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Jorge de Sena
Jorge Cândido de Sena (né à Lisbonne le 2 novembre 1919 - mort à Santa Barbara, Californie, le 4 juin 1978) est un écrivain portugais. Licencié en ingénierie civile, son opposition au régime de Salazar le force à l'exil au Brésil en 1959, puis aux États-Unis en 1965, où il mourut.
Il est l'auteur d'un grand nombre d'œuvres, drames, essais et poésies. Son œuvre la plus connue est un roman autobiographique : Sinais de Fogo, adapté au cinéma en 1995 par Luís Filipe Rocha.
Afin de mieux comprendre l'esprit libre et indépendant de Jorge de Sena, il est utile de considérer les textes suivants, extraits du livre Máscaras de Salazar (Des masques de Salazar) dont est auteur Fernando Dacosta (éd. «Casa das Letras», Lisboa 2007):
[...] la liberté la plus totale [devrait] être assurée à toutes les formes d’amour et de contact sexuel. Aucune société, où que ce soit, ne sera jamais sûre tant qu’une église, un parti ou un groupe de citoyens hypersensibles pourront avoir le droit de gouverner la vie privée d’autrui.
[L’un des] plaisirs sexuels de l’être humain a toujours été celui de réprimer la sexualité, et la sienne et celle des autres.
Je soutiens toutes les modalités de prostitution, en tant que profession protégée par la loi et accompagnée par les services de santé publique. Encore que cela puisse choquer pas mal de monde, il semblerait que, depuis toujours, il y a eu des mâles et des femelles dont le talent dans la vie et la vocation définie sont ceux de prêter leur propre corps. Et celui ou celle qui se vend ou celui ou celle qui paye (ce qui n’a rien à voir avec du capitalisme, mais bien avec le droit de n’importe qui à disposer de soi-même, en accord avec quelqu’un d’autre) devrait bénéficier de la protection de la loi contre les réseaux d’exploitation, les chantages, etc.
Ce que deux individus (ou un groupe d’individus) font entre eux, à l’écart de la vue des autres, ne concerne pas ces derniers, sauf s’ils vivent dans l’observation morbide d’imaginer (dans un mixte d’horreur et de curiosité qui les transforme en des moralistes enragés) ce que les autres font. Et ce que les autres font ne change rien à l’équilibre social.
[La pornographie peut constituer] un plaisir pour beaucoup, et parfois le seul qui leur soit accordé, car les gens âgés, solitaires, non attirants, ne trouvent jamais la vieille pointure pour leur pied malade. Une prostitution officialisée est une œuvre de charité envers les moches et les timides.
[Porquoi devraient] seulement les riches et les plus aisés avoir accès à la pornographie, et pas les pauvres? Les classes les plus dépourvues devraient disposer de leur pornographie moins chère, subventionnée par le gouvernement, si le gouvernement était en même temps intelligent et progressiste en ces matières.
Nous [le Portugal], nous sommes un pays immoral, un pays dépravé en cachette. C’est ça, pourtant, ce qui nous a empêchés de plonger dans les ombres affreuses du puritanisme. Le puritanisme ne fait pas partie de notre héritage culturel.
Mille fois plutôt la pornographie que la castration, plutôt la prostitution que l’hypocrisie. S’il y a une chose qui devrait demeurer sacrée, c’est le plaisir sexuel entre des gens qui sont mutuellement d’accord à se l’offrir réciproquement ou à le négocier.
[Les adolescents et les enfants ont toujours su] beaucoup plus que ce que les adultes font semblant de croire qu’ils savent. Rares auront été les jeunes séduits dans leur innocence. Dans la plupart des cas, c’est le contraire qui arrive.
S’il y a une chose qui devrait demeurer sacrée, c’est le plaisir sexuel entre des gens qui sont d’accord à le jouir et le partager.
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