- Joseph Meister
-
Joseph Meister (21 février 1876 - 16 juin 1940) est un Alsacien qui, jeune (il avait 9 ans en 1885), a été sauvé de la rage par Louis Pasteur.
Sommaire
Faits et discussions
Le jeune garçon avait été mordu le 4 juillet 1885 par le chien enragé d'un épicier sur le chemin de l'école à Meissengott (actuellement Maisonsgoutte), en Alsace. Le maitre du chien, Théodore Vonné, avait alors abattu la bête puis mené l'enfant chez le docteur Weber de Villé. Le médecin nettoya puis cautérisa les plaies du garçon à l'acide phénique et conseilla à sa mère de l'emmener voir Louis Pasteur à Paris, savant déjà célèbre et en voie de mettre au point un vaccin contre la rage. C'est alors Théodore Vonné qui se chargea d'emmener l'enfant à Paris où Pasteur accepta d'expérimenter sa découverte sur lui. Le traitement donné, qui dura 10 jours avec chaque jour une injection plus forte, réussit et le garçon ne développa pas la maladie. Il fut ainsi le premier homme vacciné contre la rage.
Fort de ce succès, Louis Pasteur et son équipe réaliseront plus de 350 inoculations l'année qui suivit, mais pas toujours avec succès. La renommée de cette première vaccination permit de lancer une souscription et la création de l'institut Pasteur.
Plus tard, Joseph Meister devint gardien de cet institut à Paris. En 1940, sous l'occupation, alors âgé de 64 ans, il refusa l'entrée de la crypte de Pasteur aux hommes de la Wehrmacht. Ne pouvant les empêcher d'entrer, il retourna chez lui et se suicida avec son revolver de service qu'il détenait depuis la Première Guerre mondiale.
La valeur de preuve de la célèbre vaccination de Meister suscite maintenant un certain scepticisme chez les spécialistes. Ce qui fit considérer que le chien qui avait mordu Meister était enragé est le fait que « celui-ci à l'autopsie, avait foin, paille et fragments de bois dans l'estomac[1] ». Aucune inoculation de substance prélevée sur le chien ne fut faite. Peter, principal adversaire de Pasteur et grand clinicien, savait que le diagnostic de rage par la présence de corps étrangers dans l'estomac était caduc. Il le fit remarquer à l'Académie de médecine (11 janvier 1887)[2]. Victor Babès, disciple de Pasteur, confirmait en 1912[3] que « l'autopsie est, en effet, insuffisante à établir le diagnostic de rage. En particulier, la présence de corps étrangers dans l'estomac est à peu près sans valeur ». Le diagnostic de rage chez le chien qui avait mordu Meister est également considéré comme incertain dans un traité sur la rage de 1991[4].
Notes et références
- le site de l'Académie de Versailles. Dans sa publication, Pasteur dit que l'estomac était rempli de foin, de paille et de fragments de bois. (L. Pasteur, « Méthode pour prévenir la rage après morsure », Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. 101 (1885), séance du 26 octobre 1885, p. 765-774 ; reproduit dans L. Pasteur, Écrits scientifiques et médicaux, choix, présentation et notes par André Pichot, Flammarion, Paris, 1994, p. 302-311.) Pasteur, carnet du 6 juillet 1885, cité sur
- « Autrefois, vous vous le rappelez, tout chien dans l'estomac duquel on trouvait des corps étrangers : bois, paille, etc., était réputé enragé ; cette preuve est abandonnée. » Peter, dans le Bulletin de l'Académie de Médecine, 2e série, t. 17, 1887, séance du 11 janvier 1887, p. 51 ; cité par Ph. Decourt, Les vérités indésirables, 1989, p. 145.
- Victor Babès, Traité de la rage, Paris, 1912, p. 74.
- I. Vodopija et H. F. Clark, « Human vaccination against rabies », dans G. M. Baer (dir.), The natural history of Rabies, 2e éd., 1991, CRC Press, p. 573.
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
- Brêve histoire de Joseph Meister
- Récit (tardif) par Joseph Meister dans une lettre conservée à l'Institut Pasteur, reproduite sur le site du collège Foch, Strasbourg.
Catégories :- Naissance en 1876
- Décès en 1940
- Louis Pasteur
- Suicide par balle
- Cas médical
- Histoire contemporaine de l'Alsace
Wikimedia Foundation. 2010.