruc, Frontignan, Sète, Palavas) et dans une ville du Gard (Le Grau-du-Roi). La méthode languedocienne est l'une des cinq variantes de joute nautique reconnues par la Fédération française de joute et de sauvetage nautique[1].
Sommaire
Règles
Principes
Deux barques lourdes, l'une dite « la rouge », l'autre dite « la bleue », sont propulsées par huit à dix rameurs et guidées par deux barreurs, les « timoniers patrons ».
Les compétiteurs appelés « jouteurs » sont positionnés sur une plate-forme se situant à près de trois mètres de l'eau, à l'extrémité de chaque barque. Cette plate-forme porte le nom de tintaine. Sur la partie basse de la tintaine, se tiennent les jouteurs des prochaines joutes.
Les deux barques font alors face, se propulsant l'une vers l'autre, jusqu'à l'impact final. Au moment de l'assaut, les deux bateaux se frôlent par la droite pour permettre aux jouteurs de réaliser "la passe". Munis de leur lance et du pavois, l'objectif du jouteur est de faire tomber son adversaire à la baille. Le vainqueur est celui qui reste en place sur la tintaine après la passe.
Un jouteur en position est en fente-avant. Il n'y a pas de position de grand écart en joutes languedociennes. C'est une joute en force, d'autant que le jouteur porte un (très) lourd pavois (bouclier) de 70 cm de haut pour 40 cm de largeur et une lance de 2,80 m de l'autre main. Avant 1920, les pavois étaient encore plus grands (20 cm de hauteur en plus) et plus lourds.
Une tenue intégralement blanche est obligatoire pour tous jouteurs, ainsi que le port des chaussettes (blanches).
La musique est omniprésente à l'occasion de joutes languedociennes. Une pena est toujours chargée de ponctuer les exploits des jouteurs, tandis que les rameurs ont droit à deux musiciens embarqués, un haubois traditionnel du languedoc et un tambour (appelé tambornet), assis à la proue de chaque barque. Ils donnent la cadence aux rameurs.
Disqualifications
Le jouteur est disqualifié quand :
- il tombe à l'eau
- il s'appuie avec le pavois sur son plancher, touche son plancher de la main, du genou ou toute partie du corps
- il met le pied sur la planche dite « de devant »
- il frappe en dehors de la demi-surface centrale autorisée
- il laisse tomber son pavois ou sa lance
- il abandonne la tintaine sans autorisation du jury
- il provoque volontairement la chute de son adversaire « en avant »
- il ne tient pas la base de sa lance sous le bras (lance courte)
- il passe la deuxième garde ; la couleur de la lance (bleue ou rouge) doit être visible derrière la main
- il pratique une joute dangereuse
- il reçoit un deuxième avertissement
- le jouteur qui fera double frappe (exercer deux poussées sur le pavois en décollant sa lance)
- le jouteur qui rattrapera son pavois par la corde. Si son adversaire commet une faute disqualificative ou tombe à l'eau, ce dernier n'est pas autorisé à rejouter
- le jouteur qui frappera entre les deux retenants du haut ou du bas
- le jouteur qui frappera sur les retenants externes du haut ou du bas
Compétitions et clubs
L'épreuve reine est le fameux tournoi de joutes de la Saint-Louis à Sète autour du 25 août (depuis 1743), mais un championnat de France (depuis 1941) et une Coupe de France (depuis 1962) existent également dans quatre catégories de poids et d'âge : lourds, moyens, seniors et juniors. Autre épreuve importante : le Championnat de Ligue. Des points sont attribués aux jouteurs en fonctions de leurs résultats, lors des tournois organisés par les 17 sociétés languedociennes. Les jouteurs languedociens représentent un quart des licenciés en France.
Pendant longtemps, contrairement aux autres formes de joutes, il n'y avait pas de classement par équipes en joutes languedociennes. Seul le jouteur individuel était couronné. Aujourd'hui chaque fin de saison, sont décernés avec les prix individuels, le prix de la meilleure société en nombre de points, par catégorie(4) et toutes catégories confondues(1). La Ligue du Languedoc est affiliée à la FFSJN depuis 1974. Sète tient une place centrale avec sept sociétés plus une société-école de joutes pour cette seule ville. Toutes méthodes de joutes confondues, Sète est un cas unique. Mèze et Agde comptent deux sociétés chacune et sont, avec Saint-Raphaël (Var), les autres seules communes de France comptant plus d'une société de joutes.
Saint-Louis
Article détaillé : Grand Prix de la Saint-Louis.La compétition la plus importante, sorte de championnat du monde non officiel de la discipline (selon les Sétois), est le Grand Prix de la Saint-Louis à Sète fin août, le long du Canal royal. C'est un tournoi où les joueurs participent sur invitation de la mairie de Sète, ils ne sont pas libres d'y participer d'eux-mêmes. Chaque année, le vainqueur reçoit un pavois décoré par un artiste de la région, sélectionné après un concours. La fête se déroule aujourd'hui sur six ou sept jours. Jusqu'au dimanche se déroulent les tournois locaux de la fête. Le lundi de la Saint-Louis a lieu le tournoi régional des lourds et la remise du pavois. Ce lundi de la Saint-Louis est férié à Sète. Aurélien Evangélisti (Jeune Lance Sétoise) a remporté le tournoi en 2011.
