- Jean Hardouin
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Jean Hardouin (né en 1646 à Quimper et mort le 3 septembre 1729) est un érudit français des textes classiques.
Sommaire
Biographie
Il acquit son goût pour la littérature dans la librairie de son père et, quand il eut seize ans, il obtint d'être admis dans la Compagnie des Jésuites. À Paris, où il se rendit pour étudier la théologie, il devint finalement bibliothécaire du collège Louis-le-Grand en 1683. C'est là qu'il mourut le 3 septembre 1729.
Son premier travail publié était une édition de Themistius (1684), qui ne comprenait pas moins de treize nouveaux discours. Sur les conseils de Jean Garnier (1612-1681), il prit en charge d'éditer l'Histoire naturelle de Pline pour une collection « à l'usage du Dauphin », une tâche qu'il acheva en cinq ans. Son attention s'étant tournée vers la numismatique comme science auxiliaire pour son grand travail d'édition, il publia plusieurs ouvrages dans ce domaine, lesquels souffrent cependant, comme presque tout ce qu'il a fait, d'une volonté d'interpréter les choses différemment des autres. Il suffit de mentionner ses Nummi antiqui populorum et urbium illustrati (1684), Antirrheticus de nummis antiquis coloniarum et municipiorum (1689), et Chronologia Veteris Testamenti ad vulgatam versionem exacte et nummis illustrata (1696).
Idées paradoxales
Les autorités ecclésiastiques le chargèrent de superviser la Conciliorum collectio regia maxima (1715), mais il fut accusé d'avoir supprimé des documents importants et d'avoir intercalé subrepticement des documents apocryphes ; aussi, par ordre du Parlement de Paris (alors en conflit avec les Jésuites), la publication de l'œuvre fut-elle suspendue. C'est tout de même une collection estimable, très souvent citée par les érudits.
Hardouin soutenait que tous les conciles censés avoir eu lieu avant celui de Trente étaient fictifs. C'est cependant en tant que premier érudit à avoir soutenu toute une série de théories paradoxales qu'on se souvient le plus de lui. La plus remarquable, que l'on trouve dans ses Chronologiae ex nummis antiquis restitutae (1696) et ses Prolegomena ad censuram veterum scriptorum, voulait prouver que, à l'exception des œuvres d'Homère, d'Hérodote et de Cicéron, de l'Histoire naturelle de Pline, des Géorgiques de Virgile, et des Satires et des Épîtres d'Horace, tous les écrits classiques de la Grèce antique et de Rome étaient des faux, fabriqués par des moines du XIIIe siècle, sous la direction d'un certain Severus Archontius. Il niait l'authenticité de la plupart des œuvres d'art, des pièces de monnaie et des inscriptions anciennes, et assurait que le Nouveau Testament avait été à l'origine écrit en latin.
Selon l'historien Henri-Irénée Marrou[1], cette dérive hypercritique d'un érudit de valeur, est liée à l'opposition aux Jansénistes, qui s'appuyaient sur Augustin d'Hippone, ce qui l'amena à contester d'abord l'authenticité des textes des Pères de l'Église. L'historien Isaac-Joseph Berruyer vit son Histoire du peuple de Dieu condamnée pour y avoir suivi cette théorie.
Cette théorie a trouvé un héritier à l'heure actuelle dans le mathématicien russe Anatoly Timofeevich Fomenko, dont les conclusions, fondées sur des méthodes qui lui sont propres pour l'analyse textuelle statistique et les computs astronomiques, sont encore plus radicales[2], mais considérées comme pseudoscientifiques. (par qui ???)
Références
Voir A. Debacker, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus (1853).
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jean Hardouin » (voir la liste des auteurs)
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'Encyclopaedia Britannica, édition de 1911 (domaine public), à l'article Jean Hardouin
Notes
- De la connaissance historique Éd. du Seuil, coll. Points Histoire, 1975. p. 130-139 [1]
- Fomenko et les "récentistes"
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