Jean de gribaldy

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Jean de Gribaldy

Jean de Gribaldy et le coureur irlandais Sean Kelly, 1986

Jean de Gribaldy (Besançon, 18 juillet 1922 - Voray sur l'Ognon, 2 janvier 1987) est un ancien coureur cycliste professionnel de 1945 à 1954, période durant laquelle il fut le coéquipier de Ferdi Kübler, Pierre Brambilla, Charly Gaul, Paul Giguet, Emile Idée, Maurice De Muer ou encore Camille Danguillaume et Jean Robic. Il a participé au Tour de France en 1947, 1948 et 1952. Il débute dès 1964 une carrière de directeur sportif déquipes cyclistes.

Sommaire

Du coureur...

Vicomte en titre, il est de la lignée de la noblesse piémontaise. Fils de fermier du Haut-Doubs (les Gras), il effectue ses études au collège de Morteau. Technicien en horlogerie, il enseigne comme maître décole pendant un mois en 1940. Cest en voyant passer à Morteau Antonin Magne, paré du maillot jaune du Tour de France, que le jeune Jean, âgé de neuf ans, décide quil deviendra coureur cycliste. Il débute sa carrière en 1939 au Vélo Club de Pontarlier. Coureur de petit gabarit (1m65 pour 64 kg), et excellent grimpeur, il remporte le Championnat du Doubs et Montereau-Paris en 1944. Dans le Tour de France 1948, vaincu par la fatigue, il abandonne alors que la course passe chez lui. « Vas-y, de Gribaldy, les bisontins sont  ! » annonçait une banderole. Miroir Sprint du 21 juillet 1948 consacra dailleurs un encart à celui qui aurait pu être le héros de cette étape Lausanne-Mulhouse, la 16e de ce Tour remporté par litalien Gino Bartali.

Après une fracture de lomoplate dans Paris-Valenciennes 1954, Jean de Gribaldy se retire des pelotons comme coureur.

Équipes :

  • 1945-1949 : Peugeot - Dunlop
  • 1950 : Mervil
  • 1951 : Terrot - Wolber / Tigra
  • 1952 : Terrot - Hutchinson
  • 1953 : Terrot - Hutchinson / Schlegel Cycles
  • 1954 : Terrot - Hutchinson

...au Directeur Sportif

1964, Jean de Gribaldy devient directeur sportif. Jusquen 1967, il dirige des équipes regroupant des coureurs professionnels, indépendants ou amateurs hors catégories. La dénomination des équipes varie au gré du pays dans lequel ont lieu les courses (France, Suisse, Allemagne). Cest en 1968, avec léquipe Frimatic-Viva-de Gribaldy, quil dirige sa première formation composée en majorité de professionnels.

Surnommé "le Vicomte" ou "de Gri", il est célèbre pour avoir « découvert » des champions comme lirlandais Sean Kelly et ses 193 victoires, Le champion portugais Joaquim Agostinho, le néerlandais Steven Rooks qui remporte, en quasi inconnu Liège-Bastogne-Liège en 1983, ou encore les français Mariano Martinez, Eric Caritoux, vainqueur du Tour dEspagne en 1984, René Bittinger, Serge Beucherie et Marcel Tinazzi. Découvreur de talent sans aucun doute, mais ce directeur sportif atypique et omniprésent a su aussi redonner une chance à de nombreux coureurs délaissés par les autres équipes. Souvent à tort, tant leur carrière prit une nouvelle dimension sous limpulsion de Jean de Gribaldy. Et quel palmarès : Jean Jourden vainqueur des Quatre Jours de Dunkerque en 1968, Michel Laurent victorieux à Paris Nice en 1976, Tinazzi et Jean-Claude Leclercq Champions de France sur route. Idem pour Serge Beucherie, en 1981, après avoir été sans employeur lannée précédente. Il conduira ses équipes au plus haut niveau jusqu' à sa disparition en 1987.

