Josep Grau-Garriga

Josep Grau-Garriga

Josep Grau-Garriga (né à Sant Cugat del Vallès, le 18 février 1929 et mort le 29 août 2011[1]Saint-Mathurin-sur-Loire(49) est un artiste peintre et licier angevin, d'origine catalane.

Sommaire

Biographie

Josep Grau-Garriga passe son enfance dans le milieu paysan. Adolescent, c’est la guerre civile puis le franquisme. Études de peinture et de gravure à l’École Supérieure des Beaux-Arts de San Jordi (ca) à Barcelone entre 1946 et 1952.

Attiré par la peinture murale, il commence des fresques à l’Ermitage de Sant Crist de Llaceres en 1953. Son style est encore un mélange d’art roman, d’influences de Rouault et des grandes fresques mexicaines de l’entre deux-guerres de Siqueiros et Ribera.

En 1955, Miquel Samaranch, directeur de la manufacture de tapisserie de Sant Cugat, engage un mouvement qui deviendra l’École catalane de tapisserie. Il fait appel au jeune Grau-Garriga pour diriger l’atelier expérimental. Il va à Paris pour rencontrer Jean Lurçat. À Paris il découvre le mouvement des peintres abstraits Fautrier, Dubuffet, Soulages, ainsi que les premières œuvres de Antonio Saura ou Antoni Tàpies. Il fait la connaissance de Denise Majorel, de la galerie La Demeure, place Saint-Sulpice à Paris, et sera un des principaux centres de la Nouvelle tapisserie[2].

En revenant à Sant Cugat, il fait venir de Madrid des liciers, des peintres et des sculpteurs. Ces artistes feront des projets, Grau-Garriga et ses liciers en font des tapisseries. Il abandonne assez vite la technique traditionnelle d’Aubusson, pour travailler directement sur son métier de haute-lice sans carton. Il transforme la tapisserie avec ses disciples, en ajoutant de nouvelles matières, en inventant de nouvelles façons de les assembler. Il mélange des textures, innove avec des contrastes de couleurs, son style est né. Il sera l’un des chefs de file de cette école de tapisserie catalane.

Il dit à ce moment : « La tapisserie est le complément logique de l’architecture. […] Je ne me satisfais pas du seul langage des formes et les couleurs. Je désire la suggestive sensualité des reliefs tissés dans la trame irrégulière, ou au contraire exaltés par les rythmes rigoureux des fils de chaînes »[3].

En 1965, la seconde biennale de tapisserie de Lausanne reçoit 85 œuvres de La Nouvelle Tapisserie. Grau-Garriga avec ses amis catalans figurent en bonne place. De nouvelles formes apparaissent, la tapisserie se fait en trois dimensions, s’affranchit de son support mural, de nouvelles matières aussi, métal, plastique et autres. Il s’agit maintenant d’Art textile. Ce mouvement s'essouffle vite. En 1995, la dernière biennale de Lausanne marquera la fin de ce mode d’expression.

En 1970, le futur conservateur du Musée des beaux-arts de Houston, au Texas, vient à Barcelone, il rencontre Grau-Garriga, projette avec lui une exposition qui sera inaugurée en 1971 à Houston. Il quitte Sant Cugat et part pour les États-Unis, le Canada, l’Amérique du Sud. Il fait des conférences et des ateliers ou séminaires avec les étudiants dans plusieurs universités, France, États-Unis, Canada, Mexique, Uruguay. Ses interventions se traduisent souvent par des « installations » dans ces lieux, réalisées avec les étudiants.

Grau-Garriga veut donner une dimension politique, historique à son travail. Il intègre quelques-uns de ses vêtements dans des tapisseries comme des auto-portraits, Il provoque des interventions, des manifestations, des projets d’environnement, à l’occasion d’évènements politiques (en 1968) ou historiques (en 1989). En 1987, il fait un projet d’environnement pour la commune d’Encamp en Principauté d’Andorre à l’occasion d’une exposition de ses travaux. Ses propositions consistent à occuper des espaces libres, des façades, des pignons aveugles, de traiter des sols avec des matériaux qu’il connaît, des fibres, des peintures. Les dessins sont exposés, et font la couverture d’un catalogue[4].

En 1989, la ville d’Angers lui demande des propositions pour célébrer le bi-centenaire de la révolution française. Toutes ses propositions sont acceptées : un environnement pour mettre en scène le rôle défensif du château d’Angers avec une exposition dans la chapelle, une création à l’Abbaye du Ronceray d'Angers sur le thème de la déclaration des droits de l’homme, une exposition de peintures au Musée des Beaux-Arts, et des tapisseries et des sculptures dans le Musée de la tapisserie contemporaine. Toutes ces créations font appel à la culture angevine, issue de la révolution française et des guerres vendéennes.

