- Jean Groix
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Jean-Yves Joseph Marie Groix, né le 27 janvier 1950 à Hennebont et mort le 27 janvier 1991, est un militant autonomiste breton.
Sommaire
Origines et engagement
Il est né dans une famille d'agriculteurs d'Hennebont. Il obtient le baccalauréat (mention bien) en 1968, échoue au concours d'entrée de l'école vétérinaire française l'année suivante et devient docteur vétérinaire en 1976 après des études en Belgique. Ce diplôme étranger n'est pas reconnu par l'ordre régional des vétérinaires quand il s'installe à Aigrefeuille-sur-Maine en 1981, après avoir été salarié dans le secteur. Ce conflit se termine en 1982, après une évolution juridique[1]. D'autres conflits suivent, avec différents objets.
Il devient entièrement bilingue français-breton, ce qui est plutôt rare pour quelqu'un de sa génération.
Il adhère à l'Union Démocratique Bretonne (UDB) et en devient secrétaire de la commission agriculture. Membre du comité fédéral de l'UDB du Morbihan, il est candidat de l'UDB aux législatives de mars 1978 dans la circonscription Hennebont - Le Faouët, où il obtient 1,89 % des voix. Il est également candidat de l'UDB aux élections cantonales françaises de 1985 à Aigrefeuille-sur-Maine en Loire-Atlantique où il obtient 8,52% des suffrages exprimés[2], ce qui constitue aujourd'hui encore le meilleur résultat électoral de l'UDB en Loire-Atlantique. Il est un moment question de l'inclure sur la liste conduite par Jacques Floch à Rezé aux élections municipales françaises de 1989 pendant lesquelles des membres de l'UDB sont élus dans l'agglomération nantaise; cela n'a pas lieu en raison de soucis de santé (il avait déjà été réformé pour le même motif).
L'affaire Groix
Le 29 novembre 1990, il est arrêté, suite à l'interpellation de trois militants basques espagnols en situation irrégulière, membres supposés d'ETA, à son cabinet (plus précisément dans les pièces au-dessus, qu'il possède). Les Basques se rendent sans résistance; ils détiennent deux pistolets, un pistolet-mitrailleur et des éléments pouvant participer à la fabrication d'explosifs; ces objets sont d'encombrement réduit. La presse parle d'"arsenal[3]" et de "cache d'armes[4]". L'UDB, mise en cause par la presse, et hostile depuis le retour de la démocratie en Espagne à un soutien logistique à la lutte armée de l'ETA, précise par l'intermédiaire de Michel François, conseiller municipal (nantais de 1989 à 2001 et herblinois depuis 2008) que "Jean Groix ne peut avoir agi qu'à titre personnel[5]". Le parti offre néanmoins plus tard de prendre en charge financièrement la défense de son militant. En 1992-1993, une centaine de bretons sont interrogés par la police pour l'hébergement supposé de clandestins membres d'ETA. Emgann et le Mouvement d'Insoumission Bretonne (Alan-Erwan Coraud) soutiennent Jean Groix et les basques[6].
Il est par la suite cité dans la presse dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement et le meurtre de la jeune Natacha Danais, 13 ans. Il habitait en face du domicile de l'adolescente et possédait une fourgonnette blanche similaire à celle que la sœur de Natacha pensait avoir vue. Après plusieurs jours de vérification, les enquêteurs dissocient les deux affaires. « L'amalgame subsiste » cependant[7]. La police a reconnu en 2004 la présence de Michel Fourniret et de sa compagne à Nantes à la même époque. Tous deux sont mis en examen dans ce dossier qui avait été refermé en 1993[8] . Michel Fourniret a reconnu l'enlèvement (avec son véhicule, une fourgonnette qui ressemblait à celle que possédait Jean Groix) et le meurtre de la fillette. Plusieurs fois reporté, leur procès s'est ouvert finalement devant la cour d'assises des Ardennes à Charleville-Mézières le 27 mars 2008. Michel Fourniret et son épouse ont été condamnés pour cela (et pour d'autres crimes similaires); ils n'ont pas fait appel du jugement prononcé le 28 mai 2008.
Jean Groix est mis en examen et placé en détention provisoire en région parisienne pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et aide au séjour irrégulier d'étrangers. Plusieurs personnes (dont Groix et les trois basques) sont placées en garde à vue 96 heures pendant lesquelles elles n'ont pas pu dormir (car fort éclairage et interrogatoire quasi continu). Il se suicide, selon les autorités, en prison le 27 janvier 1991. Le rapport d'autopsie n'a pas été communiqué à la famille qui l'avait pourtant demandé dans plusieurs courriers. Un des Basques meurt également en prison, d'un problème de santé.
A la suite de ce suicide, l'Union Démocratique Bretonne organisa une manifestation au cimetière de la Miséricorde à Nantes.
A l'occasion du procès de Michel Fourniret et de sa compagne , le quotidien français "Ouest-France" voit en lui "aussi une victime de Michel Fourniret[9]". Dans le quotidien belge "Le Soir" , Marc Metdepenningen affirme:"Jean Groix aurait mérité d’être publiquement réhabilité en audience", en déplorant que sa mémoire n'ait pas "été réhabilitée par la cour d’assises des Ardennes. Son nom a été brièvement évoqué. Son supposé suicide, en 1991, a été évoqué comme une anecdote de l’enquête menée sur la mort de la fillette de 13 ans mise à mort par Fourniret[10]". Le Peuple breton, journal de l'Union démocratique bretonne, a rendu hommage à Jean Groix dans ses numéros de mai[11] et juin 2008[12].
Bibliographie
- Lionel Henry et Annick Lagadec, FLB - ARB : L'Histoire 1966-2005 , Éditions Yoran Embanner, Fouesnant, 2006, Broché, 390 pages (ISBN 2-9521446-5-6),
- Erwan Chartier et Alain Cabon, Le Dossier FLB - Plongée chez les clandestins bretons, Éditions Coop Breizh, Spézet, novembre 2006.
Notes et références
- Presse-Océan le 16/04/1982 et le 01/12/1990, articles de Jean-Yves Picoron
- Ouest-France et Presse-Océan le 11/03/1985
- Ouest-France le 01/12/1990 page 25
- Ouest-France le 29/01/1991 page 9
- Presse-Océan" le 01/12/1990 page 6 "
- Ouest France le 04/12/1990 page 9
- Erwan Chartier et Alain Cabon,Le Dossier FLB - Plongée chez les clandestins bretons, Éditions Coop Breizh, Spézet, novembre 2006, pages 247 et 248
- Dépêche Associated Press, 15 mars 2006
- Ouest-France" , toutes éditions, page 4, mercredi 16 avril 2008 "
- Le Soir" , vendredi 18 avril 2008 "
- « brève », dans Le Peuple breton, no 532, mai 2008, p. 7 (ISSN 0707G86914) [texte intégral (page consultée le 8 novembre 2011)]
- Ronan Leprohon, « L’affaire Jean Groix », dans Le Peuple breton, no 533, juin 2008, p. 7 (ISSN 0707G86914) [texte intégral (page consultée le 8 novembre 2011)]
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