Pilote davion à ses heures, il était aussi lami des stars, on citera notamment Johnny Hallyday, dont il devient un proche dès 1959, alors que Johnny se produit au Vieux Colombier à Juans les Pins sans jamais, encore, avoir enregistré le moindre disque. Mais aussi Sylvie Vartan, Carlos, Michel Sardou, Thierry Le Luron, Antoine Blondin, Jean-Paul Belmondo, Michel Audiard, André Pousse et Jean Carmet, Lino Ventura ou encore Jacques Brel.

Depuis 1994, lune des rues de Besançon porte son nom : "la Montée Jean de Gribaldy", qui vous amène au sommet de la colline de Chaudanne sur laquelle domine le fort du même nom. Bel hommage au très bon grimpeur quil fut ! Il dirigeait dans la capitale comtoise, Place du Marché plus exactement, un magasin qui demeure bien inscrit dans lhistoire de cette ville. Cest grâce à lui, que du 3 au 7 septembre 1980, y sont organisés les Championnats du monde de cyclisme sur piste. Chaque année au mois de juillet sont organisées autour de Montbéliard dans le Doubs "la Jean de Gribaldy", rendez-vous incontournable du cyclotourisme et à Besançon, la "Montée Jean de Gribaldy", organisée par l'Amicale Cycliste Bisontine, qu'il fonda en 1964.

Palmarès (en tant que coureur)

  • 1944
    • Champion du Doubs
    • Montereau-Paris
  • 1945
    • 28 e Paris-Roubaix
    • 4 e Grand Prix de Provence
  • 1946
    • Critérium du Ballon dAlsace
    • 6e Grand Prix de Nice
    • 16 e Paris-Reims
    • 32 e Monaco-Paris (dite Course du Tour de France)
    • 3 e A travers Lausanne
    • 9e du Paris-Nice
    • 10e du Grand Prix de Cannes
  • 1947
    • 2e du championnat de France
    • 4 e du Circuit du Ventoux
    • 10 e Grand Prix de Cannes
    • 19 e Zurich-Lausanne
  • 1948
    • Tour du Doubs
    • 2e de Paris Limoges
    • 10 e e.a de la Boucles de la Seine
    • 4 e 1re étape Critérium du Dauphiné
    • 2e de la course de côte de Lausanne
  • 1949
    • 9 e du Championnat de Zurich
    • 2e dans Nice - Mont Agel
    • 6 e Championnat de France cyclocross
    • 64 e de Milan-San Remo
    • 90 e de Paris-Roubaix
    • 16 e e.a de Paris-Tours
    • 14 e de Bordeaux-Paris
    • 25 e Grand Prix de Suisse (contre la montre)
    • 2e de la course de côte de Lausanne
  • 1950
    • 9e e.a. Milan-San Remo
    • 6e Mont Agel
    • 9e Championnat de France cyclocross
  • 1952
    • 3e dans 5e étape Criterium du Dauphiné Libéré
    • 10e de Liège Bastogne Liège
    • 6 e Trophée de la Montagne du Puy de Dôme
    • 27e Flèche Wallonne
    • 9e Grand Prix Midi Libre
    • 21e Critérium Dauphiné
    • 38e Boucles de la Seine
  • 1953
    • 5e Championnat de France cyclocross
    • 10e Grand Prix Midi Libre
    • 10e Paris-Clermont Ferrand
    • 18e Paris-Montceau les Mines
    • 6e e.a de Paris-Limoges
    • 26e Tour de Suisse
  • 1954
    • 42e Flèche Wallonne
  • Tour de France
    • 1947 : 46e
    • 1952 : 45e
    • 1948 : Abandon 16e étape

Sean Kelly au sujet de Jean de Gribaldy

  • Quand vous êtes passé dans les rangs des professionnels, cest Jean de Gribaldy qui vous a signé. Est-ce vraiment vrai quil est venu jusquà la ferme de vos parents avec un contrat en main ?