Angers, proche des ateliers d'Aubusson, possède une école des Beaux-Arts avec une formation pour les arts textiles, et le Musée Jean Lurçat de la tapisserie contemporaine. Ce musée abrite la Tenture de l'Apocalypse et quand Jean Lurçat l'a découverte en 1937, il a décidé de donner une réplique moderne à cette œuvre : Le Chant du monde à panneaux de 4,40 m de haut tissées entre 1957 et 1965.

Il rencontre Anne à Angers en 1989, qui deviendra sa femme et s’installe définitivement en Anjou, à Saint-Mathurin-sur-Loire dans une ancienne école. Il aménage un grand atelier de peinture et un autre dans une grange, pour les tapisseries. Le thème des droits de l’homme sera repris à Pérouges en 1992 autour de l’arbre de la liberté. Des encres et des aquarelles apparaissent dans son œuvre, des autoportraits. 1999 : exposition de gravures à Trélazé. En 2002, le Musée d’Angers, et l’abbaye de Ronceray font une exposition de ses œuvres. Le musée Beaufort-en-Vallée lui commande une création in-situ. Une monographie de 300 pages sera publiée par les éditions du Cercle d’Art.

Grau-Garriga fera, après ces expositions, une importante donation au Musée Jean Lurçat de la tapisserie contemporaine, à Angers, une salle entière lui sera consacrée.

2009 : musée Jean Lurçat à Angers : Exposition: De l'ombre à la lumière, Tapisseries catalanes de Picasso à Grau-Garriga. Cette exposition rassemble plusieurs artistes catalans, et trace l’histoire de l’école de tapisserie catalane à partir de la manufacture de San Cugat. Abbaye de Saint Florent le Vieil : exposition d'œuvres récentes ou inédites. Elle donne lieu à l’édition d’un catalogue. 2010 : une exposition de dessins au cabinet d’arts graphiques du Musée des Beaux-Arts.

Josep Grau-Garriga meurt le 29 août 2011 à Angers. Il était en train de travailler au "Portail de la Paix" œuvre monumentale pour l'église de St Mathurin sur loire, son village d'adoption. Cette œuvre inachevée sera malgré tout définitivement montée au printemps 2012.

Collection privée de référence

La collection Grau-Garriga de Dominique ETIENNE représente 50 ans de la vie de l'artiste. Débutant par une peinture de 1958 quand Grau-Garriga a travaillé avec Jean Lurçat à Saint-Céré dans le Lot, elle comprend 13 oeuvres dont 4 majeures :

- 1 tapisserie : Mal Avarany (Mauvais Présage) de 1973

- 3 peintures : Darrera Mirada (Dernier regard) de 1992 ; Dialeg (Dialogue) de 1994 ; Gestacio (Gestation) de 2005

La collection illustre les thèmes du fatalisme, de la maison sans fenêtre (les collages textiles de Grau-Garriga ne seraient que des maisons sans fenêtre). Elle fait écho aux Apocalypses d'Angers (Maine et Loire, France).

Les principales oeuvres

Parmi les principales oeuvres de Grau-Garriga, on peut citer :

La tapisserie

  • 1972 Mauvais Présage
  • 1972 Porte Cathare
  • 1973 Soir d'Avril (tapisserie comparée aux Paysages de Corot par Arnau PUIG, critique d'art Espagnol)
  • 1973 Front d'Aragon (Pièces de vêtement intégrées pour la première fois)
  • 1984 La Croûte

La tapisserie-sculpture

  • 1972 Hommage à George Orwell (tapisserie comparée au Boeuf écorché de Rembrandt par Arnau PUIG)
  • 1972 Martyr
  • 1972 Trophée 1789
  • 1972 Naissance d'un Roi (tapisserie d'une grande complexité technique selon Arnau PUIG)
  • 1973 Tronc de Guernica

Les environnements

  • 1973 Monument à l'Espoir (présenté à l'abbaye de Sant Cugat Del Vallès)
  • 1972-1976 Retable de Pendus

Les peintures

  • 1976 : Inquisiteur
  • 1980 : Rêve de Vie et de Mort d' Emiliano Zapata
  • 1988 : Esther Mirant
  • 1992 : Darrera Mirada (peinture comparée au Christ Mort de Philippe de Champaigne par Dominique ETIENNE)
  • 1994 : Dialeg
  • 2002 : Scène de Vie et de Mort (peinture comparée au Jugement Dernier par Dominique ETIENNE)
  • 2005 : Gestacio
  • 2008 : Crépuscule
  • Une oeuvre sur la Loire
  • Un Saint Georges terrassant le Dragon

Les vitraux

Les Musées

Grau-Garriga est présent dans plusieurs musées du monde parmi lesquels :

  • Le Houston Fine Arts Museum
  • Le Metropolitan Museum de New York (1 tapisserie)
  • Le Musée d'Art Contemporain de Séville
  • Le Musée d'art Moderne de la Ville de Paris (tapisserie)
  • Le Musée Tamayo au Mexique
  • Les Musées d'Angers (des tapisseries et une peinture)
  • Les Musées de Marseille et d'Arles (Musée Réattu)
  • Le Musée des Beaux-Arts de la Ville de Saint-Lô
  • Au FRAC (Fonds Régional d'Art Contemporain) de Lorraine (1 peinture)
  • Au FRAC d'Ile de France (1 tapisserie)
  • Au MACBA (Musée d'Art Contemporain) de Barcelone (1 tapisserie)

Expositions

Tapisseries de Grau-Garriga en l'église de Sant Julià à Argentona.

