Jean de gerson

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Jean de Gerson

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Jean Gerson.

Jean Charlier de Gerson (Gerson, près de Rethel, 1363 - Lyon, 1429) est un prédicateur, philosophe, homme politique, enseignant et théologien français. Il est notamment connu pour son son projet de "retour à la foi pure" et sa lecture de la Théologie mystique du Pseudo-Denys l'Aréopagite fondé sur les principes de saint Bonaventure. Son travail intellectuel sera marqué notamment par le combat contre le néo-platonisme et la logique de Duns Scot.

Sommaire

Sa vie

Surnommé le docteur très chrétien, Doctor Christianissimus, il fut élevé au collège de Navarre à Paris, et se fit recevoir docteur en théologie. Il avait déjà fait preuve en plus d'une occasion d'énergie et de talent, quand on le donna pour successeur à Pierre d'Ailly dans la charge de chancelier de l'Université (1392). Gerson déploya dans l'exercice de ces fonctions un courage et une sagesse admirables. Après l'assassinat du duc d'Orléans, en 1408, il s'éleva énergiquement contre le duc de Bourgogne, auteur de l'attentat, et fit condamner Jean Petit, son apologiste. Sa fermeté fut la même dans ses rapports avec l’Église : en même temps qu'il se montrait l'adversaire de toute hérésie, principalement aux conciles de Pise et de Constance, il soutenait avec force les libertés de l'église gallicane, et combattait le relâchement de la discipline. Il était partisan d'un pouvoir du pape inférieur à celui de l'Église représentée par le Concile général. Il œuvra ardemment pour essayer de faire cesser le schisme de l'Église d'Occident. Après le concile de Constance (1415), il ne put revenir dans sa patrie, à cause des troubles civils qui la désolaient, et se retira en Bavière. Durant son exil, il composa ses Consolations de la Théologie, ouvrage divisé en quatre livres. Au bout de deux années il put rentrer en France, mais il ne prit plus aucune part aux affaires publiques, et alla s'enfermer à Lyon au couvent des Célestins, où il s'occupa à composer des livres ascétiques et à enseigner de pauvres enfants. Il mourut en 1429.

Sa théologie

Comme théologien, il tente d'élaborer une théologie mystique conceptualisant la mystique chrétienne, principalement celle de pseudo-Denys. Personnage de transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, il en réfute certains aspects tout en se plaçant sur leur terrain: recherchant « un accord entre les formalisants et les terministes », il reproche à Duns Scot ou à Jean de Ripa de multiplier les essences, d'introduire en Dieu des « formes métaphysiques et des raisons idéales ». Le Dieu qui en résulte est une construction intellectuelle arbitraire à laquelle on tente de soumettre une idée de Dieu confondue à tort avec Dieu lui-même. Il proteste également contre l'identification platonicienne de Dieu au Bien ou à une nature nécessaire (néo-platonisme) au nom du primat de la volonté et de la liberté divine qui lui apparaît essentielle au christianisme. Sur ce point, il reste fidèle à Guillaume d'Ockham: « Les choses [sont] bonnes parce que Dieu veut qu'elles soient telles, il ne le voudrait plus ou le voudrait autrement que cela même deviendrait le bien ». Autrement dit, le primat de la volonté en Dieu annule toute certitude démonstrative à son sujet. Il ouvre ainsi la voie à une théologie à la fois négative et mystique. S'appuyant sur saint Augustin, Pseudo-Denys l'Aréopagite, saint Bernard ou Richard de Saint-Victor, cette théologie est une étude systématique des expériences contemplatives qu'il nomme "Scientia experimentalis".

Écrivant en latin pour les savants et en français pour le peuple (les femmes incluses), La Montagne de la Contemplation est une description de l'âme qui s'élève à la vie contemplative en rompant avec l'amour du monde pour ne s'attacher qu'à Dieu seul. Cette élévation a trois degrés :

1°) Pénitence et acceptation des souffrances de la vie active.

2°) Retraite de l'âme qui recherche la solitude et s'humilie volontairement pour s'ouvrir à la grâce.

3°) La contemplation de l'âme ouverte et justifiée par la grâce, rendue agréable à Dieu et la joie spirituelle qui en résulte. Intéressé par la mystique de Jean de Ruysbroeck qui l'influence, il recule néanmoins devant la fusion de l'âme dans l'essence divine, se sentant lui-même indigne d'union mystique : « Je la laisse aux plus grands ».

Œuvres

Des critiques comme Robert Bellarmin, Jean Mabillon, Jean-Baptiste-Modeste Gence lui attribuent l'Imitation de Jésus-Christ. Sa Consolation écrite en français, offre en effet une grande analogie selon le Dictionnaire Bouillet avec cet écrit célèbre.

  • Cinquante-Cinq Sermons et Discours en français (conservés et prononcés de 1389 à 1413) ;
  • Seize Sermons prêchés devant la cour (1389-1397) ;
  • La Montagne de contemplation (1397) ;
  • De restitutione obedientiae (1400) ;
  • Trente Sermons prêchés en paroisse (1401-1404) ;
  • Contra vanam curiositatem in negotio fidei (1402) ;
  • Neuf Discours ou Sermons de doctrine (1404-1413) ;
  • Vivax Rex, Veniat Pax (avant 1413) ;
  • Consolatio theologiae (1414-1419) ;
  • De auferibilitate papae ab Ecclesia (1417) ;
  • Traités : la Mendicité spirituelle, le Triparti, le Dialogue spirituel, la médecine de l'âme, l'Examen de conscience et la confession, l'Art de bien vivre et de bien mourir, l'A.B.C. des gens simples, parlement secret de l'homme contemplatif à son âme, Vision (posthumes, 1492).

Bibliographie

  • l'Éloge de Gerson, de Armand-Prosper Faugère;
  • Domina Gersoni de mystica theologia, de Charles-Marie-Gabriel Bréchillet Jourdain, Paris, 1838;
  • les Études sur Gerson, de Gabriel-Charles-Marie Vert, 1859.
  • A. Combes :
    • Essai sur la critique de Ruysbroeck par Gerson, 3 vol., 1945, 1948, 1959; Paris.
    • Gerson et l'humanisme, Revue du Moyen Âge latin, I, 1945, p. 259 à 284
    • Jean de Montreuil et le chancelier Gerson. Contribution à l'histoire des rapports de l'humanisme et de la théologie en France au début du XVe siècle, 1942.

Source partielle

« Jean de Gerson », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)

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