Oui, cest vrai ! Je suis allé courir en France en 1976. Je suis resté pendant peut-être 6 mois dans un club à Metz, jai eu de bons résultats et jai gagné beaucoup de courses. Jai participé au Tour de Bretagne (en 1975) sous le maillot de léquipe nationale irlandaise. Jai été suspendu de léquipe après être allé participer à une course en Afrique du Sud, jaurais certainement sélectionné pour les Jeux Olympiques de 1976, que jai manqué de ce fait. Alors jai décidé de retourner courir en France, et fin 76 on ma proposé un contrat avec léquipe de Jean de Gribaldy. Il avait pris contact avec moi par lintermédiaire de mon club alors que je ne lavais jamais rencontré ! Jai refusé, en répondant que je voulais rester amateur et que jétais encore trop jeune. Je suis retourné à la maison en Irlande, et effectivement il est venu me voir jusquen Irlande en octobre avec un contrat à la main.

  • Il était un personnage étonnant, à quoi ressemblait-il ?

Comme directeur sportif, il était très en avance sur son époque. Il a eu quelques grandes idées. Par exemple, il était en avance de 10 ans sur tout le monde en matière de régime. Il savait, 10 ans avant que les autres équipes se préoccupent de cette question, ce que vous pouviez manger ou non. Pour lentraînement, il était aussi un précurseur. À lépoque, les coureurs parcouraient des distances incroyables sur leur vélo. Ils faisaient des sorties journalières de 5 à 6 heures, de vrais marathons. Cest lui qui ma incité à faire des sorties plus courtes alternées avec une longue en milieu de semaine. aussi, cétait 10 ans avant les programmes dentraînement pointus. Jai vite réalisé quil possédait des qualités incroyables, car javais déjà pratiqué lentraînement !

Jean de Gribaldy et Joaquim Agostinho

"A la fin de ma vie, sil ne me fallait conserver que le souvenir dun seul endroit au monde, je nhésiterais pas longtemps : je choisirais ce petit hôtel brésilien, insignifiant, discret, de Sao Paulo javais donné rendez vous à Joaquim. Cétait en 1968. Je lavais remarqué deux mois plus tôt à Imola, au championnat du monde, mais cest que je lui ai parlé pour la première fois. Je lui ai demandé simplement : "Voudrais-tu venir courir en France" ? Il ne connaissait aucun mot de français, mais dans son sourire jai compris tout de suite ce quil voulait me répondre. Que de chemin parcouru ensemble depuis... Que de souvenirs nous rattachent lun à lautre. Jappréhende ce jour, très proche, il dira adieu à cette bicyclette avec laquelle il a connu les joies les plus immenses et les peines les plus profondes. Car ce jour , et il le sait bien, lexistence naura plus du tout pour moi la même signification.

Alors pour atténuer ma peine, je fermerai les yeux et je recommencerai à zéro, avec Joaquim".

Jean de Gribaldy, 1980.

Témoignages

De Robert Chapatte (1987:

"Le grand vent, même ne le décoiffait pas. Lallure superbe, le visage angélique, il allait son chemin, insouciant de ceux qui occupaient la tête. Lui, courait sa course personnelle sans inquiétude de son classement.

Un marginal ne pouvant cependant se passer de la vie sans cette société du peloton.

Il recherchait lanonymat mais il assurait sa présence. Un témoin plus quun acteur. Mais que lon ne sy trompe pas, "de Gri" tenait en lui toutes les qualités dun champion. Vers la montagne allait sa préférence... et souvent il y accompagnait les plus grands. Dans cette facilité parfois insolente qui désespérait ses amis, car il nattaquait pas. Pour quelles raisons ne fut-il pas lun des tout meilleurs grimpeurs de son époque ? Je crois que son ambition ne se situait pas ... Bavarder avec Paul Giguet, Maurice De Muer ou Camille Danguillaume, ses copains de Peugeot ou avec Raphaël Géminiani lintéressait davantage. Et quand il remontait de larrière, la pédale haute et quenfin son talent pouvait sexprimer il sarrêtait à la hauteur de Rémy ou de Néri pour leur raconter la dernière misère de lineffable Giguet.