Expositions individuelles

  • 1964. Sala Gaspar. Barcelona
  • 1967. Sala d'Exposicions Direcció Gral. de Belles Arts. Madrid
  • 1968. Sala F. Domingo. Sao Paulo (Brasil)
  • 1968. Galeria La Demeure. París
  • 1970. The Córdoba Museum. Lincoln. Massachusetts. (EUA)
  • 1970. The Houston Fine Arts Museum. Houston. (EUA)
  • 1971/75. The Birmingham Museum of Fine Arts. Birmingham. (EUA)
  • 1971/73/74/83. Arras Gallery. Nova York (EUA)
  • 1972. Sala del Consell de les Valls. Andorra la Vella (Principat d'Andorra)
  • 1972. Galeria Antoñana. Caracas (Veneçuela)
  • 1973. Galeria René Metrás. Barcelona
  • 1973. Museu Tèxtil. Terrassa
  • 1974. Los Ángeles Country Museum. Los Ángeles. (EUA)
  • 1981. Palau de la UNESCO. París
  • 1982/85. Claustres del Reial Monestir. Sant Cugat del Vallès
  • 1982. Cite de Carcassone. Carcassone (França)
  • 1987. Museu Rufino Tamayo. Mèxic D.F
  • 1988. Palau Robert. Barcelona
  • 1989. Museu Jean Lurçat. Angers (França)
  • 1990. Museu d'Història. Sabadell
  • 1990/96/99. Canals, Galeria d'Art. Sant Cugat
  • 1992. Centre Cultural Can Mulà. Mollet del Vallès
  • 1992. Galeria Punto. València
  • 1992. Centre Cultural Francesc d'Abidja. Abidja (Costa d'Ivori)
  • 1993. Temple Roma. Vic
  • 1999. Galeria Benassar. Madrid
  • 1999. Galeria Blanquerna. Madrid
  • 1999. Galerie Xavier Delannoy, La Garde-Freinet- France
  • 2002. Abbaye de Ronceray et Musée Jean Lurçat d'Angers - France
  • 2009. Abbaye de Saint-Florent-le-Vieil
  • 2010. Musée des beaux-arts d'Angers, cabinet d'arts graphiques

Expositions de groupe

  • 1989. Pintura Catalana Contemporània. Itinerant. Uruguai i Brasil
  • 1989. Institut Français. Barcelona
  • 1990. VIIIe Salon d'Art Contemporain. Bourg and Bresse (França)
  • 1990. Halle au Bleau. Saint Malo (França)
  • 1991. Commune di Vizenza. Vizenza
  • 1997. Espace Pignon. Lille (França)
  • 1998. Espace Mantero. Como (Itàlia)
  • 1999. Festival Estival. Trélazé
  • 1982/2000. Biennal Mostra d'Art Contemporani Català. Canals, Galeria d'Art. Sant Cugat. Itinerant.
  • 2009. Musée Jean Lurçat à Angers, De l'ombre à la lumière, tapisseries catalanes de Pïcasso à Grau-Garriga

Bibliographie

  • Grau-Garriga, The Museum of Fine Arts, Houston, USA, Philippe de MONTEBELLO, 1970
  • Grau-Garriga, Arnau PUIG, Editions Cercle d'art, monographie de 1986
  • Grau-Garriga, Christian DELACAMPAGNE, Editions Cercle d'art, 2000
  • Grau-Garriga, Gilbert LASCAULT, Editions Cercle d'art, 2002
  • Grau-Garriga, Els anys a sant Cugat (1929-1957), Grau Soldevila Ramon, Cossetania Edicions, 2005
  • Grau-Garriga à Saint-florent-le-Vieil, Editions PACA, 2009
  • Grau-Garriga a Tarragona, Viena, 2010
  • François-Xavier Alexandre, Abécédaire vidéo : Le Petit Lexique de Grau-Garriga, 2010

Références

  1. http://www.angersmag.info/Grau-Garriga-la-Loire-est-en-deuil_a3220.html
  2. Francesc Miralles, L’École catalane de tapisserie, extraits, traduction Beatrice Maître, dossier de presse de l’exposition : De l'ombre à la lumière, Musée Jean Lurçat à Angers, 2011
  3. André Kuenzi, La Nouvelle Tapisserie, Éditions de Bonvent, Genève, 1974, p. 100 et suivantes
  4. (ca) Pilar Parcerisas, Grau-Garriga, Édition Comunne d’Encamp, Principauté d’Andorre, 1987

Liens externes



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