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José Aboulker
Pour les articles homonymes, voir Aboulker.José Aboulker, né le 5 mars 1920 à Alger, est un médecin, homme politique et résistant français. Il est Compagnon de la Libération.
Sommaire
Biographie
José Aboulker est le fils de Henri Aboulker, chirurgien des Hôpitaux et professeur à la Faculté de médecine d'Alger, et de Berthe Aboulker, femme de lettres. La famille Aboulker était une famille algéroise qui donna de grands rabbins comme Isaac Aboulker, décapité en 1815 sur ordre du Dey[1] et des médecins connus comme Pierre Aboulker, urologue qui a opéré le général de Gaulle.
En avril 1940, José Aboulker, étudiant en médecine, est mobilisé comme EOR (élève-officier de réserve) et démobilisé en février 1941.
Dans la résistance algéroise
José Aboulker fonde dès septembre 1940 un réseau de résistance à Alger, en liaison avec son cousin Roger Carcassonne qui en avait organisé un à Oran. Il devient par la suite l'un des principaux dirigeants de la Résistance en Algérie. Les deux cousins firent connaissance d'Henri d'Astier de la Vigerie avec lequel ils préparèrent l'assistance française au futur débarquement allié, en liaison avec le colonel Germain Jousse et le consul Robert Murphy, représentant du président Roosevelt à Alger.
Le centre de cette conspiration fut le domicile du père de José, le professeur Henri Aboulker, au 26 de la rue Michelet.
Dans la nuit précédant le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942 (voir opération Torch), José Aboulker commanda du commissariat central, avec son adjoint Bernard Karsenty et les concours de Guy Calvet et du commissaire Achiary, l'occupation d'Alger par 400 résistants.
Ceux-ci, dirigés par leurs chefs de groupe, tous sauf exception officiers de réserve, neutralisèrent les centres de commandement et de transmissions, occupèrent les points stratégiques et arrêtèrent les responsables militaires et civils vichystes, à commencer par le général Juin, commandant en chef, et l’amiral François Darlan.
Lorsque le XIXe corps d’armée vichyste, enfin conscient de l’opération, tenta de se mobiliser au matin, il concentra ses efforts contre les résistants au lieu de se porter contre les forces alliées débarquées. Comme à cette heure-là, les débarquements autour d’Alger étaient achevés, José Aboulker, soucieux de ne pas verser le sang français, invita les chefs de groupe, les uns après les autres, à évacuer leurs positions, mais après avoir négocié leur départ le plus longuement possible. Il organisa aussi avec le capitaine Pillafort, chef de groupe, des barrages avec les résistants rendus disponibles par l'évacuation de leurs points stratégiques, de façon à paralyser la mobilisation. Si bien qu’au soir, les forces vichystes n’avaient pas encore osé affronter le commissariat central, dernière place forte des insurgés. C’est alors que, grâce à ce « putsch » du 8 novembre 1942, les Alliés, après avoir pu débarquer sans opposition et encercler ensuite Alger impunément, obtinrent le soir même la capitulation de cette ville, avec son port intact, et la reddition des chefs de l’armée d'Afrique.
À Oran et au Maroc où le putsch avait échoué, les Américains furent en revanche accueillis à coups de canon et durent livrer trois jours de combats sanglants et incertains. Ils n’obtinrent le cessez-le-feu qu’après avoir contraint Juin et Darlan à en donner l'ordre sous les menaces du général Clark.
Par la suite Darlan, toujours au pouvoir et qui avait maintenu le régime de Vichy dans le camp allié avec le soutien du général Giraud, fut abattu par le jeune patriote Fernand Bonnier de La Chapelle. Celui-ci avait été désigné par tirage au sort parmi les membres du groupe du 8 novembre[2]. Giraud le laissa fusiller à la hâte, avant de succéder à Darlan.
José Aboulker fut alors arrêté sur l’ordre de Giraud, de même que la plupart des chefs de la résistance (dont son père, grand mutilé de la Première Guerre mondiale), sans la moindre opposition de Robert Murphy, représentant des États-Unis, et déporté dans le Sud algérien, en décembre 1942.
Dans la résistance métropolitaine
Libéré après la Conférence de Casablanca (1943) (dite aussi « Conférence d’Anfa »), José Aboulker rejoignit Londres en mai 1943 et s’engagea dans les Forces françaises libres.
En octobre 1943, il fut envoyé clandestinement en France occupée, comme délégué à l'organisation du service de santé des maquis et des FFI. Il prépara l'organisation sanitaire civile pour la Libération et dirigea les opérations de parachutage d'équipements chirurgicaux sur la France.
De retour à Londres en juin 1944, il rejoignit Alger, où il soutint sa thèse de médecine.
En août 1944, il repartit pour une nouvelle mission dans le sud de la France en insurrection afin d'installer les commissaires de la République à Toulouse, Limoges et Clermont-Ferrand.
Pour l'indépendance de l'Algérie
José Aboulker fut délégué de la Résistance d'Algérie à l'Assemblée consultative provisoire de Paris en 1944-1945 et déposa une proposition de modification de la loi électorale en Algérie, pour permettre l’élection de députés musulmans indigènes qui n’avait jamais été admise auparavant. Cette proposition fut adoptée par l’Assemblée consultative et reprise par la loi électorale, ce qui permit la présence de tels députés à l’Assemblée constituante.
Après la guerre, José Aboulker entra au parti communiste et reprit en 1946 ses études de médecine. Il passa successivement les concours d’interne des Hôpitaux de Paris, puis d’assistant. Il devint enfin professeur de neuro-chirurgie et chef de service des Hôpitaux de Paris.
Il s'engagea pour l'indépendance de l'Algérie et s'opposa en 1958 au retour du général de Gaulle dans la lancée des complots du 13 mai. Mais ensuite, compte tenu de l’action du général dans le sens de la décolonisation, il vota en sa faveur en 1965. Il appartint au service médical d'urgence constitué pour le président de la République après l’attentat du Petit-Clamart.
Distinctions
- Compagnon de la Libération
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Croix de guerre 1939-1945 (avec trois citations).
- Membre du Conseil de l’Ordre de la Libération depuis juin 1999.
Liens externes
- Biographie de José Aboulker sur le site de l'Ordre de la Libération
- Biographie de José Aboulker sur le site Mémoire et Espoirs de la Résistance
Notes
- ↑ Yves Maxime Danan, « Quelques observations sur « Les trois exils » de Benjamin Stora », 20 juin 2006, Guysen Israel News. Consulté le 16 novembre 2008
- ↑ Récit d'Albert Solal, qui en était
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