Devenu patron déquipe, toujours fidèle à ses amitiés et à ses principes, le coup dœil du dénicheur, laffection prête à se manifester auprès de ses coureurs, Jean était un personnage hors série, indispensable au cyclisme français. Tout le monde na pas su le comprendre."

De Raphaël Géminiani (1987:

"En 1945, alors que nous étions jeunes coureurs, javais dans les courses régionales fait connaissance du bisontin Jean de Gribaldy. Dans le Tour de France 1947, Jean courait sous le maillot Nord-Est, jétais sous les couleurs Sud-Ouest-Centre. Depuis cette époque, nos routes ont été parallèles, et une saine, sincère, et longue amitié nous unissait.

Aussi depuis sa disparition, je ne cesse dêtre triste et songeur en pensant que durant ces 40 années -un temps énorme- il lui a fallu toujours se battre sans convaincre, entreprendre sans succès, lutter sans gagner, pour ce sport cycliste quil connaissait et aimait mieux que tout le monde. Il ladorait aussi, comme peu peuvent le prétendre aujourdhui.

Ces dernières années avaient été bien meilleures, et çà et enfin, mais trop rarement ou chichement à mon goût, on lui reconnaissait des réelles compétences et qualités. Alors que lon ne manquait pas d’"abreuver" déloges certains dans ce même métier beaucoup plus jeunes, qui navaient encore que peu entrepris, et surtout très peu réussis. Cétait cette furieuse injustice quil ne manquait pas, avec justes raisons, dinvoquer parfois.

Je reste songeur de constater et de voir ces nombreux témoignages tardifs lui revenant, surtout de la part de ceux qui ne le ménagèrent guère durant son long parcours. Même si jen suis ravi, je ne peux que constater que cest trop peu, et trop tard, car Jean de Gribaldy aurait mieux aimé de son vivant sentir dans le milieu cycliste un peu plus damitié, de justice, et surtout de la reconnaissance.

Demeure la joie de constater que dorénavant, son exemple, son travail, son souvenir ne sont pas prêts dêtre oubliés. Avec ce sourire qui nappartenait quà lui, je suis sûr que Jean savoure enfin cette grande victoire".

De Jacques Beaufils (Est-Républicain, 4 janvier 1987:

"La disparition dun homme de cette envergure, de ce calibre, qui anéantit les espoirs de bien des candidats au professionnalisme, et qui va compliquer la tâche de ceux déjà en place, la disparition de cet homme aux allures de gentilhomme, à la fois déroutant et attachant, et qui ne laissait personne indifférent, cest comme la fin dun bel été, avec ses coups de chaleur, ses orages soudains, ses soirées de réflexion. Nous attendrons sans doute longtemps un nouvel été".

De Raymond Poulidor (septembre 2006)

« Jai un souvenir très précis de « Monsieur Jean de Gribaldy », cest ainsi que je lai toujours appelé, moi qui lai connu dès 1960, alors que je débutais ma carrière professionnelle. Nous évoquons souvent entre amis ses méthodes à lancienne, souvent moquées, mais qui fonctionnaient, et son incroyable aptitude de dénicheur de talents. Je pense à Sean Kelly en particulier, qui ne la pratiquement jamais quitté, à Joaquim Agostinho aussi. Il avait un flair hors du commun, et ne restait jamais bien longtemps sans sponsor. Il avait ses entrées dans les boîtes se croisait le Tout Paris, et cest bien souvent quil réussissait à convaincre un sponsor de se lancer dans laventure. Il faisait beaucoup avec des budgets serrés, et disait souvent quil était inutile davoir autant de monde autour des coureurs, autant de véhicules... Quand je vois larmada que draine aujourdhui derrière elle une équipe cycliste, je suis bien souvent sceptique sur lutilité de tout ça... aussi, il avait raison.

Je lai croisé peu avant sa disparition, à Combloux, il organisait chaque année en janvier la semaine arc-en-ciel : une période privilégiée de remise en forme et doxygénation des ses coureurs. Il quittait la station pour, ma-t-il dit, revenir le lendemain. Je ne lai jamais revu. Il était notre maître à tous. Nous pensons à lui très souvent

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