Les 17 Sociétés de Joutes Languedociennes
Du Grau-du-Roi jusqu'à Béziers, dix-sept sociétés de joutes (clubs) participent au championnat de Ligue de 2008[2].
Il existe également deux sociétés d'école de joutes, réservées aux enfants qui joutent sur chariots, jusqu'à l'âge de huit à dix ans :
- l'école de joutes de Palavas-les-Flots et
- l'école de joutes de la Marine à Sète.
Trois sociétés ont disparu :
- le Pavois sportif Lapeyradois (1990),
- l'Amicale des jouteurs de Frontignan (1994) et
- la Lance sportive beaucairoise (1996).
Clubs Nom de la société Ville Nombre de jouteurs engagés
lors du tournoi Lourds
de la Saint-Louis 2008Favori de la société Site internet Jeune lance sétoise (JLS) Sète 11 joueurs Aurélien Evangelisti Société des jouteurs sétois, (couramment appelée "Pavois d'Or" = P.O.) Sète 4 jouteurs Laurent Boudes www.lesjouteurs.com Amicale des pêcheurs Sète-Môle Sète 10 jouteurs Maxime Molto Lance amicale sétoise Sète 10 jouteurs Mickael Arnau Lance sportive sétoise Sète 9 jouteurs Olivier Rojas Amicale des jouteurs de la Pointe-Courte (A.J.P.C.) Sète 7 jouteurs Stéphan Petroff www.pointecourte.com Avenir des jouteurs sétois Sète 6 jouteurs Arnaud Jean Jeune lance sportive mézoise Mèze 4 jouteurs Yannick Baeza www.joutes.com Nouvelle lance mézoise Mèze 5 jouteurs Bernard Betti Pavois Agathois Agde 4 jouteurs Thierry Lognos Société nautique des jouteurs agathois (S.N.J.A.) Agde 5 jouteurs Jean-Louis Montels www.snja.freesurf.fr Société des jouteurs frontignanais Frontignan 7 jouteurs Claude Massias Association des jouteurs biterrois Béziers Aucun jouteur inscrit Lance olympique marseillanaise Marseillan 2 jouteurs Hervé Pérez et Joseph Paduano Société des jouteurs balarucois Balaruc-les-Bains 6 jouteurs Fabien Pugliano Lance sportive palavasienne (L.S.P.) Palavas-les-Flots 6 jouteurs Bernard Aprile www.lspalavasienne.fr Jeune lance grauléenne Grau-du-Roi 1 jouteur David Papy Histoire
Chronologie
- 1270 : à Aigues-Mortes, les croisés, soldats et marins, attendant l'embarquement pour la Terre Sainte avec le roi Louis IX, s'affrontaient en combats singuliers, montés sur des embarcations légères.
- 1544 : le règlement du conseil de la Ville d'Agde élaboré en 1544 et malheureusement introuvable aujourd'hui, ferait état de l'organisation de joutes pour les fêtes de la Pentecôte.
- 1629 : Tournoi de joutes organisé en juillet à Frontignan lors de la visite du Cardinal de Richelieu.
- 1637 : la ville de Frontignan invite le duc d'Halluin, gouverneur du Languedoc à des Joutes sur l'étang.
- 1666 : Premières joutes à Sète pour célébrer la fondation du port, le jeudi 29 juillet 1666.
- 1667 ou 1668 : joutes à Mèze lors des fêtes de la Pentecôte.
- 1701 : joutes à Mèze le dimanche de la fête de la ville au mois d'août.
- 1745 : Louis XV assiste à un tournoi de joutes à Sète à l'occasion de la fête patronale de la Saint-Louis.
- 1749 : ne trouvant plus d'adversaires à sa taille, Barthélémy-Louis Aubenque dit le Terrible joute contre le pont et arrête la barque.
Grands jouteurs du passé
Parmi les grands jouteurs du passé, il convient de citer Louis Vaillé (dix victoires à la Saint-Louis) et Barthélémy-Louis Aubenque, dit « le terrible », qui défia (selon la légende) un pont en 1749 !
Galerie de photos
Voir aussi
Lien externe
Sources
- Site officiel de la Fédération française de joute et de sauvetage nautique
- Montpellierplus, 21 août 2008, n° 6, spécial 266e Saint-Louis, p. 13.
- Portail du sport
- Portail du Languedoc-Roussillon
- Portail du monde maritime
Catégories :- Agde
- Joute nautique
- Sport dans l'Hérault
- Sport à Sète
Wikimedia Foundation. 2010.